Chapitre 47

147 28 0
                                    

Fenyx reste silencieux. Il faut qu'il trouve le temps de regarder les informations plus souvent. Si ce que dit Martin est exact, la Ville risque de sombrer dans le chaos.

Martin prend congé et le jeune Dilor se retrouve seul dans sa voiture, ruminant ses pensées. Décidant qu'il est enfin temps de partir, Fenyx pose sa main sur la clé de contact et constate avec horreur qu'il n'a pas coupé le contact tout à l'heure. La batterie est à plat. Il tente de mettre en route tous les panneaux mais il fait bien trop sombre. Un orage se prépare. Maudissant sa négligence, Fenyx cherche son portefeuille pour aller se payer une chambre. Il n'a plus un sou : il a pris uniquement de quoi payer les faux papiers et les feux d'artifices. Il ne lui reste que son chéquier mais il ne peut pas l'utiliser ici sous peine que tout le monde découvre que le mystérieux révolutionnaire n'est autre que Stanislas Dilor.

Grognant, l'héritier Dilor se dit qu'il n'a pas d'autre alternative que de passer la nuit sur place. Il n'a qu'à aller chez Gabriel, sa mère l'accueillerait sûrement très bien. Résolu, Fenyx sort de sa voiture puis court pour échapper le plus vite possible à la pluie. Il sort de la décharge puis progresse dans les rues où la crasse et la pluie forment une boue glissante. Il manque plusieurs fois de se vautrer. La tempête fait rage, il n'y voit presque plus rien. Soudain, le lampadaire en face de lui se déracine et s'étale de tout son long. Un éclair de lumière vive déchire le ciel et Fenyx a le temps d'apercevoir son chemin avant que tout ne redevienne sombre. Il accélère l'allure, sentant ses chaussettes et sa peau se mouiller. Le tonner grogne. Un nouvel éclair lui montre la porte de l'immeuble de Gabriel.

Il entre à travers le verre brisé. Il est essoufflé, trempé, il tousse et se frictionne pour se réchauffer. Si on lui avait dit quelques mois auparavant qu'il se retrouverait dans un immeuble délabré des bas quartiers, trempé jusqu'à la moelle, sans un sou en poche et obligé de réclamer charité pour se faire héberger, il ne l'aurait jamais cru.

Il grimpe les escaliers et manque de tomber sur une marche piégeuse. Il arrive devant la porte de Gabriel. Il toque à plusieurs reprises.

C'est Salomé qui vient lui ouvrir. Elle reste un instant sur le seuil, le contemplant.

- Bonsoir Salomé, dit Fenyx, je n'ai nulle part où dormir cette nuit...

Elle reste bouche bée, puis sans prévenir, rejette la tête en arrière et se met à rire à gorge déployée. Elle a l'air d'essayer de se retenir mais n'y parvient pas. Incapable de se retenir, Fenyx éclate de rire à son tour. Il est sale, il a faim. C'est la première fois de sa vie qu'il fait une pareille expérience. Il se sent normal. Enfin.

Riant toujours, Salomé ouvre largement la porte et le fait entrer.

- Enlève tes vêtements, lance-t-elle entre deux éclats de rire.

Fenyx laisse tomber son blouson, retire ses chaussures remplies de boues et ses chaussettes tout aussi sales et trempées. Son jean dégouline aussi, il l'enlève à son tour pour rester en caleçon. Salomé détourne la tête, ricanant toujours.

Soudain, Gabriel pointe son nez. Il reste sous le choc un instant, puis explose de rire. Quand il se calme, il s'exclame :

- Ça alors, c'est pas Stanislas Dilor en calcif dans mon entrée ?

Fenyx lui adresse un sourire radieux.

- Lui-même !

- Allez viens, t'as besoin d'une douche je crois... dit le jeune adolescent.

- Je vais laver tes habits, lance Salomé alors que les deux garçons s'éloignent dans le couloir.

- Merci !

FenyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant