Chapitre 29 : Terrain instable

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Je ne sais pas quel est l'idiot qui, un jour, a dit « La parole est d'argent mais le silence est d'or » mais si je l'attrape, il risque très fortement de passer un mauvais moment... Le silence est d'or... Le silence est suffoquant, oui !



Avec Henry, nous marchons depuis presque vingt minutes sur le petit chemin qui doit nous amener au lac, et ma gorge est toujours aussi sèche. Je n'en reviens pas du comportement de ma tante. C'est scandaleux. Elle qui a passé ces dernières années à me façonner pour être la Politesse et la Justesse incarnée, alors qu'à la moindre contrariété, ma tante se transforme en petite mégère irrespectueuse ?! Est-ce que c'est digne d'une Peverell, ça ?! Je ne crois pas...



- Vous marmonnez, Charlotte...



La voix amusée d'Henry me fait sursauter, et je me retourne vers lui, un air interrogateur sans doute coincé entre mes deux sourcils.



- Je ne marmonne pas, me défendis-je.


- Si ! insiste-t-il en souriant de plus belle.


- Non, je ne marmonne pas, répondis-je en baissant la voix, remuant à peine les lèvres.



Mes épaules s'abaissent lourdement et les yeux d'Henry se mettent à pétiller.



- D'accord, peut-être que je marmonne un petit peu, avoué-je en reprenant la marche. Mais je ne le fais pas souvent ! précisé-je avec précipitation en lui jetant un coup d'œil par dessus mon épaule.



Sa main glisse contre la mienne, et ses doigts s'entremêlent aux miens, m'électrisant alors tout le bras. Je sens mon cœur battre de plus belle, et mes joues arborent de nouveau la couleur rosée qui me sied si bien.



- Rougissez-vous toujours autant ? me demande soudainement Henry alors qu'il vient poser mon bras sous le sien pour m'escorter jusqu'à la digue du lac, là où quelques castors viennent de créer un nouveau barrage.


- Vous n'êtes pas censé me le faire remarquer ! m'exclamé-je, la bouche ouverte, les yeux écarquillés et bien évidemment, les joues aussi écarlates que mes couleurs à Poudlard. C'est fort grossier de votre part !


- En quoi est-ce grossier de constater que...



Sa voix s'éteint un moment alors que mes yeux sont toujours aussi écarquillés de stupeur devant tant d'honnêteté et de spontanéité. En même temps, il s'agit de Henry Potter ! A quoi aurais-je dû m'attendre ?!



- ... je ne vous laisse pas si indifférente, termine-t-il en laissant ses yeux s'aventurer sur nos doigts enlacés, avant de remonter le long de mon bras pour longer mon épaule, mon cou et finir par se poser sans la moindre gène sur ma bouche, à moitié entrouverte tant j'ai l'impression que je vais me noyer dans l'océan de ces yeux.

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