L'Ombre d'Alyia - Tome 1

Chapitre 6

-Je veux que tu travailles pour moi, Alyia.

Je ne pus m'empêcher de rire.

-Hors de question. Et tu le sais.

Il posa sur moi son regard bleu glacial.

-Rien ne t'attend dehors, rien ne t'attend auprès des rebelles Vessoryia.

-Évidemment, puisque tu te débarrasses de tous ceux qui s'opposent à toi ! vociférai-je, hors de moi.

-Tu peux me critiquer autant que tu le voudras, remettre en cause mon autorité et ma manière de régner sur ce monde, mais tu ne pourras pas nier la vérité.

-Quelle vérité ? De quoi tu parles ?

-Tu t'obstines à croire que les chefs de la résistance sont bons et pleins d'attention honorable, je suis navré de te dire que c'est faux.

Je fronçai les sourcils.

-Ils cherchent la paix, le contrai-je. À mettre fin à la tyrannie que tu as mise en place.

Il sourit, amusé.

-Tu m'as toujours dit que la fin ne justifiait pas les moyens, n'est-ce pas ?

Je ne répondis rien. Oui, j'avais dit ça, et je le croyais toujours.

-Les chefs de la résistance, les six, comme vous les appeler, ne semblent pas être de ton avis.

Il me détailla de haut en bas, puis secoua la tête.

-Ils n'ont jamais envisagé de venir vous prêter main forte, Alyia, dit-il d'une voix plus douce. Ton secteur était censé périr, au nom d'une cause plus grande.

Il me tendit une tablette tactile, fonctionnant avec la magie Vessoryia. Je la pris, confuse.

Les images qui défilaient sur l'écran étaient invraisemblables. Elles montraient le Palais de Justice, où prenait place la majorité des condamnation à mort pour sédition. Un lieu symbolique, et assez important pour que sa prise ébranle le pouvoir, ou l'image de Vareck.

-Cela s'est passé à 6h15 heures ce matin. Un quart d'heure après l'attaque d'Arsersa, m'apprit Vareck, qui guettait ma réaction. C'était une diversion, Alyia. Leur but n'a jamais été de prendre Arsersa, mais de créer une diversion leur permettant d'envoyer tout le reste de la résistance attaquer un haut lieu symboliquede mon pouvoir. Sa prise aurait affecté mon assise sur le monde, sans aucun doute.

Un sentiment aigu de trahison enflamma ma poitrine. Les paroles des six me revinrent alors avec brutalité. Ils avaient parlé d'espoir, de combat pour nos vies, de courage et de fraternité. Était-ce leur définition de la fraternité que d'envoyer des innocents mourir ? Leur cause valait-elle réellement toutes ces vies ? Je n'avais pas voulu prendre la tête de la résistance, peut-être n'avais-je pas le droit de les juger, moi qui étais incapable de prendre des décisions aussi extrêmes.

-Ils ont réussi ?

Malgré moi, malgré l'horreur de cette trahison, j'avais espoir que la résistance avait réussi.

-Oui, mais plus pour longtemps. Il y a eu beaucoup de morts. Dans les deux camps. Mais tu sais bien que personne ne résiste aux Faucheurs et à mon armée.

-Les six étaient présents ?

Je parlais des résistants, mais Vareck comprit ma question.