Chapitre 23 : A l'abri des regards indiscrets

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Jamais de ma vie entière, vingt minutes ne m'avaient paru aussi long... Vingt minutes !Vingt longues et cruelles minutes où j'ai dû faire des sourires et des révérences à toute une batterie de gourgandines -amies- de ma tante qui pensaient plus à comparer leurs robes et leurs coiffures avec les miennes qu'à me parler réellement. Vingt affreuses minutes à attendre que ma tante soit trop occupé avec Callidora Black, pour enfin m'éclipser dans le petit verger, retrouvant ainsi un peu de calme et du temps pour lire le message qu'Henry m'avait laissé plus tôt dans la soirée.



A présent que je suis assise sur le banc sous le pommier, certains souvenirs me rattrapent et le morceau de parchemin est toujours plié entre mes doigts hésitants. Je détourne quelques instants le regard pour me voir, un an plus tôt, avec ma robe rose pâle et ma fâcheuse tendance à rougir pour un oui ou pour un non, avec Henry à lui donner la permission pour qu'il revienne me voir... Cela ne fait qu'un an, et je me rends compte qu'en douze mois les choses ont évolué grandement. Mais pas autant que je l'aurais souhaité... A commencer par un baiser pour nos retrouvailles, ce qui m'aurait comblé de bonheur... Sauf que cela n'a pu se passer ainsi...



Au loin, la musique retentit dans le jardin, s'échappant des grandes fenêtres ouvertes de la salle de réception, et c'est le coeur battant que j'ouvre le bout de parchemin. Immédiatement, je reconnais l'écriture de Henry...



« Retrouvez-moi à minuit, là où tout a commencé... »



Mes yeux s'écarquillent et ma respiration siffle dans ma poitrine. Je relis cette unique phrase au moins une bonne douzaine de fois avant de réaliser que... que je ne sais pas tout a commencé !




***



A peine j'arrive dans le grand salon, près du piano que mes yeux s'accrochent à la grande pendule centrale. Il est 22h30... soit encore une heure et demie à attendre avant de m'éclipser vers... vers cet endroit que je ne connais pas.



- Tu m'as l'air bien pensive, Charlotte ? me dit Minerva en me tendant un petit muffin salé que j'avale tout rond devant son regard amusé, puis je m'empresse de lui montrer le papier, alors que nous nous mettons dans un coin de la pièce.



Ses yeux stricts passent en une demie seconde sur la phrase et ils se relèvent vers moi, interrogateurs.



- Ne me dis pas que tu ne sais pas de quel lieu parle cet homme ? me lance-t-elle, mi-amusée mi-agacée.


- Eh bien dis-le-moi puisque tu es si maline ! rétorqué-je, irritée.



Un sourire danse sur sa bouche avant qu'elle ne se penche vers mon oreille pour me murmure à l'oreille une phrase qui me comprendre à quel point je suis stupide.

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