Chapitre 9

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Elle ne le connaissait pas que depuis peu qu'elle semblait déjà avoir compris certains de ses aspects, trouvé les bons mots. Une simple illusion, mais l'effet était là. Il l'avait d'abord prise pour une fille timide mais au final elle parlait sans gêne, directe et semblait observer chaque fait et geste.

« Je me demande comment j'ai fait pour l'oublier la première fois, elle a un caractère très agréable. »


- Suga-senpai ? Tout va bien ?


Elle le dévisageait, légèrement penchée vers lui, les lèvres pincées et ses baguettes posées, elle avait cessé de manger.


- Euh... oui ? Pourquoi cette question ?

- Tu semblais dans la lune. Ce que j'ai dit t'as gêné ? Je suis désolée, je suis rarement subtile et c'est vrai qu'on ne se connait pas, s'excusa-t-elle en baissant les yeux.

- Tu n'as pas à t'en faire, j'ai été surpris, c'est tout. Mais pour ce qui est de se connaître ça viendra avec le temps, ne t'en fais pas. Tu m'en as déjà dis beaucoup sur toi alors je vais y mettre un peu du mien. Il serait temps qu'on attaque ce pour quoi on se retrouve, ajouta-t-il avec un clin d'œil.


Hatori approuva et ils finirent tout les deux leur repas.

Pendant que qu'elle sortait son matériel, Koushi s'était débarrassé de sa veste et s'échauffait brièvement ses poignets et le reste du corps. Il en profitait pour détailler un peu plus sa partenaire du moment. Moins d'un mètre soixante, des cheveux bruns, ondulés et volumineux qui partaient dans tout les sens, lui donnant un air d'enfant hyperactive ou de danseuse des rues constamment dans le vent. Toute cette masse capillaire cachait partiellement l'un de ses deux yeux gris, presque noirs mais avec de légers reflets bleus. Sa peau était légèrement hâlée, un peu sèche par endroits, dissimulée derrière quelques mèches et loin de la douceur apparente de la plus part de ses camarades de classes. Elle avait de petites mains mais ses doigts semblaient puissants, leur bout ayant plus de corne que les siens. La cause lui échappait, elle n'avait évoqué aucun attrait particulier pour un sport. Peut-être que ça venait de certains produits contenus dans des peintures ou des crayons dont il ignorait les subtilités ?
Leurs préparatif achevés, ils entamèrent leurs échanges. Ils procédaient par cycles de cinq mouvements, la jeune fille lui lançant la balle pour qu'il effectue ensuite une passe pour un attaquant imaginaire et après ces cinq essais, elle griffonnait ce qu'elle avait pu voir et analyser dans son carnet. De temps en temps elle lui demandait de reprendre une position, d'ajuster un bras, d'orienter son regard et il la renseignait sur les spécifiés et les buts de chaque mouvement. Elle lui posait aussi quelques questions d'ordre général sur le volley mais connaissait déjà bien ce sport, grâce à son frère comme elle le lui avait dit. Et d'une manière globale, ses lancés étaient plutôt bons, arrivant bien au-dessus de lui. C'était plaisant aussi de s'entrainer avec une personne pour laquelle il n'avait aucun à priori, aucune connaissance de son jeu. Même si les réceptions de Shouyou et Kei évoluaient sans cesse, en inconstante progression, il avait fini par s'adapter à leurs petites particularités. A ce moment présent, il était attentif à tout et l'ambiance en demi-entrainement lui permettait aussi d'analyser ses propres réactions.
Hatori lui apportait aussi un regard nouveau. Des enchainements, des gestes qu'il avait fini par intérioriser au fur et à mesure de les pratiquer étaient remis sur le tapis et sa vision était bien différente de celle d'un volleyeur. Elle faisait totalement abstraction du ballon, étant l'élément qu'elle pourrait modifier à sa guise dans son dessin, et se focalisait beaucoup plus sur les nœuds de ses muscles, les roulements des articulations, les plis des vêtements et ce qu'ils suggéraient en dessous. Le gris s'était déjà vu sur des photos ou des vidéos mais n'avait jamais songé à se regarder sous cet angle. C'était un point de vue qu'il trouvait tout aussi intéressant et qui pourrait peut-être même apporter quelques améliorations à ses observations futures.

Mais la pause touchait à sa fin et ils ne devaient pas trop trainer non plus s'ils ne voulaient pas être en retard pour leurs cours respectifs :


- Tout juste le temps que tu ranges ton carnet et que je passe au local déposer le ballon et on sera à l'heure, exposa Koushi.

- Oui, il ne faudrait pas qu'on se fasse surprendre par la sonnerie comme les dernières fois. Ça ira, tu n'as pas trop transpiré ?

- Non, ce n'était pas très long et mon corps refroidissait quand tu dessinais. D'ailleurs, tu me montreras la prochaine fois, je pense que ça peut être instructif.


Elle se raidit et serra son petit bloc sur sa poitrine.


- Oh la la, je pense que tu seras déçu. Ce ne sont que des gribouillis, beaucoup sont illisibles, je pense qu'il n'y a que moi pour comprendre ce genre de trucs, et ce n'est pas très beau à voir.


Gardant sa curiosité enfouit, il préféra jouer la carte de la légèreté, étant encore sur la corde sensible des découvertes de leurs limites. Il agrandi un peu plus son sourire et reprit d'un voix amusée.


- Nous verrons ça jeudi. Je devrais bien deviner quelques petites choses. J'espère plutôt avoir été un modèle à la hauteur de tes attentes.

- Bien au-delà même, se ranima-t-elle, tu as une fluidité que je ne retrouve pas chez mon frère, c'est un vrai bout de bois. C'est beaucoup plus plaisant à dessiner quand tout le mouvement suit la ligne d'effet.


Parler de courbe ou d'effet de balle, il pouvait s'en sortir. Mais il n'était pas sûr que les propos de la jeune fille se rapprochent de ces connaissances-là. D'autant que les minutes leur manquaient pour qu'il puisse lui en demander le sens.


- Je te crois sur ce coup, je n'y connais rien.

- Si, éventuellement, ça t'intéresse, possiblement, je peux essayer de t'expliquer quelques mots et techniques. Tu m'as bien expliqué quelques subtilités de la passe. Je ne suis pas douée dans beaucoup de sujets mais j'ai quelques bases sur celui-ci. Après si tu trouves ça inintéressant je comprendrais, ce serait normal.

- Non, au contraire, je suis curieux d'en savoir plus. Tu as une approche du volley différente de la mienne, cela peut être utile.

- Dans ce cas pose moi n'importe quelle question, je ferais de mon mieux pour y répondre.

- Je prends note pour les prochaines fois. Voici le local, tu peux y aller, je ne te retiens pas plus.


Pendant leur court échange, ils avaient poursuivi le regroupement de leurs affaires et si lui s'était naturellement dirigé vers un lieu connu, elle l'avait suivi, attentive à ses pas.

 

- Tu ne me retiens pas, je reste de mon plein gré, lui sourit-elle.

- Tes amis ne vont pas s'inquiéter ?

- Sur ce point-là... pas vraiment non, hésita-t-elle.


Il ne poussa pas plus loin, acquissent en fouillant dans sa poche à la recherches des clés que lui avait confié Takeda. Une fois celles-ci trouvées, la porte ouverte et le ballon rangé, ils s'orientèrent vers les bâtiments éducatifs. Dans la continuité, ils changèrent rapidement sur ce qui les attendait, sortant un peu plus du cadre initial de leur entrevue : histoire pour le plus grand et littérature pour l'autre. Au pied d'un escalier, ils s'arrêtèrent, Koushi devant le gravir pour rejoindre sa classe.


- Merci pour aujourd'hui, je pense pouvoir partir sur de bonnes bases, commença-t-elle avec une légère courbette.

- De rien et merci à toi aussi, un peu d'entrainement en plus ne fait pas de mal.


Il inspecta brièvement les alentours avant d'ajouter.


- On se retrouve jeudi pour un nouveau midi alors ?

- Oui s'il te plaît. Et... est-ce que tu pourrais envoyer un messager la veille pour confirmer aussi ?

- Je le ferais mais nous pouvons discuter en dehors de ces rendez-vous aussi. Autant profiter d'avoir nos mails autre que pour ces confirmations.

- Uniquement si ça ne te dérange pas, tu dois avoir autre chose à faire que de parler avec une première année.


Une drôle de sensation le reprit, comme lorsqu'elle avait hésité devant le local sur ses amis. Mais encore une fois, par peur de froisser ou d'être trop intrusif, il ne releva pas plus et orienta le dialogue.


- Aie un peu confiance, je sais m'organiser et tu n'es pas si insignifiante non plus. Si j'en parle c'est que c'est possible.

- C'est surement vrai, pardon d'avoir mis en doute ton organisation, bafouilla-t-elle avec un petit rire nerveux. Dans ce cas à jeudi ou peut-être par messages avant.

- Passe une bonne après-midi, conclu-t-il avec un dernier signe de la main avant de se hisser sur les première marches.

Déploiement |Haikyuu FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant