Déploiement |Haikyuu FF|

Chapitre 88

Elle était vidée. De ses pensées, de son énergie, de tout ce qui aurait pu l'accrocher à la réalité. Elle avait senti ses jambes défaillir peu de temps après le coup de sifflet final et remerciait ses mains d'être bien restées accrochées nerveusement à la barrière. Elle avait à peine entraperçu Daichi se jetant dans les bras du numéro trois alors que Koushi avançait lui aussi fébrilement vers eux. Hitoka manquait d'étouffer à côté d'elle dans ceux de Saeko qui la secouait comme une poupée de chiffon puisque la manageuse était trop choquée pour se serait-ce que maintenir une quelconque tension dans son corps. Et si la plus grande ne l'avait pas prise immédiatement, Hatori n'était pas sûre qu'elle aurait eu la présence d'esprit de vouloir rattraper sa camarade.

Elle était sonnée. Par la fournaise ambiante, les cris et les pleurs, son propre cœur qui battait trop vite à ses tempes. Elle en tremblait. Elle ne sut même pas comment elle put se remettre debout, juchée sur les spaghettis qui lui servaient de jambes. Peut-être parce que quelqu'un l'avait un peu tiré par le bras. Makoto avait probablement dû s'inquiéter de la voir rester au sol. Et maintenant qu'elle avait repris une position droite, elle découvrait le nouveau visage du stade.

Les supporters de Shiratorizawa dégoutés, leur équipe d'un calme surprenant face à leur coach qui avait toujours la même expression fermée. Un peu plus proche c'était leurs propre professeur et entraineur qui étaient assis sur le banc avec Kiyoko, reprenant leur contenance tant bien que mal, probablement ravis d'être assis.

Et en contrebas, c'était l'équipe au complet, alignée face aux gradins, les cheveux en désordre, les yeux aussi brillants de larmes que de fierté, le souffle encore court mais le sourire aux lèvres. Parcourant les joueurs, son regard plongeait toujours un peu plus dans l'instant présent. Et arrivée au numéro deux, elle marqua un arrêt.

Le bronze de ses iris était rivé sur elle, consciemment ou non, elle se sentait autant ciblée que traversée par leur intensité. Elle ne se rappelait pas avoir un jour pu observer un tel éclat dans ces orbes. Elle ne se rappelait de rien tout court, absolument happée par la profondeur du métal, lumineux, lisse, concentré. Elle l'avait longtemps admiré ces reflets, détaillé les irisations des touches corail et chocolat. Elle pensait le connaitre par cœur à force, pouvoir le décrire et le retranscrire sans le moindre doute.

Et pourtant tout venait d'être balayé en une fraction de seconde.

Seconde qui devait être plurielle au vu de la grande inspiration qu'elle prit à la rupture du contact lorsque le gris se baissa avec les autres pour les saluer. Elle ne s'était même pas rendu compte que son cœur avait accéléré une fois de plus, rendant sa respiration trop faible pour ses besoins. Et s'il ne se décidait pas à ralentir le rythme, elle était certaine que toute personne proche d'elle penserait qu'elle avait un tambour dans la poitrine qui battait une mesure effrénée.

Le temps de la remise des médailles ne fut pas de trop pour réussir à le calmer.

- Gagné... Ils ont gagné... répéta Hitoka que Saeko avait fini par lâcher, Ils vont aller aux nationaux... Ils sont les représentants de la préfecture.

- Oui... C'est... incroyable...

- Il... il faudrait peut-être descendre ? Les rejoindre... Il faudra s'occuper des affaires.

- Oui... ils ne vont peut-être pas s'attarder. Ils doivent être épuisés.

Récupérant elle-même son sac abandonné sur son siège, ses yeux se posèrent sur son téléphone et une soudaine idée lui traversa l'esprit.

S'emparant de l'appareil, elle tapa rapidement la finalité de la rencontre en joignant une photo du tableau des scores à son frère. Elle lui avait promis le matin même qu'elle le tiendrait informé au plus vite, il n'avait pas pu se rendre disponible pour voir la retransmission. Et même si le vainqueur était maintenant connu depuis un bon moment, il ne lui en voudrait probablement pas de s'être laissé le délai de savourer en direct les effusions de joie. Et dans ses dernières conversations, elle accrocha deux autres noms. Une petite modification de son précédant texte et la même image, deux autres messages venaient de partir.

Elle ne pu même pas remettre l'objet dans sa poche initiale qu'il se mettait déjà à vibrer dans sa main. Et les caractères affichés à l'écrans n'étaient pas ceux qu'elle aurait pensé revoir aussi vite. Même si après réflexion, une facette de la personnalité de Tooru faisait qu'il était souvent sur son portable. Elle ne pu contenir un léger sourire en parcourant sa réponse.

« Je sais »

Elle n'eut aucun mal à deviner pourquoi, répondant elle aussi dans la foulée.

« Merci d'être venu. »

Il était évident qu'avec l'appui de ses dires de la veille, il n'allait pas se contenter de la diffusion en direct sur les chaines locales. Il était trop impliqué pour ça. Et elle pouvait aisément l'imaginer former une sorte de moue boudeuse, un peu frustré qu'elle l'ai percé à jour si facilement, passablement déçu qu'il ne puisse pas jouer un peu avec elle. Il ne lui en donnerait peut-être pas la confirmation, mais elle en était certaine.

- Sei ? Tu viens ? demanda Hitoka en haut des marches.

- J'arrive oui, répondit-elle en fourrant l'appareil dans son sac.

- Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ? poursuivit-elle alors que la brune arrivait à sa hauteur.

- J'imagine simplement un futur dessin. Quelqu'un qui bouderait parce qu'il n'a pas réussi à garder son secret.

Elle n'ajouta rien de plus, suivant le mouvement du petit groupe pour aller retrouver les joueurs.

Ces derniers ne retinrent pas leurs exclamations ravies et réitérèrent leurs remerciements en les voyant arriver. Et si la jeune fille se dirigea vers ses camarades de classe pour les féliciter encore une fois et repasser les actions des deux garçons, ça ne l'empêcha pas de bien sentir un regard dans son dos.

Il y avait un temps pour tout et ce n'était pas celui des discussions sérieuses et réflexives. Elle pour sa part ne s'en sentait pas la force. C'était évident qu'elle aurait dû la repousser, l'émotion qui allait l'envahir aujourd'hui allait sans aucun doute consumer une grande partie de son énergie et il en était de même pour lui. Repousser encore était un peu décevant, mais elle ne se sentait plus à vingt-quatre heures près, d'autant que certaines choses méritaient encore qu'elle s'y concentre un peu plus que les fugaces pensées accordées.

Elle fu invitée à se joindre au groupe au restaurant et face au regard insistant des deux manageuses, elle ne put décliner. Nyakusan allait encore devoir attendre avant qu'elle ne lui retrace le match. Cela ne l'inquiéta pas outre mesure, plus occupée par le fait de retenir Shouyou avant qu'il ne s'écrase dans son assiette et propulse la moitié de son contenu sur ses voisins avec la force de l'impact. Avec ça, elle devina sans mal pourquoi les filles avaient semblées si soulagées d'obtenir son accord. Si s'occuper des garçons lorsqu'ils débordaient d'énergie n'était pas une mince à faire, elles ne pouvaient pas non plus se relâcher lorsqu'ils étaient vannés. Ça forçait de nouveau l'admiration que Hatori avait pour elles.

Le diner ne s'éternisa pas, tous autant crevés qu'ils étaient, les joueurs avaient pour seul hâte de rentrer chez eux et se vautrer allègrement dans leur lit. Chose que la dessinatrice souhaitait aussi. Ses deux courtes nuits cumulées se faisaient bien sentir. Elle dit au revoir au petit groupe, les félicita encore, remercia son professeur de lui avoir permis d'assister aux matchs, leur souhaita une bonne nuit et entama son propre trajet seule.

Du moins avant que des pas ne se fassent entendre derrière elle.

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Hello a vous petits aventuriers!

À la fin de l'écriture de tous ces chapitres je me suis senti un petit peu comme Hatori : HS :') La suite sera moins sportive (sauf peut-être pour vos cœurs mais ça je n'y peux rien... ou peut-être que si?)
Encore une fin a suspense, c'est pour ne pas perdre l'habitude ^^

Bon week-end à vous, la réponse sera la semaine prochaine ;)