Chapitre 49 : Plus que de raison

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Je soupire, et déglutit doucement. le regard toujours accroché au plafond, je ramène mes bras sur mon ventre, décomptant de 10 à 0, par crainte de fondre de nouveau en larmes. Je fini par me relever, agitant ma baguette pour ordonner la chambre et ranger mes affaires dans ma malle. Demain, à cette heure-ci, je serais déjà en Ecosse au près de Minerva... lui raconterai-je ce que j'ai découvert sur Henry ? Sans doute pas... ou peut-être que si... il y a tellement de choses que j'aimerais lui raconter. Je referme la porte derrière moi, et rejoint le salon. Parcourant du regard les livres anciens d'Henry, mon regard s'arrête sur un en particulier Les hauts de Hurlevant d'Ellis Bell. Me sourcils se froncent. Sans doute un livre moldu. Je m'en saisis, et l'ouvre timidement sur la préface, surprise de réaliser qu'Ellis Bell, en plus d'être moldu, est en réalité une femme du nom d'Emily Brontë... une femme écrivain. Ces moldus ont décidément de drôles d'idées ! Par curiosité, je lis quelques passages, et celui de la page 183 est détonnant...

- « C'est un voyage pénible, et j'ai le coeur bien triste pour l'entreprendre; et puis, il faut passer par le cimetière de Gimmerton, dans le trajet ! Nous avons souvent bravé ensemble ses revenants et nous nous sommes défiés l'un l'autre de rester au milieu des tombes et de les sommer d'apparaître. Mais, Heathcliff, si je vous en défie maintenant, vous y hasarderez-vous ? Si vous l'osez, je vous garderai avec moi. Je ne veux pas demeurer là toute seule. On peut m'enterrer à douze pieds de profondeur et abattre l'église sur moi, je n'aurai pas de repos que vous ne soyez avec moi. Non, jamais ! » lue-je d'une petite voix, en prenant place sur le fauteuil chocolat près de la cheminée éteinte.

Je reviens au premier chapitre, et commence ma lecture, plus par curiosité que par envie, je dois bien l'admettre, mais très rapidement, les pages défilent et je me laisse transporter par les personnages principaux du roman. Par cette Catherine, douce et ambitieuse, par son frère Hindley, d'une jalousie maladive, et d'Heathcliff bafoué par la vie. Les passages m'attirent aux suivants, et je n'entends même pas la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer dans un claquement assez bruyant. Ce n'est qu'un souffle brulant contre ma nuque qui me sort de ce roman palpitant ô combien triste.

Surprise, je lâche le livre sur la table basse, et je me relève précipitamment du fauteuil, mon regard tombant dans l'océan bleu des yeux d'Henry, et mon sourire se fige sur mes lèvres. Il s'excuse de m'avoir fait peur, et me demande si tout se passe bien. Je n'arrive pas à lui répondre... tétanisée. Paralysée de terreur, d'émoi, comme l'été dernier... comme lorsque je ne le connaissais pas.

Il arque un sourcil, et esquisse un petit sourire étonné, avant de se pencher pour ramasser le livre. Son pouce rugueux glisse sur la couverture, il en murmure le titre avant que ses yeux bleus ne s'accrochent de nouveau aux miens. Je ne peux toujours pas bouger... je le revois jeune. Détruit. Anéanti. Malheureux. Et mon cœur se serre. Il se serre comme jamais il ne s'est serré.

- Charlotte, tout se passe bien ? me demande-t-il, inquiet, en caressant mon bras nu de ses doigts hésitants.

Je frissonne et me jette dans ses bras. Je m'encastre dans son torse, essayant par tous les moyens de me blottir au maximum contre lui. Mes bras entourent son cou, et je plonge mon visage contre sa gorge chaude, là où son parfum d'aiguilles de sapin s'associe au mien, à la lavande. Son cœur loupe un battement contre le mien, puis ses bras s'enroulent autour de mon buste pour me maintenir contre lui. Je le devine stupéfait de me voir réagir ainsi, mais il ne me dit rien. Rien du tout, s'empressant simplement de m'étreindre contre lui. Sa bouche embrasse ma tempe, me redemandant si tout se passe bien, d'une voix plus grave, plus angoissée.

- Tout va bien, Henry, le rassuré-je, mes lèvres contre sa peau. C'est simplement que... vous m'avez manqué...

- Tant que ça, plaisante-t-il, en laissant ses mains caresser mon dos et mes épaules.

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