Déploiement |Haikyuu FF|

Chapitre 121

Encore une attaque contrée, elle avait cessé de les compter. Karasuno s’accrochait sur des fautes, des services, des attaques feintes ou rapides de Shouyou, mais ça faisait bien longtemps que Asahi n’avait pas marqué. Et à voir la tête d’enterrement qu’il tirait, ça lui pesait énormément.

- Je comprends pourquoi tu as fait blockeur toi, lâcha Hatori à l’adresse de son voisin. Tu aimes trop bâcher les gens et les mettre en galère, c’était un poste bien pour toi.

- Ce que tu dis c’est que les centraux sont des sadiques là, riposta-t-il. Sympa pour ton ami-d’enfance et votre petit numéro 10.

- J’ai dit que ça te concernait, pas que les autres étaient dans le même sac.

Elle voulait le narguer pour se détendre un peu, elle s’était fait rembarrer en beauté.

- Aller, tire pas cette tête, dit-il en lui ébouriffant les cheveux, tu vas concurrencer le pointu. D’autant que tu as un peu raison, j’aime bien faire ça, mais tout central le fait. Même Hinata. Je dirais même que je ne vois pas mieux que lui pour mettre des gens en rogne au vu de sa taille, sa technique et pourtant la rafale de point qu’il peut marquer.

Sous cette nouvelle approche, elle lui donna raison. Même pendant les entrainements, elle avait déjà entendu d’autres joueurs pester gentiment sur ses capacités physiques et le duo infernal qu’il constituait avec Tobio. Et si le concerné semblait ne pas en avoir conscience, c’était pourtant de son fait qu’elle avait vu les plus belles expressions de frustration chez leurs adversaires. A l’exception peut-être de Tooru qui faisait lui un fixette sur son cadet du collège.

Le sifflement du second temps mort venait de retentir pour Karasuno, après la prise d’avance de Kamomedai sur le score de 16 à 17. Et le numéro 3 ne cessait de s’assombrir.
Du moins jusqu’à ce que Daichi et Koushi ne se mettent à lui parler. Elle ne savait pas ce qu’ils lui disaient, probablement des boutades, des bêtises et quelques phrases bien salées dont ils avaient le secret pour leur ami, mais ces quelques mots eurent visiblement le meilleur des effets. Elle cru même voir l’esquisse d’un sourire alors que le Shouyou s’agitait encore dans tous les sens, braillant quelque chose à propos d’une objection et de cent ballons. Décidément, il ne semblait jamais fatigué.

Quelques secondes après la reprise du match, elle senti le coude joueur de son voisin venir titiler ses côtes. Il n’en loupait pas une. Il n’avait pourtant pas besoin de le lui faire remarquer, elle ne lâchait pas le terrain des yeux et pouvaient donc difficilement manquer que le numéro 2 venait de rentrer.

« Un jeu en 4-2 » se remémora-t-elle. « Deux passeurs, deux styles de jeu, deux fois plus d’informations mais surtout un peu de repos pour Kageyama. »

C’était ce que lui avait dit Koushi par mails lors qu’elle lui avait demandé des détails sur les postes, un soir après qu’elle eut assisté à l’entrainement. Quand elle avait entendu Hitoka et Kiyoko parler de formations, elle avait cru s’être retrouvée plongée en plein cours de maths tant il y avait de chiffres. Entre les échanges de place pour prendre le poste, les subtilités dudit poste et ses contraintes, elle avait été totalement perdue. Elle s’était toujours demandé pourquoi certains joueurs bougeaient tout le temps, échangeaient leur place avec d’autres à longueur de match. Elle avait d’abord pensé au faite que c’était un peu la « zone préférée » de chacun sur le terrain puis avait finalement abandonné au fil des matchs en les voyant mettre toujours un peu plus sa logique à mal.

Et si elle se perdait parfois encore, elle avait au moins saisi certains points d’un jeu à deux passeurs. Cela enlevait certes un peu de force d’attaque puisqu’un attaquant sortait, mais le passeur titulaire se retrouvait pénétrer la zone des trois mètres une ou deux fois de moins. Ce n’était pas grand-chose, mais sur l’ensemble des sets, ces quelques mètres pouvaient peser dans la balance de la fatigue physique. Et si les attaques du pointu n’aboutissaient pas, ils étaient maintenant un peu plus assurés en défense. L’expérience parlait.