Chapitre 9

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Une fois rhabillé, Fenyx retrouve Maria parmi la foule. Ils paient leurs articles, quittent la boutique puis regagnent la limousine, leurs sacs à la main. Le chauffeur démarre.

- Dis-moi Maria, commence Fenyx, est-ce que ça te dérange que l'on fasse un petit détour ?

La servante, très reconnaissante pour la nouvelle tenue que le jeune homme lui a permis d'acheter, sourit.

- Non bien sûr, Monsieur. Vous souhaitez aller dans un endroit particulier ?

Fenyx réfléchit un instant, le visage collé à la vitre.

- Je ne sais pas... connais-tu un endroit d'où l'on peut voir la Ville en hauteur ? Je veux dire... toute la Ville.

La servante lui lance un regard espiègle.

- A vrai dire, j'en connais un, Monsieur.

Maria indique un itinéraire à l'intention du chauffeur. La limousine tourne brusquement et s'engage dans une ruelle, avant de rejoindre une route à la circulation chargée. Fenyx ferme les yeux, serrant entre ses genoux le sac Jally contenant son costume hors de prix. Il pense à la soirée qui aura lieu tout à l'heure. Tous leurs serviteurs doivent avoir commencé les préparatifs à la villa sous les ordres d'Antoinette à l'heure qu'il est.

Les soubresauts de la voiture apaisent l'anxiété du jeune homme. Il laisse ses pensées divaguer jusqu'à ce que le chauffeur se gare enfin, au bout d'une vingtaine de kilomètres parcourus. Il vient leur ouvrir la portière. Ils sont devant une sorte d'entrepôt désert. Non loin d'ici, le mur est parfaitement visible. Ils sont donc à la lisière avec les autres quartiers de la Ville.

- Je ne vois pas comment on va prendre de la hauteur d'ici, dit Fenyx, dubitatif.

Maria lui sourit et l'entraîne vers l'entrepôt. Elle tambourine à l'énorme porte. Un vieil homme finit par leur ouvrir d'un air agacé. Cet air se dissipe lorsqu'il aperçoit la servante.

- Maria ! s'exclame-t-il.

- Salut papa ! s'enthousiasme la servante en étreignant le vieil homme. Je te présente Monsieur Dilor, le fils de mon employeur. Monsieur, ajoute-t-elle en se tournant vers Fenyx, je vous présente Maxino, mon père.

Fenyx serre la main du père de Maria en souriant.

- Alors, qu'est-ce qui vous amène par ici ? demande Maxino.

- Nous souhaitons monter à bord de l'Espera ! dit Maria.

Le vieil homme acquiesce et les fait entrer à l'intérieur. L'entrepôt est gigantesque. Au beau milieu, trône une forme monstrueuse cachée par un drap blanc. On aurait dit une ampoule de quinze mètres de haut. Fenyx se demande si c'est ça l'Espera. En effet, Maxino tire sur le drap, révélant une montgolfière rouge et or. Dessus est inscrit en gros caractère : « L'Espera ».

- J'emmène souvent les architectes et les promoteurs immobiliers travaillant pour les aristocrates dans les airs, explique Maxino. Ça leur permet de voir l'espace disponible pour leurs nouvelles constructions et rénovations. Nous n'avons cependant pas le droit de passer par-dessus le mur, pour des raisons que vous comprendrez.

En effet, Fenyx a sa petite idée sur la question. C'est certainement pour éviter de faire passer clandestinement des habitants des bas quartiers de leur côté.

« C'est dégueulasse cette idée de séparation », songe Fenyx.

FenyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant