Chapitre 59 : Tante et nièce

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Samedi 2 septembre, on y était.

La veille de mon départ pour Poudlard. Le dernier jour où je revois Henry avant... dix mois, au pire ; trois mois et demi au mieux ; même si je savais, au fond de moi, que je ne le reverrais que dans sept mois... après sa mission en Estonie, lorsque je reviendrais pour les vacances d'hiver, en mars.

Mars... cela me paraît tellement loin. J'ai le temps de vivre 1001 aventures inintéressantes à l'école, et lui... 1001 aventures dangereuses et cauchemardesques. Ou 1001 aventures romantiques avec de belles jeunes filles de l'Est.

Cette simple pensée me meurtri le cœur mais je décide de ne pas y accorder d'avantage de temps. Je sais que Henry m'aime... et je veux sincèrement croire en cet amour, en cette fidélité et ce secret qui nous lie depuis déjà deux semaines.

Il le faut ! Absolument... et c'est ce que je me répète en regardant ma malle déjà faite, installée au pied de mon lit, attendant patiemment d'être emmené jusqu'au Poudlard Express, puis jusqu'à Poudlard. Toutes mes affaires sont prêtes, alors qu'il n'est même pas dix heures du matin. Cela n'a rien avoir avec l'impatience et l'euphorie de retourner à l'école pour cette dernière année... ni même avec l'angoisse de réussir mes ASPIC... non. Ce sont juste des minutes précieuses d'économisées pour passer plus de temps avec Henry aujourd'hui. Il n'y a rien d'autre... rien d'autre que cette volonté d'économiser du temps.

Toc ! Toc !

Assise à ma coiffeuse, je tourne la tête vers ma porte avant d'indiquer que l'entrée est libre. Là, sur le seuil, ma tante est habillée d'une jolie robe estivale, dentelée sur toute la longueur des manches. Fermée au col par de gros boutons en velours ocre, son port de tête paraît encore plus royale qu'à son habitude. Ses grands yeux bruns se posent sur ma malle, ainsi que sur quelques sac en tissus, tous bien fermés, entreposés sur le parquet.

- Oui ? lancé-je à ma tante en suivant son regard.

- Je voulais m'assurer que vous n'aviez rien oublié, Charlotte.

- Je n'ai rien oublié, murmuré-je d'une voix monotone en attrapant ma brosse à cheveux.

Les pas légers de ma tante se rapprochent de moi, puis, sa main se saisit de ma brosse et elle me démêle les cheveux de manière sec et rapide, sans même m'avoir demandé mon autorisation.

Dans le miroir, face à nous, je vois ses lèvres pincées remuer légèrement. Ses yeux sont fixés sur mes cheveux, puis, habilement, elle les natte pour les enrouler telle une couronne de fleurs au-dessus de ma tête. Toujours dans un silence assourdissant, elle attrape quelques pinces à chignon, recouvertes de jolies petites marguerites, et les glisse dans ma coiffure, rappelant alors les rubans jaunes et verts qui s'échappent de ma robe en dentelle crème, au niveau de la taille et de mes poignets.

- Merci, murmuré-je, gênée alors que ma tante continue de m'ignorer.

Du moins, autant que faire se peut, car elle continue de me coiffer avec minutie, comme si elle cherchait à renouer le contact sans le vouloir réellement ce qui m'exaspère.

- Pourquoi vous ne me dites pas les choses, tante Arletha ? demandé-je, prudemment alors qu'elle me fait lever pour resserrer mon corset sous ma robe. Pour une fois que je suis disposée à vous écoutez... allez y.

D'un geste autoritaire, et sans me parler, elle me faire retirer ma robe, et me positionne les mains à plat sur le bureau. Lorsqu'elle se saisit des premières lanières de mon corset et qu'elle tire brutalement dessus, me coupant le souffle, je réalise que je vais, de nouveau, passer un mauvais quart d'heures.

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