Chapitre 67 : A bord du Poudlard Express

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Ce matin là, en quittant les écuries pour rentrer au manoir, je me sens vide. Vide et épuisée.

Accompagnée des premières lueurs du soleil, je pénètre dans le hall d'entrée, et grimpe les escaliers sur la pointe des pieds, têtes baissée, les mains recroquevillées sur mon buste, mains posées sur mes frêles épaules. Je serre le tissu en soie, complètement poussiéreux, de mon kimono contre mon corps, et tente de disparaître derrières mes longs cheveux châtains.

Je n'avais jamais fais attention avant ce jour, mais il est vrai que sans ma cape, je me sens toute nue... pire... je me sens exposée à la vue de tous, comme si mes pires petits secrets étaient dévoilés aux yeux de tous.

Mes pommettes rosissent et j'esquisse un petit sourire en repensant auxdits petits secrets, et à quel point ceux-ci m'ont maintenu éveillée une bonne partie de la nuit.

Je presse le pas et atteint ma chambre au moment où l'horloge du hall d'entrée sonne les sept heures. D'une main tremblante, je repousse la porte, à présent à l'abri dans mon cocon, et pose ma tête contre les montants en bois pour respirer profondément.

« Ni vu, ni connu », comme dirait Belinda, me félicité-je en prenant soin de me déshabiller dans la salle de bain pour ne pas mettre de la poussière et de la paille sur tout le parquet.

Je rêve d'un bon bain chaud pour délasser mes muscles fatigués par nos longues étreinte dans la paille mais je rêve encore plus de conserver la passion des baisers de Henry sur ma peau et son parfum dans mes cheveux. Alors je me glisse dans une nouvelle chemise de nuit et me faufile jusqu'à mon lit, tirant les draps en soie jusqu'à mon menton.

Je pense que je dois m'endormir à peine ma tête posée sur mon oreiller car lorsque je rouvre les yeux, c'est pour trouver Eudoxy près de mon lit, posant un plateau de thé et de petites mignardises à la cannelle sur ma table de chevet tandis que Rosa, l'elfe de maison de ma tante, s'affairent à ranger les derniers petits détails dans ma malle, comme mon nouveau uniforme arrivé seulement hier après-midi.

- Maitresse Charlotte, as-t-elle bien dormi ? me demande Eudoxy, ses gros yeux globuleux parsemé d'étoiles.

Elle me tend une tasse de thé que je récupère des deux mains après m'avoir redressé dans mon lit. J'ai les paupières encore fermés, la langue pâteuse et un mal de crâne doublé d'un mal de reins qui me fait grimacer.

- Oui, mentis-je en prenant une gorgée. Quelle heure est-il ?

- Presque 9h30.

Je grimace. 9h30... à quelle heure part-t-on nous déjà ? 10h30 ?

- Eudoxy vous a fait couler un bon bain, me dit-elle en s'éloignant de moi pour aller me chercher un peignoir et me le ramener.

Je me laisse complètement faire. Comme lorsque j'avais cinq ans. J'ai l'impression de me déplacer tel un filet du diable ébloui par le soleil... c'est-à-dire en me trainant, grimaçante, par terre. Je suis épuisée.

Une demi-heure plus tard, après un bon bain à bulles, un thé et quelques mignardises à la cannelle engloutis, je me sens comme neuve.

Je m'habille rapidement d'une petite robe à pois noir et blanc – le genre de tenue moldue que je me dois de mettre le jour de la rentrée pour traverser king's cross – et je me force à ne pas m'attarder sur les longues traces rouges qui cisaillent mes hanches. Pourtant, je ne peux m'empêcher de repasser les mains dessus, encore et encore, comme si je pouvais sentir les mains de Henry apparaître sous les miennes. Comme si ses doigts allaient de nouveau s'enfoncer dans ma chair pour m'amener toujours au plus proche de lui. Ce détail me soustrait un soupire d'aise et je sens mes joues rougir. Je dois arrêter de penser à ce qui s'est passé cette nuit... ou sinon, je n'arriverais jamais à m'arracher de ce manoir pour aller à Poudlard. Et bien que je déteste ce que je vais dire : Henry a raison... je dois retourner à Poudlard. Puis... nos retrouvailles n'en seront que plus belles...

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