Chapitre 54 : Les mots de Minerva

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Face à moi, les yeux en amande de Minerva me dévisagent, et je déglutis difficilement. Je venais de passer près de dix minutes à lui raconter ma soirée au Peeks, et hormis souffler comme un bœuf elle n'avait pas fait grand chose. Du moins jusqu'à maintenant... jusqu'au moment où je lui avais dit qu'Henry et moi étions tombés sur ma tante et son père, occupés à se remémorer de mauvais -ou bons peut-être- souvenirs de leur adolescence...

- Ta tante et son père, murmura-t-elle, scandalisée. C'est... ma foi, c'est original.

- Original ? répété-je, en m'asseyant en tailleur sur son lit. Je ne trouve pas cela original, je trouve cela...

Je soupire avant de reprendre, agacée.

- Est-ce que tu te rends compte que ma tante a eu une liaison pendant des années avec Mr Potter alors qu'elle était fiancée, puis mariée à mon oncle. Comment a-t-elle pu faire une chose aussi...horrible ?! C'est inconvenant. Cela aurait pu mettre toute ma famille dans le désarroi le plus total et aujourd'hui, elle se permet de me faire la leçon ?

- Elle était amoureuse, Charlotte, me coupe Minerva en se levant pour aller fermer les volets en bois.

- Elle était fiancée puis mariée ! Mariée, répété-je comme si Minerva ne comprenait pas le sens de ce mot. Tu devrais savoir ce que cela signifie... ton père est Pasteur, par Merlin.

Elle esquissa une moue moqueuse avant de darder son regard vert sur mon visage.

- Tu as un sacré culot, tout de même, tu le sais ça ?

- Je te demande pardon ? m'offusqué-je.

- Tu as très bien entendu... tu te permets de juger ta tante alors que tu es exactement comme elle.

- Bien sûr que non !

- Bien sûr que si ! Tu aurais arrêté de fréquenter Henry si, finalement, ton oncle t'aurait fiancé à Greengrasse ? Tu aurais arrêté de l'aimer, de le chérir ? Est-ce que tu aurais arrêté, ne serait-ce que de lui écrire ?

Ses questions me fouettent le visage, me rendant complètement muette. À plusieurs reprises, je tente de répondre mais les mots me manquent, et je fini par détourner le visage, les joues écarlates.

- Ça n'a rien à voir...

- Vraiment ? se moque Minerva. Ça ne répond pas à ma question... je sais ce que le mot « mariage » signifie et je sais surtout ce qu'il engendre comme conséquence. Imagine... imagine juste à quel point ta tante devait aimer le père d'Henry pour lui ouvrir son lit, pour tromper ton oncle ? Imagine à quel point elle a dû être brisé quand l'amour de sa vie lui a été enlevé.

- Ça ne tiens pas debout ce que tu dis ! m'agacé-je. C'est elle qui a choisi d'épouser mon oncle. Et le père d'Henry est rentré six semaines après et a retrouvé la femme qu'il aimait mariée à un autre. Moi, jamais je n'aurais fait ça à Henry... je préférerais finir au fond du Lac Noir !

- Tu es d'un romantisme absurde, Charlotte ! s'irrite Minerva en se glissant dans les draps.

- Et toi d'un réalisme à faire peur... tu ne comprends même pas ce que je dis.

D'un coup de baguette, elle éteint la lumière de sa chambre, nous plongeant dans un noir presque total malgré les faibles rayons de la lune, et elle me somme d'aller me mettre au lit, me signalant ainsi que la conversation est terminée. Je suis profondément outrée par son attitude.

- Je n'en reviens pas de ta réaction, marmonné-je en retirant ma robe, et en me couchant près d'elle sans même avoir retiré mes sous-vêtements pour passer une nuisette.

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