Chapitre 27

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Son réveil sonne à neuf heures. Comme électrisé, Gabriel se lève d'un bond. Il file sous la douche. Bien que l'eau soit encore froide, il y fait à peine attention. Une fois propre, il retourne dans sa chambre s'habiller. La porte de la chambre de ses parents est fermée.

Aujourd'hui, il fait doux. Se vêtant d'un jean et d'un sweat à capuche noir, le garçon se rend dans la cuisine à la recherche de quoi manger. Cette fois il n'y a même pas de cappuccino. Haussant les épaules, Gabriel quitte l'appartement, dévale en vitesse les marches usées de l'immeuble (manquant de justesse la marche piégeuse), puis progresse rapidement à travers les rues des bas quartiers.

L'air tendre d'automne lui balaye le visage et rougit ses joues. Gabriel traverse le tunnel, remarquant que le SDF n'est toujours pas revenu. Il espère qu'il profite bien des billets qui lui ont été offerts.

Enfin, le jeune adolescent arrive à la gare. L'homme des rochers attend près d'un arrêt de bus. Il a toujours cette perruque noire et Gabriel se demande bien pourquoi. Le garçon se dépêche de le rejoindre, le cœur battant.

- Bonjour, dit-il poliment.

Fenyx pose sur lui ses yeux bleus, semblant très jovial.

- Salut Gabriel ! (Il lui serre la main). Tu es pile à l'heure. Notre bus ne devrait pas tarder à arriver.

Le jeune adolescent s'enquiert :

- Où allons-nous, au juste ?

- Nous adonner au vice, voyons.

Gabriel est perplexe. Pourtant Fenyx a l'air très sérieux, malgré son regard sournois. A cet instant, le ventre du jeune adolescent émet un gargouillis sonore et prolongé. Il rougit immédiatement.

- Après avoir mangé ! ajoute alors Fenyx dans un éclat de rire.

Gabriel sourit timidement. Leur bus arrive et ils s'engouffrent dedans, tout au fond. Ils prennent place côte à côte. C'est la première fois que le garçon ne se retrouve pas seul dans le bus. L'embarcation démarre et les entraîne à travers les rues de la Ville. Les gens montent et descendent au fur et à mesure que défilent les arrêts. Lorsqu'ils arrivent dans le quartier est bourgeois, Fenyx entraîne Gabriel dehors. Le jeune homme s'exclame :

- Viens, je connais un restaurant qui sert des petits déjeuners par ici.

L'adolescent suit Fenyx jusqu'à un restaurant intitulé « Aux arist' ». Ils entrent et s'attablent le plus loin possible des autres clients. Un serveur vient les voir et Fenyx passe commande.

- Tu sais, murmure Gabriel quand le serveur s'éloigne, je n'ai pas de quoi payer...

Le jeune homme rit à cette remarque.

- Je ne comptais pas te faire payer Gabriel ! Détends-toi, profite et arrête de te prendre la tête.

Le garçon rougit de plus belle.

- Mais... ça m'embête que tu m'offres encore à manger...

Fenyx plonge ses yeux dans les siens.

- Moi ça me fait plaisir de te nourrir ! Tu es si maigrichon.

Le garçon s'apprête à répliquer lorsque le serveur revient et dépose des mets sur leur table. Il s'éloigne ensuite en leur souhaitant bon appétit. Gabriel oublie sa réplique en observant leur petit déjeuner. Il y a du pain beurré, des biscottes, de la confiture d'abricot et de myrtille, du chocolat chaud, des œufs brouillés. Le jeune adolescent n'a rien avalé depuis hier matin. Il regarde Fenyx, qui lui fait signe de commencer.

Alors, Gabriel s'empiffre. Il avale d'abord le pain beurré, puis étale de la confiture sur les biscottes qu'il engouffre dans sa bouche, avalant sans mâcher. Il manque d'ailleurs de s'étouffer et Fenyx lui tape dans le dos puis lui fait boire de l'eau en riant.

Lorsque Gabriel arrive aux œufs brouillés, il ralentit un peu la cadence, son ventre s'étant déjà bien rempli. Il prend le temps de respirer et mange doucement, bouchée par bouchée, en savourant chacune. 

FenyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant