Fenyx

Chapitre 60

Le lendemain soir à vingt heures tapantes, Fenyx sonne à la porte de l'appartement de Salomé. C'est Gabriel qui vient ouvrir.

- Vous êtes prêts ? demande le jeune aristocrate en entrant.

Mia apparaît avec une valise. Fenyx tend un sac à Gabriel et un autre à Mia.

- Ce sont des vêtements aristocrates, habillez-vous avant de partir.

Ils partent se changer puis retrouvent le jeune Dilor devant la porte d'entrée. Salomé les rejoint.

- Soyez prudents surtout... murmure-t-elle.

- Ne t'inquiète pas, la rassure Fenyx, je veille sur eux.

Après de brefs au revoir, ils quittent l'appartement. Les adolescents sont silencieux. Fenyx suppose qu'ils sont anxieux. Il l'est lui-même un peu.

Ils montent tous les trois dans la voiture de Fenyx et bouclent leur ceinture. Le jeune Dilor roule silencieusement plus d'une heure, jusqu'à ce que le mur soit enfin visible. La tension dans la voiture est palpable. Fenyx s'arrête juste devant l'entrée des véhicules. Il descend sa fenêtre. Un garde s'approche.

- Monsieur Dilor ! s'exclame-t-il en reconnaissant l'héritier.

Son regard tombe sur les deux adolescents.

- Vous êtes accompagné ? demande-t-il.

- En effet, répond Fenyx, ce sont mes témoins de mariage.

Le garde les observe, suspicieux. Ses yeux s'attardent sur leurs beaux vêtements.

- Félicitations pour votre mariage, j'en ai entendu parler. C'est lundi n'est-ce pas ?

Fenyx acquiesce.

- Ils sont majeurs vos témoins ? demande le garde. Je ne voudrais pas vous manquer de respect Monsieur Dilor, ajoute-t-il précipitamment devant l'air faussement piqué de Fenyx, mais vous comprenez... avec toutes ces attaques terroristes, je suis obligé de vérifier leurs papiers...

Fenyx soupire d'une manière très convaincante puis attrape la pochette qu'il a déposé là la veille et en sort les faux papiers des deux adolescents. Selon la date de naissance falsifiée, ils sont effectivement majeurs.

Le garde examine attentivement les papiers, puis les rend à Fenyx. Il fait ensuite signe à son collègue d'ouvrir le portail. Fenyx redémarre et s'engouffre dans les quartiers aristocrates.

- On a réussi ! s'exclame Mia lorsque les gardes ne sont plus visibles.

Fenyx se détend et sa conduite se fait plus souple. Gabriel pousse un cri de victoire.

- Que c'est beau ici, déclare Mia, le nez collé à la vitre de la voiture.

Le jeune Dilor hausse les épaules. Il est habitué à ces maisons de luxe, à ces enseignes brillantes et extravagantes, à ces parcs démesurés, à ces fontaines à taille inhumaine.

- Ecoutez-moi bien, dit-il en s'engageant sur une grande avenue, je vais vous déposer au manoir, vous entrerez sans moi. J'ai écrit une lettre pour ma mère, vous la lui donnerez et vous vous installerez. Quant à moi, je vais garer la voiture derrière la mairie et je vous rejoindrai après.

Ses yeux se posent sur Mia dans le rétroviseur.

- Il y a tout ce qu'il faut dans la mallette à tes pieds, dit-il. Je laisserais les clefs de la voiture dans le creux de la roue avant droite, comme ça tu pourras la récupérer.

- Bien, répond Mia, je sais ce que j'ai à faire.

Une fois arrivés au manoir, les deux adolescents descendent munis de la lettre et regardent la voiture de sport s'éloigner.

- Woaw, murmure Gabriel, les yeux fixés sur l'immense bâtisse.

Mia et lui restent bouche bée de longues minutes.

- C'est un château... commente Mia.

Le garçon approuve.

- Quand faut y aller...

Ils avancent timidement. La main de Mia se glisse dans celle de Gabriel. Ils passent le portail et s'avancent dans le parc qui sert de jardin. De longues minutes plus tard, ils arrivent devant la porte du manoir. Ils sonnent.

- Oui ? dit une servante en venant ouvrir.

- Je... nous sommes venus pour le mariage de Fen... de Stanislas, dit Gabriel d'une voix qu'il essaye de rendre sûre. Nous sommes ses témoins, ajoute-t-il devant l'air perplexe de la servante.

Elle leur ouvre la porte et les invite à entrer. Les anciens Galeux ont le souffle coupé devant la beauté du manoir.

- Je vais chercher la maîtresse des lieux, annonce la servante en s'éloignant.

Quelques instants plus tard, une femme hautaine et extrêmement chic vient à eux. Elle hausse un sourcil mécontent quand ses yeux se posent sur les adolescents.

- Vous êtes ? demande-t-elle d'une voix désagréable.

- Gabriel et Mia, dit le garçon. Les témoins de F... Stanislas.