Chapitre 127

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Les pas s’enchainaient, les espèces aussi, et elle ne semblait pas sentir une once de fatigue, que ce soit ses jambes ou ses zygomatiques. Quand bien même ils avaient les indications sous les yeux, elle se plaisait à tout lire à voix haute, commenter la moindre petite chose qu’elle voyait, comme si le dire lui permettait d’ancrer mieux dans sa mémoire.


- Hatori, on va finir par se prendre quelqu’un à force de changer de direction tous les mètres.


Elle n’avait pas lâché sa main, l’entrainant et le trainant dans son sillage.


- Mais on n’aura pas le temps de tout voir, protesta-t-elle.

- Je t’assure que si, il nous reste encore cet après-midi et le parc ne va pas s’enfuir. Si on ne fait pas tout aujourd’hui, on y reviendra, promis.

- Mais dans combien de temps…


Il se le demandait aussi. Une occasion de journée à deux n’allait pas se représenter de sitôt, la fin d’année était proche, ils allaient bientôt être plongés dans les révisions des examens de fin de trimestre. Un peu plus tard, ce seraient les résultats des concours universitaires et la préparation de la rentrée. La remise des diplômes passée, elle avait déjà annoncé qu’elle repartait dans la préfecture de Fukushima. Pour la suite, selon l’endroit où il était admis, leurs emplois du temps seraient trop différents et les distances plus aussi négligeables. Un jour le sujet viendra. Mais plutôt que d’anticiper encore les évènements, mieux valait profiter de ceux qu’ils vivaient.


- Je ne sais pas Hatori. Mais pour savoir si on doit revenir, il faut d’abord finir cette journée, tu ne crois pas.


Elle répondit à son sourire par une expression encore un peu soucieuse mais la lumière dans ses yeux était revenue.


- Dans ce cas on peut aller voir le parc des autruches ? Tetsu n’arrêtes pas de me dire que j’applique leur politique. Je trouverais bien quelque chose pour le charrier en les voyant.


L’idée ne lui déplaisait pas non plus.


- Ça me va, on pourra aller voir les hyènes ensuite, je suis sûr qu’il s’entendrait bien avec elles. Après tout, il a déjà leur rire.


Et celui de la jeune fille lui répondit en concert.


Ils mangèrent sur les coups de quatorze heure, préférant attendre pour être certains de trouver une table. Elle avait tenu à faire leurs bentos, et face à sa cuisine plus qu’appréciable, il avait cédé un peu trop facilement et avait savouré l’instant, tout en se promettant de rembourser sa part dès que possible. Était venu ensuite le tour pour certains animaux de se faire nourrir, ils avaient donc pu apprécier aussi l’animation dans les parcs de marsupiaux. Et tout le temps de celle-ci, ses yeux avaient fait des aller-retour entre le soigneur et ses feuilles.

Elle avait finalement sorti l’un de ses carnets, profitant d’avoir trouvé un banc non loin, et traçait traits sur traits. Voutée et précairement installée, ses pages se noircissaient de plantes, de corps, de fruits et de poils. Elle allait rarement au bout de ses esquisses, passant impatiemment à la suivante. Elle tourna une feuille, puis une seconde et il cessa de compter avant la fin, préférant retenir sa moue concentrée. Les lèvres pincées, sa langue parfois les dépassait pour les humecter quand son crayon ne s’y posait pas brièvement. Les sourcils froncés, elle ne portait pas attention à lui, pas plus qu’à leurs corps collés. Il avait bien du lâcher sa main pour qu’elle tienne la reliure, mais la zone était sujette aux bourrasques, il gardait un peu de sa chaleur en positionnant leurs épaules proches, un peu penché sur la sienne pour mieux voir ce qu’elle faisait. Le spectacle animalier était fascinant, mais il préférait encore le voir au travers de ses yeux.


La démonstration finie, elle ne bougea pas d’un cil, poursuivant ses observations de leur enclos. Son attention était maintenant toute tournée sur l’un des arbres aménagés où un petit être brun finissait de décortiquer la chaire d’un kaki. Ce ne fut que lorsqu’il fuya son champ de vision pour aller faire une sieste à l’abri du feuillage qu’elle sembla sortir de sa transe.


- Oh, c’est déjà fini ?


La question fut si innocente que Koushi ne put s’empêcher de pouffer.


- Ça fait bien quinze bonnes minutes, nous sommes les derniers.

- Ah…oui, constata-t-elle en avisant les alentours. Et maintenant ? Il nous reste quoi ?

- Les aquariums. Ensuite on aura fait le tour et il restera un peu de temps si tu veux retourner voir l’un des animaux.

- Dans ce cas ne trainons pas. Je ne sais pas encore lequel, mais on refera un tour pour en voir un.


Elle fourra ses affaires dans son sac avant de bondir sur ses pieds, tendant la main vers lui.


- Dépêche-toi, on y va.


Il ne se fit pas prier pour nouer ses doigts aux siens, constatant que leur bout était froid d’avoir été exposé aux bourrasques, et ne pu résister à lui lancer une petite pique.


- Dit celle qui avait oublié ma présence il y a cinq minutes.


Elle ne trouva pas de réponse et préféra le tirer en lui tirant la langue.

« Une enfant » pensa-t-il. Mais dieu qu’il aimait cette simplicité avec laquelle elle le faisait rire d’un rien.


Ils ne refirent finalement pas ce dernier tour du parc, elle était restée trop longtemps émerveillée devant les couleurs des méduses. « Rien à voir avec les documentaires animaliers » avait-elle dit.

Il la vit lancer un dernier regard en arrière après avoir passé les portiques de sécurité, serrant un peu plus la lanière de son sac.


- On reviendra, je te l’ai promis.


Son pouce caressait le dos de sa main, dessinant de léger cercles. Elle tourna brièvement la tête vers lui avec un maigre sourire que ses yeux ne reflétaient pas, reportant rapidement son regard sur la station qui se profilait devant.
D’eux deux, c’était visiblement elle qui y pensait le plus. Cette fin, cette séparation de leurs chemins, cette pause qui pouvait ne jamais reprendre. Elle qui pouvait avoir des accès d’une affection qu’elle avait tant à donner se trouvait parfois plongée dans une vulnérabilité qui lui fendait le cœur. Ils étaient proches, bien plus qu’ils n’auraient peut-être dû. Mais les choses étaient faites, il ne regrettait pas sa chance et s’emploierais à ce qu’elle reste avec lui encore un peu, ajoutant ce qui serait bientôt de doux souvenirs.


- Hatori…


Il s’arrêta et saisit son menton de sa main libre.


- Je te l’ai promis, d’accord ? Je n’oublierais pas. Et puis sinon, tu pourras toujours me gronder et me taper avec ça. Je devrais pouvoir survivre.


Il ôta son sac de son dos pour y glisser un bras et en tirer un petit paquet aux motifs de tigre qu’il lui tendit. Etonnée et incrédule, elle fronça les sourcils en ouvrant la bouche. Bouche qu’il ferma aussitôt d’un doigt, lui posant le présent sur la poitrine.


- Proteste autant que tu veux, c’est à mon tour de te faire un cadeau. Une petite trace d’aujourd’hui.


Et si elle ne l’ouvrit pas tout de suite, gênée et tradionnelle, il eut le plaisir de recevoir une photo d’une adorable peluche poilue posée sur le coin de son bureau, avec sa petite carte à côté.

« Tu n’es peut-être pas une autruche, mais tu es un drôle d’oiseau. »


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Hello à vous petits aventuriers!

Du mignon gentil encore ~ Petit passage  animalier et un peu foutage de gueule de certains personnages :') (et Einestasia est à l'origine de l'un :'))
Mais on aime bien se moquer un peu d'eux, gentillement ^^

Vivement le WE! A bientôt !

Déploiement |Haikyuu FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant