Chapitre 83

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A présent seul dans le salon, Takumi soupira longuement. Si longtemps qu'on aurait pu croire que son âme allait s'évaporer dans l'air ambiant.

Hatori était monté depuis déjà quelques minutes. Il avait pris le temps de s'assurer qu'elle ne redescendrait pas avant de relâcher petit à petit les muscles contractés de son visage. Cette conversation l'avait épuisé. Et elle n'était pas la dernière.

Lorsque son ainé l'avait appelé aux dernières vacances d'été, il n'aurait pas pensé que c'était pour lui annoncer que sa fille était dans un camp de volley. Ichihiko avait alterné entre un agacement prononcé qu'elle ait choisi Tetsuro à sa place, et quelques minces excuses de ne pas avoir eu les arguments pour qu'elle renonce à cette idée. Le commercial l'avait laissé vider son sac avant de ne se mettre à faire des commentaires.

Il avait rassuré et temporisé son fils quant au fait que Hatori l'avait vu six mois auparavant alors qu'elle était plus proche des deux ans et demi sans nouvelles pour son ami de bêtises et d'exploration. Avec une séparation proche à durée incertaine, il pouvait être entendable qu'elle veuille profiter de lui. Tout les deux avaient grandi ensemble dans la paille et les petits cours d'eau lors de leurs retrouvailles estivales. Un lien fort s'était créé sous les rayons du soleil de l'été et une relation d'impatientes retrouvailles l'année d'après se consolidait à chaque saison. Surement envahie par un sentiment semblable, la brune n'avait probablement pas cherché plus loin que retrouver l'euphorie et l'adrénaline de ces moments passés. Et le paternel reconnaissait sans l'avouer que l'option « vacances enfermée dans l'appartement » n'avait rien d'attrayant pour une jeune fille habituée à passer ses journées d'aout en extérieur, au milieu des rizières et des rivières.

La réassurance avait pris un peu plus de temps. D'abord expliquer qu'il n'était pas maitre de toutes les situations et que cela était normal. Que même s'il avait demandé de garder un œil constant sur la seule présence féminine de la famille, il ne s'agissait pas d'une surveillance en 24h/24. Aucun ne devait mettre sa vie en pause pour les autres.

Il avait toutefois pris la liberté de mettre en place certaines choses de son côté. Il avait obtenu de l'école le numéro de portable des responsables du camps ainsi que les noms des autres écoles participantes. Répétant l'opération, il avait regroupé tous les contacts nécessaires et avait immédiatement envoyé un mail aussi bien reconnaissant que de mise ne garde sur la prise en charge de sa fille au vieux professeur supervisant l'équipe hôte de Nekoma. La promesse d'être tenu informé à la moindre chose imprévue avait quelque peu rassuré ses pensées.

Il avait répété le procédé à chaque fois que la jeune fille était partie pour la capitale le temps de quelques jours. Et à chaque fois, une réponse qui se voulait rassurante lui parvenait.

Mais au cours des derniers mois, ce n'était pas la seule chose qui était parvenue à ses oreilles. Au retour d'un match des phases de qualification, c'était son benjamin qui lui avait rapporté l'échange houleux qui s'était tenu entre les quatre plus jeunes. Et après avoir brièvement résumé l'état de nerf dans lequel avait fini Hatori et les reproches qu'il avait lui-même fait après des deux étudiants, il avait fini complètement perdu. A l'autre bout du fil, la voix mal assurée de Nyakusan n'avait eu de cesse de remettre en question le comportement qu'il avait adopté. Le père avait entendu tour à tour son fils honteux d'avoir « désobéi » comme il l'avait dit mais aussi assuré et fervent défenseur de sa sœur. Et lorsque l'homme avait rappelé sa plus grande mise en garde, la réponse implacable du collégien lui était revenue tel un coup de poing :

« Je veux bien veiller sur elle, mais pour la surveiller autant qu'elle finisse en prison. Au moins là-bas elle sera observée autant que ceux qui doivent l'être. »

Déploiement |Haikyuu FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant