Chapitre 72 : Pré-au-lard

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Henry Potter...

Je crois que je n'ai toujours pas respiré. Ni même ciller des yeux. C'est trop beau pour être vrai.

- Bonjour...

Sa voix, grave, ronde, sûre de lui, me fait l'effet d'une douche. Une douche bien froide. Le genre qui me fait sortir de ma léthargie. Le genre qu'on adore prendre quand il fait bien chaud, l'été.

- Bonjour...

La mienne, de voix, n'est qu'un léger murmure, et je sens le rose envahir mes joues. Je... je ne sais pas quoi faire, quoi dire d'autre.

Le brouhaha autour de nous ne cesse de s'intensifier. J'entends des portes qui claquent, des verres qui trinquent, des éclats de rires, et pourtant, là, entre ses bras, alors que ses mains se croisent dans mon dos pour me rapprocher de lui – au point que ma poitrine effleure son torse – j'ai l'impression que le temps s'est arrêté.

Sur son visage, un sourire amusé – teinté de sa légendaire insolence – se dessine délicatement. Ses traits sont tirés, épuisés sans doute par ses missions en Sibérie, et ses cheveux sont coupés bien plus court que cet été. Ses épaisses boucles de jais que j'adore caresser lorsqu'il m'embrasse passionnément n'existent presque plus. Seuls quelques irréductibles épis persistent à l'arrière de son crâne et sur le dessus de sa tête. Ses yeux, eux, arborent toujours cette couleur bleue polaire que j'aime tant. C'est un regard d'acier, dur, mais qui se nuance en une infinie tendresse lorsqu'il se rive au mien. Pour moi, il n'en existe pas de plus beau.

Contre ma poitrine, je peux sentir son torse se gonfler au rythme de sa respiration, se pressant alors doucement contre mes seins à chacune de ses inspirations. Je le soupçonne, d'ailleurs, de prendre de trop grande inspiration afin que nos corps puissent s'unir en un second point de contact, autre que ses mains croisées au bas de mon dos, dont ses pouces caressent fébrilement le tissu de mon chemisier.

Nos regards sont rivés l'un dans l'autre. Il ne se lâche pas. Ne serait-ce qu'une seule seconde même.

Par la puissante Médée, qu'est ce que j'ai envie de l'embrasser ! Là, tout de suite. Et ô diable toutes ces personnes qui nous entourent.

- Eh bien, Miss Peverell, auriez vous perdu votre langue ?

Je cligne des yeux, ma bulle – notre bulle – percée par cette voix que je crois reconnaître.

Lorsque je tourne la tête à gauche, je ne suis pas vraiment surprise de trouver Elliott Habermann, le meilleur ami et collègue de Henry.

Lui aussi à les traits tirés et les cheveux beaucoup plus court – presque rasés sur les côtés – que dans mes souvenirs.

Ils portent tous deux la tenue noire réglementaire des Aurors, celle qu'ils portent lorsqu'ils sont en service. Une cape noire fourrée nouée autour de leur cou, des bottes crottés jusqu'aux cheville, les cheveux parsemés d'une multitude de flocons de neige, les joues rougies par le vent... autant de détails qui me font dire qu'ils trainent dehors depuis un long moment. Mais que font-ils donc ici ?!

- Quelle agréable surprise que de vous trouver ici, me dit-il, taquin alors que je hoche vaguement de la tête. N'est-ce pas, Henry ? Pas vrai, que c'est une surprise ? insiste-t-il.

J'avais presque oublié à quel point Elliott Habermann pouvait se montrer asticoteur. Un vrai boute-en-train.

Je délaisse la mine malicieuse de Habermann pour me tourner de nouveau vers Henry. Son sourire enjôleur est toujours présent et son regard ne cesse de faire des aller-retours entre mes yeux et ma bouche. Ou ma bouche et ma poitrine, au choix. Les souvenirs de nos derniers messages à travers la boite à échange me reviennent alors en mémoire. Et l'envie de me retrouver tout contre lui – nue – se transforme en une boule de frisson qui remonte ma colonne vertébrale. Je veux l'embrasser. J'ai en besoin. Il m'a tellement manqué...

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