Chapitre 8

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Une fois dans sa chambre pour se préparer à sortir (car il ne peut décemment pas sortir en « haillons », qu'en penseraient les voisins ?), Fenyx ouvre les portes de son dressing et attrape un costume Dilor en daim. Il se change distraitement et s'observe dans le miroir.

« Voilà, j'ai bien l'air d'un aristo coincé du cul comme ça », songe-t-il en chassant une poussière imaginaire de son costume.

Il lace ses chaussures à trois-mille balles et descend au rez-de-chaussée, où Maria, une des servantes, l'attend. Il lui dit qu'il est prêt et tous deux quittent la villa pour s'engouffrer dans la limousine qui les attend dans l'allée. Le chauffeur démarre.

Fenyx regarde par la fenêtre. Les passants tournent la tête, admiratifs, devant la limousine portant les armoiries Dilor. Les mères la montrent du doigt à leurs enfants, qui l'observent les yeux brillants. Écœurant. Le jeune homme s'enfonce dans son siège, fermant les yeux jusqu'à ce que le bruit du moteur s'arrête.

Le chauffeur ouvre la portière. Fenyx et Maria descendent de la limousine. Ils sont en plein cœur de la zone commerciale. Ici, toutes les enseignes de luxe tiennent une ou plusieurs boutiques. Le jeune homme et la servante marchent parmi la foule de gens bien habillés jusqu'à une boutique Jally. Ils entrent.

- Maria, tu ne voudrais pas t'acheter une nouvelle tenue ? demande Fenyx.

- Mais Monsieur...

- Tiens prends ça, ajoute-t-il en sortant quelques gros billets. Trouve ton bonheur, on se retrouve à la caisse.

La servante le remercie et part de son côté, des étoiles dans les yeux. Le jeune homme, quant à lui, cherche la fameuse vendeuse. Il finit par la repérer, assise à la caisse. Il s'avance vers elle.

- Bonjour, lui lance-t-il.

La vendeuse lève la tête. Ses yeux s'écarquillent. Elle se lève précipitamment.

- Monsieur Dilor ! Quel privilège de vous avoir dans l'une de nos boutiques !

Fenyx lui sourit.

- Je cherche un costume pour ma soirée de fiançailles, vous pourriez peut-être m'aider.

La vendeuse acquiesce, n'en croyant pas sa chance de pouvoir servir un membre d'une si honorable famille. Elle contourne la caisse et fait signe à Fenyx de la suivre. Elle l'emmène du côté des costumes pour homme.

- Quel genre de costume cherchez-vous ? demande-t-elle.

Le jeune homme caresse du bout des doigts le costume en soie en face de lui.

- Un costume brodé d'or et de diamants.

La vendeuse l'emmène alors derrière une porte spéciale, où il n'y a personne. Là, trônent des costumes originaux et extrêmement chers.

- C'est ici qu'on stocke nos plus beaux articles, explique la vendeuse. Ils sont réservés à l'élite de la Ville, dont vous faites bien sûr parti.

Elle attrape un magnifique costume, brillant de toute part.

- Celui-ci a été cousu dans du fil d'or. Et voyez, des diamants y ont été brodés.

Fenyx prend le costume et se dirige vers une cabine.

- Je vais l'essayer, dit-il, restez là je vous prie.

Il s'engouffre dans la cabine et referme la porte. Il se déchausse.

- Dites-moi, lance-t-il à travers la fine paroi, vous habitez de l'autre côté du mur, non ?

La vendeuse garde le silence un instant. Fenyx sent qu'elle a un peu honte.

- Oui, c'est exact, souffle-t-elle d'une petite voix.

Le jeune homme enlève son costume en daim.

- Qu'est-ce qu'il y a de l'autre côté ? demande-t-il.

- Oh... pas grand-chose. Il y a d'abord les quartiers bourgeois, d'où je viens. Ils sont composés de plusieurs jolis villages, avec des chics maisons.

Fenyx l'écoute attentivement en commençant à enfiler le costume d'or.

- Et après les quartiers bourgeois ?

La vendeuse toussote.

- Oh je n'y ai jamais mis les pieds. Comme la plupart des habitants des quartiers bourgeois. Ce sont les bas quartiers de la Ville. On raconte que les gens là-bas s'entassent dans des immeubles crasseux et remplis de cafards. Et qu'ils passent leurs journées à boire et à se droguer. Quand je pense que nos écoles ont signé un contrat pour permettre aux enfants de ces quartiers de s'inscrire, ça me répugne. Si ça se trouve mes enfants en fréquentent...

Le jeune homme ajuste sa cravate. Les bas quartiers... plutôt intéressant. Il se regarde dans le miroir. Il brille. Il se décide à sortir de la cabine.

- Woaw ! s'exclame la vendeuse avant de rougir. Ça vous va divinement bien.

- Merci, je vais le prendre.

FenyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant