Koushi avait lâché une bombe. Purement et simplement. Et s'il en croyait les battements qui résonnaient contre son oreille, elle n'allait pas tarder à exploser. Le rythme de Hatori n'était pas ce qu'il pouvait qualifier de calme avant mais effréné était un euphémisme pour celui qu'elle avait à présent. Malheureusement pour lui, il ne pouvait désamorcer ni les pulsations ni la situation. C'est lui qui les avait entrainés là il ne voyait plus d'autre issue que l'éclatement imminant de tout ce qui les constituait et les entourait. Même si dans son cas, il avait probablement déjà suffisamment malmené son cœur pour que ce qui était encore à l'état de fragments ne devienne poussière.
Il attendait une échéance qui ne vint jamais. Pas plus que des mots, remplacés par les prémices de reniflements de la jeune fille. Elle ne le lâchait pas, le serrait à lui briser le dos, à s'en faire mal aux bras, creusant encore dans son cou et ses cheveux avec son nez. Elle était totalement voutée sur lui, l'enveloppant de tout son corps autant qu'elle le pouvait. Et lui pouvait la sentir trembler, tenter de contrôler les spasmes qui la parcouraient.
Quand bien même il le voulait encore, il n'avait même plus la force de s'en vouloir. Parler une seconde fois l'avait vidé de tout sens. L'une des seules choses qu'il lui restait était de l'eau puisqu'il senti les coins de ses yeux se parer de grosses gouttes quand les premières en provenance de ceux de la brune tombaient sur la fine peau que son manteau ne recouvrait plus.
Le froid était étranger. Les bruit de l'allée passante à côté aussi. Le temps n'était plus qu'une notion abstraite. Dans leur petite ruelle, il n'y avait qu'eux, leurs corps serrés, leurs cœurs déchirés, leurs paupières fermées et leurs pleurs éclatés.
« Idiot » fut la première chose que Hatori parvint à articuler entre deux sanglots.
Le premier d'une longue série. Sans violence, sans autre but que lui dire ce qu'il savait déjà. Teinté d'autant de tristesse que de détresse.
Et lui ne faisait que hocher la tête lorsque les deux sons de son « Oui » ne voulaient pas sortir des tréfonds de sa gorge.
Oui il était idiot. Oui il lui avait fait du mal. Oui il leur avait fait du mal. Et c'était ce dernier point qui le minait le plus. A peine quelques larmes s'étaient échappées de ses yeux, ne laissant que d'invisibles sillons sur ses joues, bien trop affecté par celles de la jeune fille pour penser aux siennes. Il s'était vaguement souvenu d'une phrase qu'il avait un soir dite au meilleur ami de la concernée et ne pu s'empêcher de penser sarcastiquement qu'elle allait peut-être lui faire la peau avant que lui ne puisse le faire. Il savait qu'elle était inquiète et triste mais pensait avoir aussi remarqué les signaux d'une forme de colère. Et dieu qu'il ne voulait pas se la prendre. Elle était légitime après son odieux comportement mais ce n'était vraiment pas un état qu'il voulait approfondir avec elle maintenant. Il se contentait très bien de ses insultes, bien que trop peu violentes, mais moins embrouillées au fur et à mesure que ses hoquets s'espaçaient.
- Tu es... un idiot profond Suga..., formula-t-elle comme première phrase. Tu... tu n'avais pas à faire ça... ce n'est pas juste...
- Oui...
- Tu mériterais tellement... une claque ou je ne sais pas... je devrais te frapper pour ça...
« Et je le mérite autant que je le craint » songea une petite voix au fond de lui.
- Oui.
- Mais je ne peux pas... Si je le fais, je devrais me le rendre au double... Je ne suis pas juste non plus.
- Mais tu...
- Tu te tais, trancha-t-elle. Tes bêtises... ça suffit. On avait dit communiquer, pas hypothèser sur n'importe quoi et décider tout seul. Surtout quand ça nous concerne. On sait déjà comment ça fini.
Pour ne pas la contrarier un peu plus, il se contenta d'hocher la tête, savourant et s'accrochant à l'emploi du « nous » pour se rassurer de son niveau d'agacement.
- Dire ça... ce n'est pas juste. Les conditions sont horribles. Je me fichais bien d'elles mais comme ça... c'est méchant. Et ce n'était pas en disant ça que tu aurais pu aller mieux non plus. Tu fais tout de travers aujourd'hui. Moi aussi dernièrement. Il faudra qu'on corrige ça.
Elle marqua un temps de pause, bougeant légèrement pour soulager ses genoux endoloris et glacés, redressant la tête pour que sa joue rencontre le haut de son crâne quand elle appuyait d'une main le sien contre elle, passant ses doigts dans ses mèches grises.
- On aurait du commencer par ça. Quand tu étais chez moi, on aurait du prendre le temps d'en parler. Au moins un peu. Ne pas reléguer. Avec les autres autours, c'était impossible de se parler en privé. Et avec votre victoire, vous étiez constamment observés. C'était parfois dur de ne pas être inquiète. Des gens s'intéressaient à toi. Après la crise que je t'avais faite, j'avais peur que tout parte. Que tu partes. Comme toi, c'était idiot. Tu n'es pas du genre à te laisser enivrer par l'attention des autres. Mais je crois que parfois on agit bizarrement quand ça concerne quelqu'un de très important pour nous.
Il ne pouvait que lui donner raison, sa propre surprise passée. L'entendre dire qu'elle avait eu des doutes et des angoisses similaires aux siennes, il ne l'aurait pas deviné. Ou du moins il pensait les avoir chassés le lendemain de ladite finale. Il n'avait rien vu lorsqu'ils étaient ensemble. Mais comme elle l'avait dit, il avait parlé avec plus de monde ces derniers jours, c'était facile de se laisser submerger par l'afflux d'informations. Il s'était trouvé un peu à l'écart d'elle et pensait que c'est parce qu'elle lui en voulait encore. Il venait à l'instant d'apprendre que c'était juste un mur que ni lui ni elle n'avait voulu, qui s'était placé entre eux, érigé par eux et leurs craintes. Craintes coupables et craintes d'estime. Et en l'absence d'une conversation convenable, chacun s'était monté la tête jusqu'à ne plus pouvoir juger du bien-fondé de ces pensées.
- Tu m'es très important Suga. Plus que n'importe qui. C'est grâce à toi que j'en suis là aujourd'hui, que je peux faire tout ce que je fais aujourd'hui, que je parle avec tant de gens différents. C'est aussi grâce à toi que je parle avec Oikawa-senpai. Il est mon ami comme le sont ceux de Karasuno parce que grâce à toi j'ai appris comment faire des liens, comment les garder. Rien ne pourra jamais remplacer ce rôle qui est tien, et personne ne prendra jamais la place que je t'ai donné. Tu es la personne qui a changé ma vie. Je ferais en sorte que ça ne change jamais. Et jamais je ne regretterais ce choix. Alors si tu ...
Un mot de plus et il pleurerait de nouveau.
- Oui, la coupa-t-il. Oui, j'ai compris. Tu pourras me frapper si je redis ce genre de choses. Si je suis encore jaloux de tes amis. Si je pense aux choses dans mon coin alors que ça nous concerne. Oui je suis un idiot. Un idiot qui a eu désespérément peur de te perdre avant même que tout commence. Qui ne pourra s'empêcher de se demander chaque jour si tu ne regretteras pas. Qui te répètera les mêmes choses. La seule chose que je ne veux plus, c'est te sentir pleurer par ma faute.
Ce fut au tour de la brune d'hocher la tête, expirant longuement contre son crâne.
De longues minutes passèrent encore avant qu'il ne roule des épaules pour lui signifier qu'il s'écartait. Il sentait ses articulations se remettre en place après leur immobilité et tout deux entendaient les craquements sonores chez l'autre. Koushi pu apprécier de revoir le visage de Hatori. Plus terne que lorsqu'il l'avait découvert plus tôt, une partie du maquillage parti, les yeux luisants et les joues brillantes par endroits. Mais c'était le visage qui occupait un trop grand nombre de ses pensées. Du pouce, il essuya une trace noire et quelques cristaux de sel en laissant fleurir sur ses lèvres, le même sourire timide que celui qu'il voyait se dessiner sur celles de la jeune fille.
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Bonjour a tous et toutes mes petits aventuriers et aventurières ~
Voici finalement que le nombre de chapitres prend un troisième chiffre. Initialement je voulais le finir en 100 chapitres, mais j'ai beau faire des plans sur la comète ils sont rarement respectés par mes personnages et ceux sur lesquels j'écris :')
Je pense de toute façon que je me serais fait incendié si j'avais conclu l'histoire là-dessus. Alors rassurez-vous il en reste encore!
Mais d'ici là ils ont encore plusieurs occasions de se planter tous les deux :') Encore heureux que Tetsu ne soit pas dans le coin, Koushi n'aurait pas eu plus d'occasions :')Je vous souhaite un bon samedi, mercredi sera... amusant :')
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Déploiement |Haikyuu FF|
Fanfic« On dirait que le petit oiseau a déployé ses ailes » L'adolescence était la période des changements, des découvertes, des questionnements. C'était aussi celle où de simples rencontres bouleversent bien plus qu'une petite journée. Et ça, Hatori ne s...