Chapitre 49

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- Je te sens fébrile, lui dit-elle, aurais-tu des remords ?

- Tout ce que je voulais c'était que le pouvoir de la Ville ne soit plus aux mains des aristocrates et que tout le monde vive de façon égale et juste.

Le jeune homme se sent mal. Sa gorge le brûle et il a de plus en plus de mal à rassembler ses pensées.


- Tu croyais qu'il n'y aurait aucune conséquence ? l'interroge Salomé.

- Je... je... voulais que le peuple opprimé se réveille. Je voulais qu'il y ait de la révolte...

- C'est ce qu'il y a eu.

- Mais je n'ai jamais voulu ça ! Jamais voulu la mort des gens ! Ce... c'était un imprévu, involontaire.

Il a de plus en plus mal à la gorge. Il tousse.

- Je... je dois empêcher cette violence, poursuit-il. Je tiendrais une réunion demain et...

- Écoute Fenyx, je comprends ce que tu ressens. Mais ce que tu ne comprends pas, c'est qu'on ne peut pas avoir rien sans rien.

- Tu veux dire que la mort de ces gens est...

- Un dommage collatéral. Des années et des années de rancune. Il fallait que ça explose un jour, tu n'as été que l'étincelle qui a mis le feu aux poudres. Maintenant, on ne peut plus retourner en arrière. Pour que cela cesse il faut...

- Que les aristocrates tombent, complète Fenyx. Tu crois qu'il n'y aura plus de violence après ?

- Le peuple aura eu ce qu'il voudra, la paix sera de retour. N'en parlons plus, et n'y pense plus, tu as fait ce qu'il fallait.

Elle glisse une main rassurante autour de son bras. Fenyx lui lance un faible sourire, essayant de ne plus s'inquiéter. Il a des objectifs, il les accomplira. Ses parents paieront pour l'exil de l'être qu'il a aimé.

Gabriel dort toujours paisiblement.

- Alors, dit-il, comment se sont passés tes premiers jours de travail ?

- Je travaille beaucoup car la plupart des serveurs ont démissionné à cause des « perturbations » et j'avoue être un peu sur les rotules. Mais j'aime ce métier, le patron est sympa et surtout, j'attends un bon salaire...

- Vous allez pouvoir déménager de ce...

- Trou ?

Fenyx rigole. Salomé et lui sont sur la même longueur d'onde, l'un peut aisément compléter les phrases de l'autre.

- Évidemment qu'on partira, affirme celle-ci. Dès mon premier salaire, on file s'installer dans les quartiers bourgeois.

- Si vous voulez, vous pouvez déménager tout de suite. Ça ne me dérange absolument pas de vous avancer un mois de loyer.

- Il n'en est pas question Fenyx. Tu as déjà fait tellement pour nous, je me sens tellement reconnaissante...

- Ce n'est rien pour moi ! J'aimerais faire plus, crois-moi. Si tu veux, tu pourras me rembourser jusqu'au dernier centime si ça te fait plaisir mais ne restez pas encore un mois dans ce... trou. En plus tu seras plus proche de ton boulot.

Salomé semble réfléchir. Finalement elle capitule en soupirant.

- Très bien, avance-moi un mois de loyer. Mais seulement un mois et je te rembourserais avec les intérêts.

Fenyx lui adresse un sourire radieux.

- Tu as une idée d'où tu voudrais t'installer avec Gab ?

Il hésite à aborder la question du père de son ami, il sent que les relations sont tendues et que ça risque d'être un sujet sensible.

- Justement, j'étais en train de feuilleter ça tout à l'heure.

Salomé prend un catalogue sur la table basse et l'ouvre à une page cornée. C'est une annonce de location d'un trois pièces tout équipé. L'appartement est plutôt chic et se situe dans les quartiers ouest, à quelques arrêts de bus du travail de Salomé.

- Le loyer est abordable, déclare Salomé, c'est un peu moins de la moitié de mon salaire.

Fenyx fouille dans son portefeuille, en sort son chéquier. Il le remplit et le signe puis le tend à Salomé.

- Encaisse-le rapidement, d'ici lundi il risque de ne plus avoir grande valeur...

- Oui, Gabriel m'a raconté, dit Salomé en rangeant le précieux chèque, les larmes aux yeux. Je n'arrive pas à croire qu'on va enfin quitter cet endroit...

FenyxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant