Chapitre 73

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Hatori se tortillait sur son siège, ses mains froissant et défroissant un coin de page de son carnet. Elle était encore seule à sa place, les autres n'étant pas encore arrivées et Hitoka occupée en bas avec l'échauffement des garçons. Dans un sens, elle était plutôt ravie de la situation. Au moins pouvait-elle essayer de se redonner une contenance avant que quelqu'un ne lui fasse une quelconque remarque. Mais encore fallait-il réussir à démêler toutes ses pensées qui s'accumulaient depuis la veille.

Ça avait commencé dès qu'elle était rentrée chez elle. Elle avait franchi la porte avec encore son sourire des matchs de la journée et des étoiles dans les yeux tant les spots avaient éblouit les terrains. Mais une inquiétude était vite apparue, à la seconde où elle avait entendu la voix de son père s'élever du salon, lui demandant de les rejoindre. Elle n'avait jamais craint son père mais il était de ces personnes qui pouvaient imposer leur présence sans être visibles, seulement en quelques mots. Après avoir ôté ses chaussures, elle s'était dirigée vers le salon pour y trouver toute la famille réunie, à l'exception de Ichihiko. Nyakusan regardait le sol, assis sur le canapé entre les deux autres qui avaient croisés les bras et l'avaient fixé sitôt qu'elle était apparue dans leur champ de vision. Et de sa position, elle ne voyait que la nuque de son paternel, raide et droite, partiellement masquée par le col de sa chemise. Elle l'avait contourné pour venir se placer en face de lui, dans le second fauteuil et frissonna en sentant la lourdeur de l'atmosphère lui retomber dessus.

Aussi fut-elle décontenancée par la première phrase qui passa ses lèvres :

« A qu'elle heure rentres-tu demain ? »

Elle n'en n'avait à vrai dire aucune idée. Ce n'était pas le genre de chose qu'elle pouvait contrôler, ce n'était pas elle qui affrontait Seijo, donnait les directives, pouvait changer le cours du match.

Alors elle articula un simple « je ne sais pas », la phrase la plus plausible et courte qu'elle pouvait sortir.

Quelque chose lui avait soufflé de rester sobre dans ses propos, que cette réunion de famille allait être compliquée à beaucoup d'égards. Ses yeux étaient restés fermement posés devant elle, un point invisible derrière son père qui avait pour sa part porté son regard sur ses fils, faisant quelques aller-retours avant de revenir sur elle.

« J'aimerais te parler plus longuement demain à propos du lycée. Aujourd'hui il est trop tard et j'ai des choses à régler avec les garçons. Ne traine pas trop sur le chemin du retour. »

Elle lui avait répondu d'un hochement de tête et s'était levée, ayant compris qu'elle n'était pas conviée à l'éminente discussion. Elle avait déposé son bento vide sur la paillasse en passant pour rejoindre l'entrée puis l'étage, où elle avait fini la soirée, trop préoccupée pour s'occuper de son estomac.

La nuit ne lui avait pas porté conseil, elle n'avait cessé de se passer en boucle les différents scénarios de ce qui pourrait se passer à son retour. Son père voulait lui parler et son ton lui intimait qu'il plancherait sur un sujet sérieux.

Et en dehors de ses notes, pour lesquelles elle s'efforçait d'être honorable, elle n'avait vu qu'un seul point qu'il pouvait soulever. Il était au courant qu'elle côtoyait des gens, elle le lui avait dit au téléphone. Elle ne se souvenait plus si elle avait précisé que c'étaient les membres du club de volley masculin mais il devait s'en douter puisqu'elle les avait accompagnés lors de leur dernier week-end à Tokyo. Etait-ce de cela dont il voulait parler ? Voulait-il se renseigner sur eux ? Lui interdire de les voir ? Ou alors il savait qu'elle n'allait pas en cours et allait les voir aux matchs ? Ses notes n'avaient pas chuté et l'accord qu'elle avait passé avec Takeda était clair là-dessus. Ou puisqu'il trouvait que les garçons ne pouvaient plus assurer sa sécurité, il allait la changer d'école ? Peut-être aller à Tokyo rejoindre Nekoma pour charger Tetsuro de veiller sur elle ? Ou carrément un pensionnat pour filles ? Pourrait-elle encore avoir son téléphone pour avoir contact avec ceux de Karasuno ? Et Koushi ? Elle lui avait promis que tout irait bien, qu'elle réussirait à trouver un terrain d'entente avec sa famille. Si elle partait, ce serait surement brutalement et elle ne pourrait pas forcément le lui dire. Et plus les scénarios s'étaient enchainés dans son esprit plus ils lui avaient paru plausibles. Elle n'en dormi quasiment pas.

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