Chapitre 27

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[-Tu n'as rien trouvé pour te rafraichir ? fit une voix grave derrière moi.

C'était Vareck. Il m'avait cherché, décidément, il n'y avait aucune confiance entre nous. J'allais devoir redoubler de vigilance. Il était bien trop malin et bien trop dangereux. Grand dieu, s'il savait que je venais de donner rendez-vous à Valion, un homme qu'il semblait détester.

-Le champagne n'était pas à mon gout, lui dis-je avec un sourire navré.

-Quel dommage]

Ses yeux me transpercèrent. Il ne me croyait pas. Faites qu'il n'ait rien vu de mon petit manège. Il n'ajouta rien, et sans un mot, je m'empressais de prendre son bras. Mon geste du lui paraitre un peu trop empressé, car il haussa un sourcil, surpris.

-Alyia Senestra, quelle joie de vous revoir ! s'exclama une voix d'homme, interrompant la gêne qui commençait à naître entre nous.

Refael Veritius s'avança vers nous, tout sourire. Ses yeux marrons brillaient chaudement. Trop chaudement à mon gout.

-Seigneur Vareck, dit-il en s'inclinant légèrement.

-Refael, répondit Vareck en hocha brièvement la tête.

-Je ne peux pas dire que la joie est partagée, me contentai-je de dire en guise de salut, mais je suis heureuse de constater que ma personne vous met de si bonne humeur.

Il avait été le seul à ne pas montrer de dégout à mon égard, mais je le soupçonnais de savoir très bien cacher ses sentiments véritables. Il n'était pas le droit bras de Vareck pour rien. Et c'était un bon 6, qui plus est, donc un adversaire redoutable.

Autre source de surprise pour moi, je n'y avais plus tellement pensé depuis ce fameux jour dans cette vieille maison, mais tout le monde portait les au tempe les puces Vessoryias que Vareck avait rendues obligatoires. Blanches pour les humains, noires pour les Vessoryais. Seul Vareck n'en portait pas, mais son pouvoir n'était inconnu de personne. En revanche, j'étais prête a parier que mis à part le niveau de leur pouvoir, les puces des hauts dignitaires ne contenaient aucune autre information sur eux. Ma surprise ne fut que plus grande lorsque je me rendis compte que Vareck ne m'avait toujours pas fait installer la puce. Et ce n'était pas moi qui allais lui rappeler. Mais je n'étais pas stupide, si je n'en portais pas, c'était pour une bonne raison, bien que je l'ignorais. Si Vareck voulait quelque chose, je ne pourrais rien faire pour m'opposer à lui.

Cette constatation, celle des implants, me plongea momentanément dans une vague de tristesse. Et dire qu'il y a quelques jours, c'était pour cette raison que la Résistance avait passé à l'étape supérieure. Devant cette restriction supplémentaire de nos libertés, j'avais senti ma colère grandir en même temps que ma peur. À présent, j'avais presque oublié cette annonce, trop engluée dans mes petits problèmes personnels. Pourtant, dehors, les gens continuaient de souffrir, et les résistants à avoir plus de mal à se cacher.

Peut-être que Vivi n'avait pas tort. Un pied dans les deux camps, avait-elle dit, sous-entendant ma traitrise et en même temps ma position confortable dans cette guerre. Vareck ne me tuerait pas. Et sauf erreur de ma part, je doutais que la résistance ne me fasse le moindre mal.

-Vous voir est toujours rafraichissant, mademoiselle Senestra, répondit chaudement Refael.

Je notais pour la première fois un léger accent italien dans sa voix. J'oubliais parfois que ma propre famille, bien que française, avait eu des racines italiennes. Mais tout ceci ne comptait plus, à présent, ni les pays ni les langues. Il y avait seulement les humains et les Vessoryias. Plus de frontières. Rien que Vareck, son armée et ses hauts dignitaires.

L'Ombre d'Alyia - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant