Déploiement |Haikyuu FF|

Chapitre 78

Sa petite entrevue avec Wakatoshi avait eu comme seul mérite de le mettre encore plus sur les nerfs. Franchement, ce gars choisissait vraiment les pires moments pour venir l'ennuyer. Il en avait presque oublié que Hatori allait le rejoindre. Et il aurait totalement pu passer à côté d'elle sans s'en rendre compte si elle n'avait pas inspiré profondément pile à ce moment. Il avait d'abord pensé qu'elle voulait le voir pour lui réciter les éternels « c'était un beau match » ou « vous vous êtes battus jusqu'au bout ».

Qu'elle ait entendu son entrevu avec l'ace l'avait un peu surpris mais c'était sans compter sur tout ce qu'elle en avait visiblement retenu. A savoir qu'il avait bel et bien dit que Karasuno n'était pas un adversaire que Shiratori pourrait vaincre sans difficulté, si ce n'est vaincre tout court. Ils n'étaient plus les mêmes qu'il y a quatre mois et ça, Tooru pouvait en témoigner mieux que quiconque.

Leur défaite était encore trop fraiche pour que la seconde vague ne le submerge et les bafouillages de la jeune fille venaient encore de repousser ce moment. Il devrait peut-être même la remercier pour cela, au-moins pourrait-il être un capitaine opérationnel tout le temps du trajet du retour.

- Tu avais quelque chose à me dire pour vouloir autant me retrouver maintenant ? demanda-t-il de sa voix suave, conscient qu'il ne pourrait de nouveau pas s'éterniser sans que Hajime ne soit suspicieux.

- Que... oui ! D'abord encore merci pour tout à l'heure. Tu étais pressé et pourtant tu as pris du temps pour me rassurer. Et... ça a plutôt bien fonctionné. Je ne sais pas trop comment ça va se passer ce soir mais je sais que je ne suis pas seule, que certaines personnes croient en moi et que je ne peux pas déjà partir défaitiste, au moins par respect pour eux et parce qu'ils ne sont peut-être pas assez fous pour croire en une cause perdue. Et je voulais aussi te dire que tu as été formidable.

Elle souffla comme un tic sur une mèche qui lui chatouillait la joue.

- C'est surement pas la chose la plus juste à dire, ni la plus inattendue mais je voulais quand même que tu le saches. Lors du match des inter-lycées, je connaissais encore moins le volley que maintenant et je te connaissais moins aussi. Aujourd'hui, j'ai pu apprécier un véritable spectacle que vos deux équipes donnaient. Je ne suis toujours pas spécialiste et je ne le serais surement jamais mais je pense que si j'ai envie de le dessiner, c'est que c'est plutôt pas mal. Et c'est aussi pour ça que je voulais te voir. Tu m'avais demandé un dessin lorsque l'on s'était croisés un soir et je ne t'avais jamais vraiment répondu puisque je ne savais pas comment est-ce que j'allais pouvoir t'imaginer. Je manquais d'éléments. Mais en te voyant aujourd'hui j'ai trouvé. Je sais comment je vais te dessiner Oikawa-senpai ! conclu-t-elle les yeux brillants.

Lui ne savait pas trop quoi en dire. Elle l'avait déjà remercié pour ce petit moment d'entre-set et il était satisfait de constater qu'elle semblait aller encore mieux que tout à l'heure. Elle ne s'était pas éternisée sur le match non plus, pour son plus grand soulagement. Quant au faite qu'elle lui annonce avoir trouvé l'inspiration pour une demande vieille de plusieurs semaines qu'il avait fini par légèrement oublier aussi, il aurait pu être plus expressif dans d'autres circonstances. Il se retrouvait donc un peu bête face à elle, son cerveau fatigué cherchant à enregistrer les informations pour qu'il puisse adopter la réaction la plus adéquate. Réflexion qui avait peut-être un peu trop durée puisqu'il la vit perdre progressivement son sourire qui s'était mu en une grimace douteuse.

- Tu... ce n'était peut-être pas le bon moment. Je sais que c'est insignifiant mais si au moins j'avais pu t'arracher un sourire, même un faux, c'était déjà pas mal. Tu es définitivement meilleur que moi pour trouver les mots justes.

Si en plus de ça elle lui faisait des compliments sur une base d'excuse, il allait longtemps rester à la regarder avec des yeux de merlan frit. Heureusement pour lui, il savait se reprendre rapidement. Aussi, il enchaina rapidement un sourire étincelant en basculant tout son poids sur une jambe, stabilisant une position que son meilleur ami décrivait comme « diva ».