Chapitre 20 : L'odeur des sentiments

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La lettre de Henry, ou tout du moins son exigence, me hante depuis déjà trois jours, et je m'attends à le voir arriver, ou certains de ses collègues Aurors, à Poudlard pour réajuster le tir avec Aro, ce qui m'aurait horriblement gênée. Je ne suis absolument pas fière de ce qui s'est passé avec lui, la dernière fois que nous nous sommes vus.

Son baiser forcé m'a refroidie au plus haut point et j'ai eu droit à un joli bleu sur l'omoplate droite, comme pour me rappeler l'humiliation cuisante que m'a fait subir ce sorcier. Et je n'ai osé en parler à personne. Sauf à Minerva bien sûr qui a été scandalisée d'apprendre ce qui s'était passé. Elle m'a rassurée en me disant que ce n'était pas grave, en soi, que j'avais très bien réagi et que ce n'était absolument pas de ma faute ce qui s'était produit. Chose que j'entends parfaitement, mais que j'ai du mal à assimiler.

Pourquoi ai-je tant l'impression d'être coupable ?

Et maintenant, Henry a mis le doigt sur le seul détail qu'il n'aurait jamais dû apprendre, et tout ceci en raison de ma précipitation. Je lui ai dit que je l'aimais... mais ma révélation sur le comportement impulsif de Aro a volé la vedette à ma déclaration.

Mais comment puis-je en vouloir à Henry ? J'ai au moins la preuve, indirecte certes, mais nettement présente, de son attachement à mon égard. Ou bien n'importe quel gentleman aurait eu cette réaction ?

Je ne sais pas, je ne sais plus... et pourtant je suis assise sur mon bureau face à la lettre que je dois écrire, où seul le nom de Henry est écrit de ma plume, légèrement tremblante.

Le parfum de Minerva vient m'enivrer et elle pose sa main sur mon épaule pour me donner du courage.

– Dis-lui la vérité, Charlotte, me conseille-t-elle. Tu seras d'autant plus soulagée de pouvoir en parler à quelqu'un d'autre qu'à moi... et puis, je pense que Henry Potter ne va pas éternellement attendre ta réponse. Au contraire, me précise-t-elle, gravement. Ton silence doit lui être insupportable ! Peut-être s'imagine-t-il le pire...

– Sans doute, murmuré-je.

Il me manque. Plus que jamais... je regrette son absence. Jamais tout ceci ne se serait produit s'il avait été à mes côtés. Mais je ne peux lui en toucher quelques mots sans le culpabiliser sévèrement.

Je soupire doucement et laisse ma plume glisser sur mon parchemin, dessinant des lettres, formant des mots, constituant des phrases.

J'explique tout à Henry. Tout ce qui se passe depuis que nous nous sommes quittés en Août dernier. De l'insistance de Aro à la sortie à Pré-au-Lard, à son attitude au mariage d'Elisabeth, jusqu'à toutes ces fois où sa main a serré un peu trop fort mon poignet. Puis je lui parle de ses accès de colère, pour terminer par ce qui s'est passé il y a une dizaine de jours. Par ce petit baiser amer qui m'a donné envie de vomir, loin, tellement loin, de la chaleur et de la douceur de ceux de Henry.

Mes mots sont justes, et restent généraux, sans rentrer dans les détails. Mon cœur ne le supporterait pas, et le sien non plus. Je ne dramatise pas ce qui s'est passé entre Aro et moi, mais je ne les minimise pas non plus.

Dans le second paragraphe, je demande à Henry de ne plus me parler de ces évènements, qu'ils n'ont aucune importance pour moi, et que je me sens plus légère, plus sereine de lui en avoir parlé, regrettant de ne rien avoir dévoilé avant. Je l'implore de ne pas m'en tenir rigueur et de ne pas ébruiter ce que je lui confesse, certaine que cela pourrait dégénérer en commérage.

Je termine cette lettre en lui disant qu'il reste à peine cinq semaines avant les grandes vacances d'été et que je les attends avec impatience...

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