Chapitre 16

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Gabriel émerge lentement du sommeil. Il est moite. Le corps et l'esprit complètement abîmés par la violence de la nuit dernière. Son réveil affiche sept heures du matin. Il se lève, se dirigeant vers la salle de bain. Il peine à marcher. La porte de la chambre de ses parents est entrouverte. Un ronflement sonore s'y échappe.

Le garçon referme la porte de la salle de bain après lui. Sans se donner la peine d'observer son corps qu'il devine plein de bleus, Gabriel se glisse sous la douche et actionne l'eau. Sa respiration se coupe au contact du liquide glacé. Il se lave rapidement puis sort et s'enroule dans la serviette qui sent toujours le moisi. Il regagne sa chambre et s'habille, enfilant des longues mitaines pour cacher ses poignets.

Il se rend par la suite dans la cuisine. Sa mère est là, assise, les coudes posés sur la table, une tasse de cappuccino devant elle. Gabriel s'approche d'elle et pose sa main sur son dos. Elle sursaute et lève de grands yeux cernés sur lui.

- Mon chéri ! dit-elle d'une voix éteinte. Je t'ai préparé du café (elle pousse une tasse pleine en sa direction).

- Bonjour maman, répond Gabriel en s'asseyant à côté d'elle.

Il remue son cappuccino à l'aide d'une cuillère, ne sachant par où commencer. Heureusement, c'est sa mère qui commence à prendre la parole.

- J'espère que tu ne t'es pas trop inquiété hier soir...

Le garçon avale une gorgée de café et laisse le liquide brûlant le réchauffer de l'intérieur. Il n'a rien avalé depuis le paquet de biscuits de Caroline.

- Bien sûr que si je me suis inquiété, réplique-t-il en posant la tasse. Où étais-tu ?

Salomé évite son regard. Elle croise et décroise les jambes d'un geste nerveux. Elle semble vraiment très fatiguée. Gabriel remarque soudain l'ecchymose au niveau du cou de sa mère. Le cœur battant il demande :

- Qu'est-ce que c'est que ça sur ton cou ?

Sa mère remonte précipitamment le col de son pull de manière à dissimuler la chose. Elle semble franchement mal à l'aise. Le garçon ne l'avait jamais vue comme ça. Il l'attrape par le poignet, la forçant à le regarder.

- Maman ! Où étais-tu ?

Salomé accepte enfin de le regarder. Elle semble extrêmement faible et vulnérable.

- A mon nouveau travail, répond-elle enfin.

- Qui consiste en quoi ? insiste Gabriel.

- A vendre des choses.

Le garçon la regarde intensément. Salomé ne bronche pas. Elle semble sincère... Pourtant Gabriel n'est pas vraiment convaincu.

- Et les marques sur ton cou ?

- Je me suis juste blessée.

- Pourquoi tu travailles la nuit ?

- Car c'est un marché illégal le jour.

- Tu vends de la drogue ?

La femme rit, ses joues osseuses se soulèvent sous l'effort.

- Arrête de t'inquiéter comme ça mon cœur, dit-elle tendrement.

Gabriel baisse les yeux. Il espère vraiment s'être inquiété pour rien. Sa mère est ce qu'il a de plus précieux au monde, il ne se le pardonnerait jamais s'il lui arrivait malheur.

- Tu es vraiment obligée de travailler ? demande-t-il.

Salomé soupire.

- Ce sont les volontés de ton père. Nos revenus sont trop justes avec uniquement les CPHED qu'il touche. Et nous aimerions que tu aies de l'eau chaude pour ta douche le matin...

Gabriel la regarde en secouant la tête. C'est plutôt pour payer l'alcool de James. Sa pauvre mère est si crédule.

- Maman écoute-moi, dit-il. Je n'ai besoin de rien à part que tu sois en bonne santé et heureuse. Tu n'as pas à te forcer à travailler pour que j'aie de l'eau chaude.

Salomé le regarde tendrement.

- J'ai un fils merveilleux, je suis déjà heureuse. Ne t'en fais pas pour moi, ça va aller, tout ira bien tu verras.

Gabriel a envie d'y croire. Que tout irait bien.

FenyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant