Chapitre 31 : Visite impromptue

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De ce malaise, j'ai mis deux jours à m'en remettre... Deux jours que je ne suis pas sortie de ma chambre. Deux jours à rester assise en tailleur sur mon lit, les yeux dans le vague. Je ne sens plus mon cœur dans ma poitrine... je crois qu'il s'est réellement arrêté de battre, sonnant ainsi ma mort prématuré.

- Charlotte, tu dois manger...

La voix de Minerva résonne doucement dans la pièce mais n'arrive pas à me faire réagir. Depuis combien de temps est-elle là, déjà ? Elisabeth lui a envoyé un hibou en urgence le soir de mon malaise. Le soir où j'ai compris qu'Henry était avec Olivia... le soir où je suis morte de honte, dévorée par une passion incandescente et incontrôlable. Au final, ma tante avait raison. Les Potter ne sont absolument pas ceux qu'ils prétendent être.

- Charlotte...

Sa voix est lointaine, et je sens le matelas s'affaisser à côté de moi. Ma meilleure amie me tend une tasse de bouillon que j'écarte d'un geste de la main. Je n'ai pas faim.

- Cela fait deux jours que tu n'as rien avalé, me précise-t-elle en fronçant ses sourcils. Tu es cernée jusqu'au menton, et tes joues sont aussi creuses que des bougeoirs.

- Que veux-tu que cela me fasse ?

Je l'entends soupirer grossièrement et la tasse de bouillon se retrouve en équilibre sur le coin de ma commode. Face à moi, Minerva McGonagall est menaçante... ses yeux verts sont plissées en deux petites fentes, et ses poings sont sur ses hanches. Elle prend une grande inspiration. Une grande inspiration avant la déferlante.

- Charlotte Peverell tu as intérêt à te lever, à aller te doucher et à t'habiller ! Je ne te reconnais plus... Où est la jeune fille battante que je connais depuis toutes ces années ? Celle qui ordonne en un regard, et qui réconforte en un sourire ? Celle qui est aussi belle qu'un jour d'été et aussi lumineuse qu'un matin de Noël ?

- Elle n'a jamais existé, laissé-je échapper en un murmure rauque.

- CA SUFFIT ! s'exclame-t-elle en me frappant l'épaule. Je n'aime pas être autoritaire avec toi, mais tu ne me laisses plus le choix !

Ses doigts se referment sur mon poignet et en un seul geste, elle réussit à me faire sortir de mon lit ce qui m'étonne. Quelle poigne !

- Arrête, lui dis-je alors qu'elle me pousse, ou plutôt me traine, derrière elle jusque dans la salle de bain.

- Arrête de pleurnicher ! râle Minerva en claquant la porte de la salle de bain. On dirait une vieille mégère qui n'a rien pour elle.

J'ai à peine le temps de me retourner pour l'assassiner des yeux qu'elle réussit à m'extirper de ma robe de chambre et de ma nuisette d'un coup de baguette bien précis.

- Les gros yeux cela ne marchent pas avec moi, me dit-elle en me poussant dans la baignoire alors qu'Eudoxy termine de faire couler le bain.

- Comment oses-tu ? marmonné-je, complètement buttée en sentant l'eau m'aspirer presque entièrement.

- Je suis ta meilleure amie, me répond-elle simplement en arquant un sourcil. C'est mon rôle de t'aider à conserver une certaine décence, même dans les moments les plus pénibles !

J'ai envie de hurler... de hurler sur Minerva ! De hurler sur Eudoxy ! Sur ma tante, sur Henry... sur Olivia ! Et la seconde d'après, ma tête est entièrement enfouit sous l'eau là où mes cordes vocales peuvent libérer toute leur puissance. Quelques bulles remontent à la surface pour exploser, et je dois bien rester sous l'eau pendant au moins... au moins une éternité si ce n'est plus... à hurler et pleurer tout ce que je ne peux pas évacuer depuis deux jours. Depuis des mois, depuis des années à dire vraie. Lorsque je remonte à la surface, je n'ai plus de voix. Et plus rien à évacuer et partager aussi...

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