Chapitre 35 : La malade imaginaire

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L'assiette de mon petit déjeuner, remplis de fruits rouges et d'œufs brouillés avec des tranches de bacon, ne m'a jamais paru aussi fade. Et pour cause... Ma tante a décrété que ma leçon de piano durerait seulement une heure au lieu de deux. Si seulement il n'y avait que cela, j'aurais pu le prendre plus légèrement mais il s'est avéré, qu'une fois de plus, elle s'est exclamé de la tranquillité de la maison depuis que le courrier n'arrivait plus à toute heure du jour et de la nuit. Sous-entendu, Henry et ses lettres intempestifs devaient la fatiguer grandement. Pour ce qu'elle en faisait de ces lettres...

Je lève les yeux au ciel, et demande à Eudoxy de monter les lettres de Gringott's dans ma chambre. Visiblement, devant ma tristesse des derniers jours, ma tante à jugé bon de me donner le courrier concernant Godric's Hollow, s'excusant de son oubli pour avoir omis de mes les transmettre il y a quelques jours. Bien bien... menteuse en plus... je ne l'imaginais pas comme ça. Je suis déçue.

Du bout de ma fourchette je picore mollement mes framboises, et mon esprit vagabonde dans ma chambre, sous mon oreiller, là où les parchemins d'Henry de la veille sont attachés d'un ruban en soie, et une jolie couleur rose s'étale sur mes joues. Je n'arrive pas encore à croire ce qui s'est passé hier soir... Je pense que j'ai dû tomber sur la tête. Ou qu'Henry était ivre. Je ne vois pas d'autres excuse. Son histoire d'atterrir dans mon lit me fait bouillir les entrailles d'envies.

- Qu'est ce qui vous fait sourire ? me lance ma tante, en arrivant pour prendre son thé.

- Rien, répondis-je en haussant les épaules essayant de ne pas penser aux sous-entendus d'Henry.

- Vous m'avez l'air pensive, Charlotte... bien trop pensive, me dit-elle d'un ton accusateur.

- Non, mentis-je en me levant de table.

Je m'apprête à quitter la salle à manger lorsque ma tante me demande de rester quelques minutes. Mon coeur s'arrête de battre, et je me retourne vers elle, la mine un peu trop coupable à mon humble avis. Peut-elle lire dans ma tête ? Bien sur que non, détend-toi Charlotte...

- Que se passe-t-il ? demandé-je à ma tante.

- Un paquet est arrivé ce matin pour vous, m'explique-t-elle en me montrant une énorme boite, recouverte d'un papier blanc cassé, et d'un noeud brillant, posé sur le buffet de l'entrée.

Je fronce les sourcils. Qui peut-bien m'envoyer un paquet ?

- De qui est-ce ? questionné-je, étonné en m'emparant du paquet pour le ramener dans la salle à manger, et le poser sur la longue table en acajou.

- D'un certain Mr King, m'indique ma tante en me tendant un petit carton vert anis.

Mr King ? Inconnu au bataillon comme disait mon père... Mais... pourquoi ce carton est-il en possession de ma tante ? Je m'empresse de lui faire cette demande, le visage fermé et interdit. Ses sourcils s'arquent légèrement et son nez se plisse.

- La curiosité sans doute, s'excuse-t-elle en me tendant le petit carton.

- Je croyais que c'était un vilain défaut, souligné-je, la voix cassante.

- Le mensonge est vilain défait, me lance-t-elle de ses lèvres pincés.

Nos regards s'affrontent. Feu contre Feu. Et nos traits sont tendus.

- Ouvrez-le, m'indique-t-elle alors que mes yeux se tournent vers le petit mot rédigé à la va-vite sur le carton.

Et là... mon coeur se serre violemment dans ma poitrine car cette écriture, je la reconnaîtrais entre mille. Cette écriture est celle d'Henry.

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