Chapitre 26

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Une fois dehors, il court sans se retourner, traverse quelques rues puis s'appuie, tout essoufflé, sur la façade de son immeuble crasseux. Il reprend son souffle et tente de remettre ses idées en place. Puis soudain, il se rend compte qu'un homme court vers lui.

Le jeune adolescent s'agite, se précipite vers la porte au verre brisé et se contorsionne pour entrer à l'intérieur.

- Attends ! crie la voix de l'homme des rochers.

Gabriel s'arrête, son cœur faisant un bond dans sa poitrine. L'homme passe également à travers la vitre et rejoint le jeune adolescent. Une pâle lumière murale faiblissante et clignotante les éclaire.

- Pourquoi t'es-tu enfui ? demande le jeune homme en plongeant ses yeux bleus dans ceux de Gabriel.

Le garçon se sent à présent extrêmement bête. Il a le regard fuyant et sent son visage brûler.

- Tu te souviens de moi ? poursuit l'inconnu. Nous avons partagé un déjeuner sur tes rochers.

Gabriel acquiesce, toujours silencieux. Soudain, le jeune homme pose sa main sur son épaule. Son geste est doux, rassurant. Le jeune adolescent lève des yeux surpris vers lui. L'inconnu lui sourit... amicalement.

- Tu sais, quand nous nous sommes rencontrés, j'ai tout de suite su que tu venais des bas quartiers. Ça ne m'a absolument pas dérangé, bien au contraire. J'espérais vraiment te revoir.

A ces mots, Gabriel se calme. Comment cet homme fait-il pour le faire se sentir aussi bien avec de simples paroles ? Et comment fait-il pour pénétrer ses pensées les plus profondes ?

- Je... je... pensais que si quelqu'un savait d'où je venais, il me détesterait, bégaie Gabriel.

- Tu vois que ce n'est pas du tout le cas.

Le jeune homme des rochers sourit de nouveau.

- Pourtant je ne suis pas quelqu'un de bien ! s'exclame Gabriel. J'ai volé aujourd'hui.

Il sort de sa poche la chaînette en or de la vieille dame et la montre en rougissant.

- Et alors ? dit l'inconnu en relâchant l'épaule de Gabriel. J'ai toujours rêvé de commettre un délit, moi. J'ai une idée... ajoute-t-il avec un regard brûlant, devenons complices !

Le jeune adolescent ouvre grand les yeux, de plus en plus surpris.

- Comment ça ?

- Que fais-tu demain ? C'est samedi, tu ne devrais pas avoir cours.

- Je... euh... rien, répond le garçon en se souvenant que samedi ou pas, il ne pouvait plus aller au lycée.

- Rendez-vous à la gare des bas quartiers, à dix heures du matin. On va s'amuser.

Gabriel acquiesce, heureux d'avoir une possibilité de revoir l'inconnu. Celui-ci lui lance un dernier sourire puis tourne les talons, s'apprêtant à sortir de l'immeuble. Au dernier moment il se retourne puis demande :

- Au fait, comment t'appelles-tu ?

- Gabriel... et vo... toi ?

- Fenyx.

Sur ce dernier mot, il disparaît dans la nuit. Heureux d'avoir enfin un nom sur ce visage, le jeune adolescent grimpe jusqu'à son appartement, le cœur léger.


Ses parents ne sont pas encore rentrés et bien qu'il en soit soulagé, la pensée du nouveau travail de sa mère lui reste en travers de la gorge. Mais trop épuisé pour y réfléchir, il part se coucher directement.

FenyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant