Chapitre 40

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Gabriel se réveille fatigué. Il a dormi à peine quelques heures. La journée d'hier a été particulièrement chargée en émotions. Fort heureusement, en rentrant de sa soirée avec Fenyx, il n'a croisé ni son père si sa mère. Certainement que James est encore au bar, endormi à sa table avec sa chope à moitié renversée sur lui. Quant à Salomé, elle a coutume de se lever tard à présent. Dommage, il aurait aimé lui dire que son ami va lui trouver du travail et qu'elle n'aurait plus besoin de faire... ça.

Ne sachant pas s'il la verrait avant qu'elle ne parte ce soir, il décide de lui écrire une lettre. Le garçon s'installe sur son vieux bureau rongé par les termites et saisit une feuille de papier et un stylo (son matériel scolaire est le seul à être en bon état). Il gribouille :

"Maman,

Je vais au lycée aujourd'hui avec Fenyx, je ne sais pas s'il a prévu quelque chose pour ce soir ou non. Si on ne se voit pas d'ici là, sache que tu n'as plus besoin d'aller travailler, Fenyx va trouver un nouveau boulot pour toi. On peut lui faire confiance.

Bisous maman."

Gabriel dépose ce mot sur la table de la cuisine et file prendre une douche. Les ecchymoses sur son corps ont presque disparu. L'eau fraîche le fait frissonner mais a au moins le mérite de le réveiller. Il n'y a plus de shampoing. Il se lave les cheveux avec du savon. Il se rince, se sèche et s'habille à la hâte, très anxieux de retourner au lycée.

A la cuisine, il tente d'avaler une pâtisserie que lui avait donnée Fenyx. En vain. Son ventre est bien trop serré. Gabriel attrape son sac et quitte le misérable appartement. Ses pensées l'inquiètent tellement qu'il manque de tomber sur la marche cassée.

Le garçon se plante devant la porte brisée de son immeuble et scrute la rue. Une drôle de vision l'envahit : lui et Fenyx en train de braquer son lycée à coup de fusil à billes. Il avale difficilement sa salive, observant la rue avec une vague d'angoisse. Soudain, des phares sont visibles au loin. Il y a un bruit fascinant d'un moteur luxueux.

Une magnifique voiture de sport de la prestigieuse marque Dilor se gare devant Gabriel. Elle est décapotable, d'un rouge étincelant. La marque est visible en lettre d'or. Les capteurs solaires sont si petits et puissants qu'on les remarque à peine. Le jeune adolescent reste bouche bée, incapable de produire le moindre son.

- Monsieur veut-il se donner la peine d'entrer ? dit une voix sournoise et familière à l'intérieur.

La portière passager s'ouvre automatiquement. Gabriel monte timidement et s'assoit avec la plus infime précaution, ayant peur de salir le siège. Le conducteur le regarde avec un grand sourire. Il est aussi étincelant que sa voiture. Il a laissé tomber sa perruque et porte un sublime costume hors de prix et des lunettes de soleil de la grande marque Jally. Une montre en or et argent, également de chez Jally, démesurément grosse, orne son poignet. Habitué à voir son ami en jean et en t-shirt, Gabriel est tout simplement sous le choc. Sa ceinture de sécurité se boucle automatiquement et la portière se referme.

- Allons-y ! s'exclame Fenyx en riant de la réaction du garçon.

Il démarre. Une fois sortis des bas quartiers, le choc de Gabriel passe. Il faut dire qu'une bagnole et un conducteur pareils dans un quartier aussi sale n'est pas ce qu'il y a de plus naturel au monde. Sur la longue route qui traverse les terres agricoles des quartiers sud, Fenyx fait de la vitesse. Le jeune adolescent n'a jamais connu pareille sensation. Ses cheveux s'ébouriffent, le vent d'automne lui fouette le visage. Il décide de se lâcher un peu et de crier de joie.

FenyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant