Le bus s’arrêta sans encombre devant leur auberge, laissant les adolescents s’extasier encore de tout ce qu’ils voyaient à Tokyo. La construction avait un cachet qui leur rappelait que la capitale n’était pas dénuée des traditionnels charmes du bois. Avec des pièces suffisamment spacieuses pour tous les accueillir, plusieurs ne retinrent pas leur émerveillement à chaque nouveau battant ouvert. Depuis qu’ils étaient partis, trois en particulier ne cessaient de s’écrier devant chaque infime différence avec Miyagi ou la décorations des lieux. Et lorsque Shouyou, Ryunosuke et Yuu avaient aperçu la SkyTree, Koushi avait presque pu entendre le rire si particulier de Tetsuro résonner dans sa tête. Il enviait un peu secrètement leur simplicité de se satisfaire de ce qu’ils avaient sous le nez au lieu de penser au lendemain.
Lui ne le parvenait que difficilement. Il s’occupait l’esprit en passant par les mains, aidant d’abord avec un enthousiasme plus que nécessaire à leur installation dans les chambres réservées puis jouant un peu avec tout ce qui passait à portée de ses doigts. Il s’était un peu plus détendu lorsque Keishin leur avait présenté la vidéo de leurs plus belles actions. Même s’il n’apparaissait pas beaucoup, se voir évoluer sur le terrain, mener à bien des actions et même frapper la balle lui laissa un petit sentiment de satisfaction.
Il avait sa place ici, parmi les autres joueurs. Lui, garçon pas bien grand pour son sport, ni très technique ni puissant. D’un niveau peut-être un peu au-dessus de « moyen » qui se basait plus sur celle de ses coéquipiers que sur sa propre force. Il avait le droit de figurer sur la vidéo, de faire partie des joueurs représentant leur préfecture. Pas seulement comme membre d’une équipe, mais comme personne avec des capacités appartenant à un groupe qui en rassemblait de nombreuses.
Délaissant un peu l’écran, il entreprit de sortir l’un des cahiers qu’il avait emmenés. Ils étaient peut-être dispensés des cours pour la durée de leur tournois, mais il n’oubliait pas que les examens arriveraient bien trop rapidement après. Et en se plongeant dans ses notes, il pourrait fatiguer son cerveau avec autre chose, cornant négligemment les pages au fil de sa lecture, laissant courir ses doigts de temps à autre pour redresser la tête et ne pas avoir la trace de son poing sur sa joue. Il s’était vu de trop nombreuses fois sortir de révisions avec l’auréole rouge pour ne plus y faire attention.
- Même ici tu étudies Suga ? s’étonna Hisashi.
- Oui, à cette heure-là toujours, répondit-il par-dessus son épaule.
- C’est impressionnant comme tu parviens à rester zen.
- Mouais, si on veut. Disons que ça m’empêche de penser à autre chose. Comme une sorte de routine quoi.
Et une fois celle-ci achevée, il en entamerait une autre.
Bon nombre de ses journées pouvaient se ressembler, il s’était fait une organisation qui avait évolué avec le temps, certaines choses prenant la place à d’autres et rajoutant parfois de petits extras. Et comme tout les vendredi, il se consacrait une petite heure à ses leçons avant de s’octroyer des moments de détente avant d’aller dormir. Les derniers messages de bonne nuit avant le lendemain.
Mais ce soir, il changerait un peu son programme. Son idée était un peu plus risquée au vu de la compagnie mouvementée qu’il avait mais savoir qu’il n’y aurait pas de problèmes de réseau lui avait doucement donné envie d’entendre sa voix.
Des griffonnages de formules plus tard, il ferma définitivement son livre et se leva en étirant ses jambes engourdies avant de ranger le tout au fond de son sac. Avec l’épuisement nerveux et musculaire qui se profilait dès le lendemain, il doutait d’avoir la tête à se replonger dans ses chapitres d’arithmétique.
- Asahi, je sors un moment, prévint-il en zippant sa veste.
- Tu vas aussi courir ? s’inquiéta le brun.
- Non, simplement passer un appel.
L’attaquant formula un « oh » silencieux en acquiesçant, s’essayant à une réponse discrète qui n’échappa malheureusement pas au petit libéro qui avait justement décidé de revenir voir la vidéo à ce moment. Koushi l’entendit poser milles questions au numéro trois qui commença à s’emmêler les pinceaux dans ses propos. Autant il enviait la simplicité de Yuu, qu’il était surpris qu’il n’ait pas encore réalisé.
Un léger sourire sur les lèvres, il s’appuya à la balustrade en avisant le denier message reçu à peine huit minutes plus tôt et décida d’y apporter réponse de vive voix.
*
- Koushi ? s’étonna la voix d’Hatori dès la seconde tonalité. Pourquoi cet appel ? Ça va pas ?
- Si si, je voulais simplement entendre ta voix.
*
C’était parfaitement mièvre, mais avec la distance, il s’en préoccupait moins. Bien qu’il ne puisse qu’imaginer les nouvelles couleurs des joues de son interlocutrice.
*
- Eh bien… voilà, bredouilla-t-elle. Vous êtes bien arrivés ?
- Oui, en fin d’après-midi. L’auberge est très sympa, juste à côté d’un immense hôtel, c’est un peu bizarre mais je m’y sens mieux. C’est plus à mon échelle.
- Je comprends bien oui. Les grands bâtiments me donnent la frousse.
- Mais pas les grands volleyeurs, pouffa-t-il.
- C’est pas pareil, je suis habitué à la grandeur humaine. Dans une certaine mesure, précisa-t-elle. A côté de quelqu’un de deux mètres, je suis pas certaine.
- Il risque pourtant d’en avoir demain.
*
« En plus de la densité de la foule » ajouta-t-il mentalement.
*
- Je sais oui. Et c’est bien pour ça que je resterais dans le coin. Au moins toi tu es presque à ma hauteur. Celle parfaite pour t’encourager directement dans l’oreille sur la pointe des pieds.
*
Ce fut à son tour d’arborer une nouvelle teinte carmin sur son visage. Elle n’avait pas tardé à prendre sa revanche.
De petits échanges sans grande suites s’en suivirent et il apprécia l’entendre parler de ses découvertes des quartiers qu’elle avait arpentés et des impressions qu’elle avait eu devant le gymnase. Elle aurait pu disserter sur un dépotoir qu’il était certain qu’elle aurait su y mettre des mots plus artistiques et valorisants.
Et comme l’effet qu’il attendait, il soupira d’aise lorsque la tensions de ses épaules le quitta définitivement. Depuis quand avait-elle autant d’emprise sur lui pour réussir ce genre de miracle avec seulement la douce mélodie de sa voix que le combiné ternissait un peu sans la rendre moins agréable ? Il n’avait toujours pas trouvé la réponse à cette question.
*
- Et tu faisais quoi pour décrocher aussi vite ? aborda-t-il finalement en frissonnant un peu, signe évident qu’il devait aller s’enfouir sous sa couette.
- Je dessinais. J’ai vu tellement de choses aujourd’hui, il fallait que je les mette sur feuille avant d’oublier, et il pu sentir son regard s’illuminer d’être lancée sur le sujet.
- Je ne suis même pas surpris, gloussa-t-il. Mais hors de question de faire nuit blanche, n’est-ce pas ?
- Oui mon capitaine ! approuva-t-elle. Je serais en pleine forme pour hurler à pleins poumons demain.
*
Elle laissa couler quelques secondes avant de reprendre plus doucement.
*
- Toi non plus, ne traines pas trop. Il faut que tu dormes.
- Je vais y aller oui, à présent que je suis détendu. Merci Hatori.
- Ne me remercie pas pour ça, ce n’est rien. Tout ce que je peux faire est un plaisir si ça t’aide.
- Grandement, confirma-t-il. Bonne nuit.
- Merci, bonne nuit à toi aussi Koushi. On se voit demain, ajouta-t-elle plus bas.
*
L’appel se termina sur ces instants, alors qu’il profitait encore des dernier mots qu’il avait saisi avant qu’elle ne raccroche.
« Tu es important pour moi »***----------------------------------------------------***
Bonjour à vous petits aventuriers! Et les grands aussi!
Dans la même ville et pourtant si loins... heureusement que le téléphone est là ! On ne pourrait pas avoir tout ces jolis moments sans ~
Mais laissons les seuls pour leurs appels, Koushi a suffisamment de Daichi et Asahi :')On se revoit samedi avec de grands encouragements ! Bonne fin de semaine!
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Déploiement |Haikyuu FF|
Fanfiction« On dirait que le petit oiseau a déployé ses ailes » L'adolescence était la période des changements, des découvertes, des questionnements. C'était aussi celle où de simples rencontres bouleversent bien plus qu'une petite journée. Et ça, Hatori ne s...