Chapitre 11

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Caroline a un sourire amer. Gabriel tente de se concentrer sur l'équation. Il doit absolument trouver un moyen d'échapper à ce groupe de filles. Si elles découvrent qu'il habite dans les bas quartiers, sa vie au lycée ne sera plus la même. Il remercie Caroline pour l'information. Elle rougit violemment.

Le cours de maths se termine enfin. Le garçon range rapidement ses affaires et jette son sac sur son dos avant de quitter précipitamment la classe. Avant de partir, il entend : « Vite ! Il s'en va ! ».

Des bruits de talons précipités se font entendre derrière Gabriel. Ce dernier ne se retourne pas et fonce dans les couloirs, sans courir pour autant, afin de ne pas avoir l'air trop suspect. Il dévale les escaliers, quitte le bâtiment réservé aux mathématiques et sort du lycée. Il y a toujours des bruits de talons derrière lui et des murmures pas vraiment discrets.

Le jeune adolescent arrive au parking des cars. Il y a une bonne dizaine de cars différents et juste un seul qui passe par la gare des bas quartiers. Pour tromper ses poursuivantes, Gabriel grimpe dans un véhicule au hasard par la porte avant. Et lorsque le groupe de filles y monte à son tour, le garçon descend discrètement par la porte de derrière. Il contourne le bus et court jusqu'au sien, s'engouffrant dedans, tout au fond, capuche rabattue sur sa tête.

L'embarcation se remplit peu à peu de lycéens dans un joyeux brouhaha. Gabriel enfonce ses écouteurs dans ses oreilles et pose sa tête contre la vitre. Le car démarre enfin. Le paysage défile, baigné dans la lumière du coucher de soleil. Le garçon aime imaginer que le car ne l'emmènerait pas dans ce quartier miteux où il habite. Mais qu'il continuerait sa route, en dehors de la Ville, là où une vie joyeuse l'attendrait.

Les villages des quartiers bourgeois défilent les uns après les autres. Le véhicule scolaire se vide peu à peu. Bientôt, il ne reste plus que Gabriel à bord. Comme à l'aller, le regard du chauffeur posé sur lui dans le rétroviseur le fait se sentir mal à l'aise. Il tourne la tête vers la fenêtre, tentant d'oublier qu'il n'y a que lui et cet homme. Il est habitué à ce genre d'angoisse. Il a peur. Constamment. Dès qu'on le touche, dès qu'on lui parle d'un peu trop près, dès qu'on le fixe trop longtemps. Il est tel un animal sauvage.

Gabriel passe à travers la porte aux vitres brisées de son immeuble. Ça fait des années qu'elle était dans cet état, personne ne l'a réparée. Mais après tout, qui se soucie d'eux ?

Le jeune adolescent grimpe les escaliers, en prenant soin d'éviter les trous et les marches « piégeuses ». Celles-ci présentent une très large fissure en leur centre et si une personne a l'imprudence de marcher dessus, elle risque de faire une belle chute.

Il arrive devant la porte moisie de chez lui et pénètre à l'intérieur, verrouillant la porte derrière lui.

- Maman ! lance-t-il en se déchaussant. Je suis rentré !

Personne ne lui répond. Le jeune adolescent se dirige vers le minuscule salon.

- Maman ?

Il scrute la pénombre.

- Ta mère ne rentrera pas ce soir, lance une voix grave.

FenyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant