Chapitre 61

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Les yeux de l'aristocrate s'écarquillent.

- Mon fils a pris des... enfants comme témoins ? D'où venez-vous jeune gens ? Et lui où est-il ? Déjà que ce mariage aurait dû avoir lieu le mois dernier. Juanita San Samara était dévastée par le retard !

Gabriel échange un regard imperceptible avec Mia. Son fils a failli mourir et tout ce qui l'importe c'est que cette Juanita n'a pas apprécié le retard. Le jeune garçon serre les dents mais tente de contrôler sa voix :

- Il va bientôt arriver, il vous a écrit cette lettre pour tout vous expliquer...

Madame Dilor saisit la lettre en question et la parcourt des yeux. Puis elle fixe à tour de rôle les deux adolescents, l'air suspicieux.

- Vous n'êtes pas des enfants ? demande-t-elle.

Ils font signe que non.

- Stanislas écrit que vous avez un retard de croissance, dit-elle, les lèvres pincées. Enfin, il a été clair. Vous allez rester avec nous jusqu'à lundi. Je vais dire à Maria de vous conduire dans les chambres d'amis.

La servante arrive et les guide. Ils marchent longuement dans ce labyrinthe. Ils s'arrêtent devant deux portes distinctes.

- Monsieur si vous le voulez, dit Maria en montrant la porte de droite, cette chambre sera vôtre. Et madame, ajoute-t-elle en montrant la porte de gauche, celle-ci, la vôtre. Je vous laisse vous installer.

Quand la servante s'éloigne, ils entrent chacun dans leur chambre. Gabriel referme la porte après lui. La pièce est énorme et contient sa propre salle de bain. Un grand lit trône au milieu. Le garçon laisse tomber son sac à dos et saute dessus. Il est si moelleux.

Mia le rejoint après avoir rangé ses affaires.

- Cette maison est magique, dit-elle en s'asseyant sur le bord du lit.

Gabriel se redresse, cette proximité lui faisant chavirer le cœur...

- Mais pas les gens qui y vivent... Tu as vu comme sa mère est froide ?

La jeune fille acquiesce.

- Tu crois que ça lui manque à Fenyx ? demande-t-elle. Tout ce luxe, je veux dire.

Gabriel réfléchit un moment. N'importe qui rêverait d'une maison pareille et pourtant...

- Je ne pense pas, répond-il. Je sais que ça semble difficile à croire, mais l'argent ne fait pas le bonheur à lui tout seul.

- Mais moi je n'ai jamais été aussi heureuse depuis que je viens vous voir dans les quartiers ouest...

- Oui mais imagine si tu vivais toute seule ? Dans un luxueux appartement sans personne avec qui partager ton bonheur d'être riche.

Le regard de Mia se fait vague.

- Tu as raison, dit-elle, ce serait horrible. Finalement si je suis heureuse c'est parce que je suis avec vous... Avec toi.

Leurs yeux se croisent. Gabriel avale difficilement sa salive.


**


De retour de sa besogne, Fenyx rentre enfin au manoir en taxi. Il trouve ses parents dans l'immense salle à manger. Ils en sont déjà au dessert. Tous deux lèvent les yeux vers lui en même temps. Ils semblent à peine surpris du changement physique de leur fils. Ils sont habitués à ses nombreuses excentricités.

- Bonsoir, dit Fenyx en s'attablant.

- Stanislas ! crie sa mère à l'autre bout de la table. Tu en as mis du temps ! Tes... témoins sont arrivés bien avant toi !

Une servante arrive pour servir le dîner au jeune Dilor. Il attrape sa fourchette et dévore son poulet, affamé.

- Oui je sais, dit-il la bouche pleine. J'avais encore une affaire à mener. Où sont-ils d'ailleurs ?

- Maria vient de leur apporter à dîner dans leur chambre, répond Antoinette d'un air pincé. Es-tu bien sûr qu'il s'agit de jeunes gens respectables, comme tu le dis dans ta lettre ?

- Absolument ! répond Fenyx en engloutissant ses pommes de terre.

Son père toussote à l'autre bout de la table. Il demande d'une voix rocailleuse :

- Alors, ce contrat avec les Martinis ?

Le jeune Dilor manque de s'étouffer. Il avait oublié cette histoire qui était un prétexte pour retarder le mariage, le temps qu'il aille mener la révolution. Il boit un verre d'eau pour faire passer la nourriture puis répond d'une voix qu'il tente de faire paraître assurée :

- Les négociations ont été rudes. Ils ont dit qu'ils prendraient le temps de réfléchir et qu'ils me feraient parvenir par courrier leur réponse définitive.

Ses parents paraissent satisfaits de cette réponse et ne posent plus de questions à ce sujet. Terminant rapidement son dîner pour ne plus subir d'autres questions, Fenyx monte se coucher.

FenyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant