La pression était si forte dans mon crâne, et la crainte si tenace, que je me demandais comment mon cerveau et mon coeur n'avaient pas fini par exploser dans les cuisines entre les plats de langoustes et les pots de mayonnaise. Sans doute parce que l'envie d'échapper à ma tante, qui me cherchait ardemment, et à son courroux légendaire lorsqu'elle me trouverait dans les bras de Henry, suspendue à sa bouche comme si ma vie en dépendait -ce qui est, un tant soit peu, véridique- avait été plus forte que la peur et de surcroit, mon cerveau, où la main de Henry sur mon poignet, avait réussi à me faire décamper à toutes enjambées.
A présent, mes pas grimpent les escaliers de secours, ceux par lesquels j'étais descendu quelques minutes auparavant. Ou bien... quelques heures ? Quelle heure est-il au juste ? Je commence à m'agiter, et j'empoigne plus fermement les pans de ma robe pour dégager mes jambes et monter plus rapidement, le souffle de Henry frôlant mon cou à chacune de ses expirations.
- Savez-vous où nous allons, Charlotte ? me demande Henry, un sourcil arqué, lorsque nous arrivons au premier étage, devant la porte de service, qui donne accès au couloir derrière les escaliers.
- Bien sûr que oui, répondis-je, irritée. Nous allons passer par le hall d'entrée pour nous éclipser, expliqué-je en posant ma main sur la poignée, alors que la voix de ma tante résonnait dans les cuisines du bas.
Je sens mon coeur s'accélérer et au moment où j'ouvre la porte pour m'engouffrer dans le petit couloir, je me rends compte qu'une des soeurs Hamilton, est adossé au mur, à quelques centimètres de mon oeil caché dans l'embrasure de la porte, en train d'embrasser passionnément un homme... un homme qui n'est absolument pas son mari... Oh mon Dieu ! Un hoquet de surprise s'échappe de ma bouche, et je referme la porte dans un claquement sonore, faisant surement sursauter Kathleen de l'autre côté.
- Que se passe-t-il ? me demande Henry, inquiet, alors que la voix de ma tante résonne de plus en plus contre les parois de la cage d'escaliers.
- Rien du tout ! glapis-je, paniquée par l'idée que je viens d'être témoin d'un adultère, et que ma tante risque de me trouver très rapidement.
« Qui est en haut ? »
La voix de ma tante, hésitante mais en même temps ferme, remonte jusqu'à nos oreilles, et je jette un regard tétanisé à Henry. Qu'est-ce que je suis censé faire ? Affronter ma tante ou surprendre Kathleen, la meilleure amie d'Elisabeth ?
- Qu'y-a-t-il derrière cette porte ? me demande Henry avec autorité.
- Je vous le dirais plus tard, promis, lui dis-je en l'attrapant par l'avant-bras. Suivez-moi, on va monter à l'étage, précisé-je en chuchotant aussi bas que possible alors que le pas de ma tante résonne dans les premiers escaliers à seulement quelques mètres de nous.
- Vous êtes au courant que si votre tante nous trouve, cela risque d'être fort...
- Désobligeant et horrible, je sais, coupé-je, en sentant ma voix tremblée.
- J'allais dire « intéressant et amusant », me précise Henry, en baissant la voix.
- Vous trouvez cela intéressant et amusant de me voir enfermer à double tour dans ma chambre jusqu'à la fin de ma vie ?! m'exclamé-je en entendant ma tante prononcer mon prénom d'une manière incertaine.
- Je viendrais vous délivrer, me dit-il en souriant. Et puis, vous avez dix-sept ans, Charlotte, à présent, vous êtes une adulte !
- Dites cela à ma tante, marmonné-je en arrivant enfin devant la porte de service du second étage, là où la plupart des chambres sont installés.
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First Impression
FanfictionChoquée par son propos, je loupe le pas de danse et Mr Potter me resserre brutalement contre lui, pour m'éviter une chute mémorable devant l'ensemble des convives. Par Merlin, que cette situation est gênante... Nous sommes tellement proches que ma p...