Chapitre 99

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Il lui sembla que ses mots avaient ricochés sur les murs environnants, il en eut l’impression de se les reprendre de plein fouet à peine sortis.


- Jaloux ? répéta-t-elle avec hésitation.


Oui il avait été jaloux et l’était encore maintenant.

Il en avait honte déjà dans sa tête, maintenant qu’il l’avait rendu audible, il trouvait ça parfaitement ridicule. Il avait sur-réagit, partant au quart de tour sur des propos et des attitudes qui étaient des plus banals pour Hatori et Tooru. Ne pas se préoccuper des contacts et de leur gêne faisait partie d’elle et flirter était presque une seconde nature chez lui. C’était naturel. C’était eux. C’était surtout elle et il se sentait coupable de ne pas l’avoir compris tout de suite. Sa simplicité et sa spontanéité faisaient parties d’elle. C’était parmi les trop nombreuses choses qu’il aimait chez elle mais à ces instants, il les lui avait reprochés. Et il se refusait le droit de la regarder tant qu’il n’aurait pas au moins exprimé les milles pensées qui comprimaient son cœur.


- Oui. acquiesça-t-il timidement. C’est pitoyable, je m’en rends compte maintenant mais je n’ai pas pu m’en empêcher. Vous voir si proches, j’aurais dû en être heureux, tu côtoies tant de personnes différentes, mais tout ce que j’ai pensé sur le moment était que j’étais en colère. Que vous soyez si proches, je ne m’y attendais pas. J’étais égoïste de penser que nous avions une relation particulière. Ce fut peut-être la cas à un moment puisque ton entourage était bien plus réduit mais maintenant… Tu as pu changer, notre discussion remonte à loin maintenant et tant de choses se sont passées depuis. Alors peut-être que…


Au fil de ses aveux, une nouvelle pensée c’était formée dans son esprit. Elle avait réussi en un instant à lui tordre les entrailles encore plus que son emportement l’avait fait. Il s’était naïvement dit que tout irait bien une fois qu’ils auraient réglés leurs problèmes mais visiblement ils ne se compliquaient pas suffisamment la vie eux même. Le destin, ou quel qu’il soit, devait apprécier lui incruster des angoisses qui ne partaient de bien trop peu pour que ça ait un si grand impact en temps normal.

Mais il remerciait aussi le ciel de lui permettre de se trouver dans les bras de la jeune fille à cet instant. C’était profondément sadique dans un sens mais il le prenait comme un espoir infime que les choses se passent bien. Ou au moins sans trop de heurts, quand bien même il l’avait senti tressaillir et raffermir sa prise encore un peu plus alors que le doute était palpable dans sa voix.


- Suga… tu viens vraiment de… J’ai un peu peur de ce que tu insinues là… Tu es sûr de ne pas t’être fait mal en te cognant ?


Même si l’ironique sourire ne parvint pas jusqu’à ses lèvres, il pu au moins se former dans son esprit.


- Je vais physiquement bien oui, je n’ai mal nulle part, la rassura-t-il.
Il laissa doucement ses doigts glisser dans son dos, premier geste qu’il se permettait depuis qu’ils étaient dans cette position.

- Alors ce que tu dis c’est… c’est parce que je ne t’ai pas dit que je connaissais Oikawa-senpai ? Ou c’est parce que j’ai ne t’ai pas laissé toucher mes cheveux ? Je sais que tu aimes jouer avec mais je ne pensais pas te voir aujourd’hui alors ils me les ont attachés. Où est-ce que… qu’est-ce que j’ai fait pour que tu penses ça ?


Il aurait pu rire de ses exemples dans d’autres circonstances. Ce n’est pas parce qu’elle attachait ses cheveux qu’il remettait en jeu tout ce temps passé ensemble. Au moins sur ce point-là ils se ressemblaient, à partir dans des théories incroyables sur des éléments futiles.


- Non, c’est… plus compliqué. Une idée qui est venue mais je me suis dit…

- Que c’était possible, le coupa-t-elle. Et si tu n’as pas pu la repousser c’est que j’ai perdu ta confiance. Je le savais déjà.


Ses paroles le firent frissonner.


- Sei, ce n’est pas ça. Je t’ai dit que c’était plus compliqué. C’est moi. C’est encore moi, ajouta-t-il un peu plus bas.


Malgré leur proximité, il doutait qu’elle ait pu saisir ses derniers mots. Ils furent à peine murmurés, se mêlant à sa respiration pour s’échouer sur elle, près de son cœur. C’était lui parce qu’il n’était que banal, sans grandes capacités. Rien pour se démarquer, ni grand, ni beau, ni doué, ni intelligent. Le genre de personnes qui pouvait accumuler les petites erreurs mais les amplifier simplement parce qu’il était lui.

Il se sentait à l’origine des nuits blanches qu’elle avait passé lors du camp d’été à Tokyo, de son malaise le soir où elle avait dormi chez lui, de sa mine triste après la finale. A l’origine, ça ne devait pas être grand-chose mais tout avait dégénéré. Aujourd’hui n’était qu’une fois de plus. Il n’aurait jamais dû exprimer son doute à voix haute, il n’aurait jamais dû se laisser aller à la jalousie. Il était le plus âgé, celui qui devait réconforter, se faire la voix calme, sage, positive. Pas être celui qui se raccrochait à l’autre, ne savait plus où il en était, sur le point de laisser échapper quelques larmes en même temps que les quelques fragments de confiance en soi qu’il lui restait actuellement. Il se sentait nul, se savait nul. L’ombre de cette pensée qui le suivait avait resurgit.


- Explique-moi alors, reprit-elle après quelques secondes de réflexion pendant lesquelles elle avait dû chercher par elle-même.

- Je ne sais pas si…

- « Tout se dire, ne pas hésiter à parler de ce qui tracasse. »


Elle récita cette promesse d’une voix posée, presque mécanique.


- Ça s’applique pour toi autant que pour toi. Il n’y a pas que toi qui peut réconforter l’autre Suga. Je suis aussi là pour toi, je veux l’être.

- Mais je…

- Je me fiche de savoir que tu es plus âgé, continua-t-elle, que Tetsu t’ai dit de veiller sur moi, que tu aies peur de paraitre nul devant moi. Tu n’as pas à faire l’adulte avec moi. Je me fiche de tout ça, gronda-t-elle. Ce qui m’importe, c’est que tu ailles bien, et ce n’est pas le cas. Alors pour ne pas garder encore et encore tes sentiments, s’il te plaît, parle-moi.


Un soupir s’échappa de ses lèvres. A croire qu’elle avait lu en lui, elle venait de piétiner les arguments qu’il avait mentalement érigé pour que restent au fond de lui ses peurs. Elle était surprenante, elle était épatante, elle était formidable. Comment pouvait-il ne pas douter de sa présence à ses côtés lorsqu’il la trouvait si parfaite ? Et lui pourrait-il trouver les mots pour exprimer son désordre interne ?


- L’espace d’un instant… j’ai cru… j’ai pensé… que puisque tu étais plus libre, tu n’avais plus besoin de moi. Que tu avais maintenant de nouvelles personnes autour de toi, que nous… qu’il n’y avait plus de nous. Que j’étais maintenant cet ami initial. La personne qui t’avait oublié une première fois, ne se résumait qu’à un modèle pour quelques séances. Que tu avais découvert un monde bien plus riche que ce que je ne pouvais t’apporter. Et que mon attitude de tout à l’heure avait définitivement gâché tout ça, le lien qu’il y avait entre toi et moi. Je m’en excuse encore et si… si ce que j’ai dit est… alors ne t’en fait pas pour moi, je m’en remettrais.


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Bonjouuuuur petits aventuriers!

Est-ce qu'on peut plonger encore plus dans le drama? Évidemment qu'on peut! C'était pas assez sinon :')
Vraiment, je ne vous aide pas. Quand je ne fais pas de fin d'histoire d'un côté, je met dans le mal de l'autre ^^" (je m'excuse quand-même un peu oui)
Je l'aime ce petit Koushi, alors je m'en veut un peu de lui donner ces pensées sombres. Mais en même temps... est-ce que c'est forcément de ma faute? Est-ce qu'il n'aurai pas du être honnête avec lui et Hatori depuis longtemps? Non? Bon, ok, je me tais...

Je vais aller me cacher de votre colère, je reviens samedi pour me faire grogner dessus de nouveau. Bon mercredi !

Déploiement |Haikyuu FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant