* Chapitre 31 *

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Crystal s'étouffe avec sa salive et se met à tousser, les yeux exorbités. 

- Tu es sa quoi? hoquette-t-elle.

- Je suis sa fille.  Voldemort est mon père, répète Willow en prenant sur elle pour ne pas pleurer.

Crystal la fixe les yeux ronds, incapable de prononcer un mot. Elle ouvre la bouche cherchant quoi dire mais ne trouve pas. Elle la referme donc, observant son amie, en état de choc.

- Mais... quoi? demande-t-elle ne croyant toujours pas ce qu'elle vient d'entendre.

Willow s'agace:

- C'est bon! On va pas en fait tout un plat! Est-ce qu'on peut vraiment appeler ça un père? Il se fout complètement de moi! Quand ma mère lui a dit qu'elle était enceinte, il lui a rit au nez en répondant que ce n'était pas son problème et elle ne l'a plus revu. Il m'a abandonnée avant même de me connaître et il passe son temps à torturer les gens, alors, crois-moi, je préférerais largement ne pas avoir de père du tout et avoir été conçue par magie ou je ne sais quoi plutôt que de l'avoir lui. Le jour où ma mère me l'a dit, j'ai cru que j'allais mourir d'horreur. Tu l'as vu comme moi. Cet être répugnant! Et je suis sa chair! Son sang coule dans mes veines! Ah, j'ai envie de mourir, Crystal!

Son amie pleure elle aussi maintenant. Elle n'imagine pas à quel point ce doit être horrible de l'avoir comme père. 

Elle prend Willow dans ses bras et elles tentent de se réconforter mutuellement.


***


Une heure plus tard, la porte de leur chambre s'ouvre sur Malefoy. Elles n'ont pas bougé et ont toujours les yeux aussi rouges et bouffis d'avoir tant pleuré. Il lève les yeux au ciel et leur ordonne sèchement de se lever. Réticentes, elles s'exécutent tout de même sous le regard triomphant du blond, satisfait qu'elles lui obéissent. 

Il les conduit dans la grande salle où elles se trouvaient à leur arrivée. Les Mangemorts sont dispersés dans la pièce, dos au mur. Voldemort, lui, est toujours assis sur son espèce de trône, Nagini à ses côtés. Il leur prête à peine attention quand elles entrent et leur demande de jeter un sort sur un vase afin de tester leurs capacités. 

Elles échangent un regard en souriant. Pour l'instant, ça va. Il ne leur demande pas l'impossible. Elles passent une heure à métamorphoser, déplacer, faire disparaître et réapparaître le vase. Personne ne dit rien. Elles ont l'impression de passer un examen et si elles échouent, elles ont peur que tout le monde leur tombe dessus. Heureusement, il ne demande rien de compliqué et elles parviennent à chaque fois à exaucer ses désirs.

L'après-midi, c'est la même chose. La seule différence, c'est que les objets changent et qu'elles fatiguent. Elles ne sont pas habituées à faire autant de magie d'un coup. Crystal comprend alors que l'épreuve n'est pas de tester leurs capacités à jeter des sorts, mais leur endurance. Elle jette un coup d'œil à l'horloge magique et découvre qu'il n'est que quinze heures. Elle doute que le test se termine bientôt. Voldemort n'a pas l'air d'être le type de personne qui débauche à seize heures. Il va sans doute les pousser à bout.

Et c'est bien parti. Elle commence réellement à avoir la bouche sèche, mal au bras à force de le tenir droit devant elle, mal aux doigts de tenir serrée la baguette, mal à la tête de se concentrer, mal aux jambes d'être debout depuis le début de la matinée, mal à l'ego d'être au service de ces monstres.

Crystal jette un nouveau coup à l'horloge. Seize heures quinze. Elle soupire en sentant le moral descendre en flèche. Elle a l'impression de l'avoir regardée il y a plusieurs heures, mais ce n'étaient que des minutes. 

- J'ai mal partout, chuchote Willow à Crystal.

- Moi aussi, répond-elle sur le même ton.


***


Voldemort leur a dit qu'elles pouvaient arrêter bien après vingt-deux heures. Épuisée, elles sont allées se coucher aussitôt. 

- J'ai tellement mal partout que j'ai l'impression que je vais mourir, gémis Willow en s'allongeant.

- J'ai cru que ça n'allait jamais se terminer. Du coin de l'œil, j'ai bien vu que Voldemort s'amusait.

- Et dire que c'est mon père, soupire Willow.

Crystal ne répond rien. Que peut-elle dire? Elle risque d'empirer les choses. Elle entend la respiration de Willow ralentir et devine qu'elle s'est endormie. Exténuée par cette journée, elle ne tarde pas à l'imiter et sombre.

Le lendemain, elles sont réveillées alors que le soleil n'est même pas encore levé.

Le programme de la journée est sensiblement le même, à part le fait qu'elles jettent des sorts sur des animaux (en s'assurant de ne pas leur faire de mal) et qu'elles commencent alors qu'il est à peine six heures.

Elles ont toujours aussi mal que la veille, mais ne disent rien, trop fières pour reconnaître qu'elles fatiguent. 

Le soir, quand elles rentrent à Poudlard, elles sont épuisées. Elles prennent à peine la temps de se saluer et se rendent chacune dans leur chambre. À peine leur tête a-t-elle touchée l'oreiller qu'elles s'endorment, encore toutes habillées.

Mais juste avant, elles ont le temps de songer que plus jamais elles ne veulent passer une journée comme celle-ci.

Plus jamais.

Harry Potter - Une vie brisée [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant