Chapitre 73 : Chambre 14

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Trente minutes... les trente minutes les plus insupportables de mon existence.


Bla-Bla-Bla.

Mes amies n'arrêtent pas de parler, de rire, de poser des questions... et moi je regarde l'heure tourner, dévastée. Il est déjà 15h47. Je ne sais pas à quelle heure Henry devra me laisser. 18h ? 18h30 ? La dernière calèche pour Poudlard est à 19h. Ça ne nous laisse que peu de temps.

A mes côtés, Belinda ne cesse de rire comme une bécasse aux plaisanteries franchement douteuses et ambiguës d'Habermann. Elle a les yeux qui brillent et une petite couleur rose – adorable d'ailleurs – sur ses joues.

- Et... qu'est ce que vous faites pendant vos missions ? demande-t-elle en sirotant, à la paille, un jus de citrouille.

Le regard d'Habermann est braqué sur cette maudite paille, coincée entre les lèvres de Belinda. Je ne dois pas être la seule à m'en rendre compte car, non seulement, Henry lui donne un coup de coude avec un regard en biais qui signifie clairement « Tiens-toi correctement » mais Hector, assis juste en face de moi à le visage aussi fermé que les portes de prison d'Azkaban.

Les garçons restent un mystère pour moi. Tant de mois, d'années, à ne pas se rendre compte que Belinda était sous son charme pour, à présent, lui tenir rigueur de son intérêt pour un autre. Il fallait se réveiller avant Mr White.

Et en parlant « d'amabilité », Garrett aussi peut concurrencer son ami. Par Merlin, mais qu'est ce qu'il leur arrive à tous les deux ? Seul Maximus et Alec paraissent comme à l'heure habitude. Jovial pour le premier et faussement agacé pour le second.

- C'est classé « secret défense », ma belle, lui dit-il en posant son bras, l'air de rien, sur le dossier de sa chaise.

Il se penche alors sur Belinda, un air coquin sur le visage.

- Mais, peut-être que je pourrais vous divulguer un ou deux de nos secrets si vous êtes sage, lui dit-il, assez bas, en plongeant son regard de charmeur dans le sien, ébloui.

Bien sûr que mon amie est éblouie. Una et Victorine le sont tout autant, quoique Victorine reste tout de même sur la réserve. Ce qui est loin d'être le cas de Una qui ne cesse de flirter avec Henry. Maximus à l'air de s'en moquer royalement, tout comme moi. Una Londubat est le genre de demoiselle à flirter avec n'importe qui, et n'importe quoi. Elle serait capable de faire les yeux doux à une mandragore pour que celle-ci se décide à pousser plus vite !

- Demandez à mes amies, je suis toujours très sage, glousse-t-elle, les joues à présent de la couleur d'un coquelicot.

Elle se remet à siroter son jus de citrouille, innocente des pensées obscènes qui doivent parcourir l'esprit de son interlocuteur.

Au bout d'un moment – j'ai l'impression que cela fait des heures que je suis assise sur cette chaise en bois, à boire ce même chocolat chaud à la chantilly – Henry se lève, puis se penche à mon oreille alors qu'Habermann fait rire toute la tablée avec une des ses plaisanteries concernant notre drôle de tradition, liée à notre promotion, pour Halloween.

- Je reviens, me souffle-t-il à l'oreille.

Il part vers le comptoir, échange quelques mots avec le tenancier puis, celui-ci lui remet quelque chose. Un petit objet – sans doute – que Henry glisse dans sa poche. Je n'ai pas le temps de voir de quoi il s'agit qu'Habermann se lève de sa chaise. Après quatre whisky pur feu, il est droit comme un « i », aussi frais que la rosée du matin. C'est impressionnant.

Henry revient au moment où Habermann propose de tous se rendre à la veillée aux Citrouilles, organisé tous les ans par le village pour le 31 octobre.

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