Chapitre 20

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- Tout le monde est monté, indiqua Daichi lorsque Koushi franchit la porte du bus.

- Très bien, on y va, répondit Takeda.

Le capitaine dégagea la place à côté de lui et le gris s'y laissa choir. La bulle dans laquelle l'avait plongé Hatori avait explosé aussitôt avait-il franchit le seuil du véhicule. Voire les mines tristes et fatiguées de ses coéquipiers fut un dur retour à la réalité.

- Navré du retard, s'excusa-t-il auprès de son voisin.

- Ce n'est rien, il y a eu quelque chose à régler avant de toute façon, soupira son ami en désignant quelque chose derrière eux.

- Hinata et Kageyama ?

- Oui. Comme la dernière action est la leur, ils se sentent tous les deux coupables d'avoir été bloqués. Ça met leurs nerfs à rude épreuve.

- Je les comprends, souffla-t-il en fermant les yeux.

Les reste du voyage se déroula dans le silence le plus complet, chacun plongé dans ses pensées, endormis, se refaisant le match. Arrivés au lycée, Keishin les invita au restaurant, sous prétexte de nourrir leurs muscles épuisés. Honnêtement, il n'avait pas faim, la gorge nouée. Ce repas, il se força au début à avaler quelques bouchées puis arrivant au point de rupture, il craqua. Comme tout les autres, à mesure que leurs estomacs se remplissaient, leurs yeux déversaient des flots de larmes. Liquide mélange de tristesse, frustration, envie, espoirs. Il ne contrôlait plus rien et n'était pas le seul dans son cas. Il souhaitait que ces pleurs s'arrêtent et en même temps cela lui faisait tellement de bien. L'expression physique de ce qu'il contenait depuis le dernier coup de sifflet, voir même du dernier bruit de ballon frappant le sol. Deux sons et un seul sens, un seul goût. Une défaite aussi amer qu'étaient salées les goutes ruisselantes sur ses joues. Au moins n'était-il pas le seul, ni devant sa famille.

Cette dernière ne lui demanda rien au moment où il rentra chez lui. Sa tête devait déjà en dire long. Il fut reconnaissant de leur sollicitude, préférant rejoindre rapidement sa chambre où il espérait qu'un sommeil sans rêve l'accueillerait rapidement.

Le lendemain lui paru morne dès le début. Un ciel gris, sombre, masquant la lumière. Visiblement, la météo s'était passé le mot. La matinée s'écoula lentement. Il se forçait à se focaliser sur les cours pour ne pas laisser son esprit divaguer sur ce qui devait se passer en même temps au gymnase de Sendai. D'habitude il aimait l'histoire mais même les révolutions industrielles européennes n'arrivaient pas à conserver sa pleine concentration. Son esprit était brumeux, dense et vide en même temps. Son seul réel moment d'éveil fut lorsqu'il reçu un mail au début de la pause de midi. « C'est vrai qu'on est jeudi » pensa-t-il en voyant le nom du contact. Le contenu était bref et lui apporta un sentiment confus de soulagement mêlé à un petit pincement.

« J'ai un devoir à faire ce midi contre mon absence d'hier. Je suis désolée de ne pas pouvoir être présente ce midi. N'oublie pas de manger et passe une bonne journée. »

Fausse excuse ou véritable raison, il ne chercha pas à savoir et répondis succinctement que ce n'était pas grave et qu'il lui souhaitait un bon appétit aussi. Il avait quelque chose à voir avec Asahi et Daichi de toute façon, le plus tôt serait le mieux.

Et comme il l'avait prévu, le numéro 1 aborda le sujet de leur maintien dans l'équipe. Tous les trois avaient reçu un message de leurs professeurs principaux leur demandant ce qu'ils comptaient faire maintenant que les inter-lycées étaient finis pour eux. En retrouvant ses deux amis, Koushi avait immédiatement deviné qu'ils n'avaient pas prit leur décision. Et malgré le petit discours du capitaine sur l'avenir radieux du club avec des secondes et premières aussi prometteurs, il ne se laissa pas duper. Ce genre de phrases passaient auprès des autres, mais pas de lui. Ils étaient ensemble depuis leur première année à Karasuno, ça faisait longtemps que les mots n'étaient qu'un habillage de leurs pensées. Aussi, quand il lui demanda si c'était réellement son désir, il ne fut pas surpris de voir son expression craqueler et d'entendre finalement sa véritable volonté. Quand bien même ils avaient perdu, aucun ne voulaient que ce match soit leur dernier. Ils voulaient tellement plus, ils pouvaient en faire tellement plus. Rester sur ça faisait encore plus mal que la défaite en elle-même.

Le passeur était bien conscient qu'il n'avait pas le niveau pour prétendre à une carrière professionnelle mais vouloir faire des études n'était pas une raison suffisante pour s'arrêter maintenant. Il avait à peine joué au cours de cette année, ce n'était pas assez. Il était avide de ressentir encore l'excitation du moment, la rugosité du ballon, les lumières qui inondaient la salle de lumière. Un éclat si aveuglant qu'il n'osait pas regarder trop haut de peur de se sentir bruler. Il voulait encore entendre les coups, les cris, les frappes mais surtout, il voulait entendre les applaudissements. Pas ceux d'une belle action. Ceux de la victoire. Ceux qui rougissaient les mains et tendaient les muscles sous l'exaltation. Ceux qu'on l'on souhaitait entendre durer aussi longtemps que possible. Il ne jouait pas au volley pour le mérite, il y jouait car il aimait tout ce que ça lui apportait. C'était la seule chose que son professeur devrait retenir.

En franchissant les portes du gymnase, il fut quelque peu surpris de voir les autres années au complet présents et surtout inquiets. Mais leur visage exprima rapidement une forme d'apaisement et de joie. Il comprit rapidement que leurs cadets s'étaient fait du soucis pour eux, en proie aux doutes de savoir si les troisième année allaient de nouveau franchir l'entrée.

Lui aussi fut ravi de les voir tous réunis et visiblement motivés à ne pas se morfondre plus longtemps. Ils avaient passé assez de temps comme ça à ressasser le passer. A présent, s'ils ne voulaient pas que celui-ci se répète, ils devaient s'entrainer encore, progresser, évoluer pour que la prochaine fois personne ne leur coupe l'herbe sous le pied. Tout les joueurs étaient venus ici animés par leur envie d'aller plus loin, plus haut. Et leurs ambitions avaient même contaminé le coach qui les avait retrouvés un peu plus tard, arborant lui aussi un étonnement passager avant de prendre en main cet entrainement déprogrammé qui avait finalement bien lieu.

Il apprit d'ailleurs au cours de celui-ci que Shouyou et Tobio étaient arrivés les premiers, hurlant de tout leurs poumons leur frustration. Cela le fit sourire et le rassura. Ces deux-là en avaient eu gros sur le cœur mais ils avaient dépassé ça à leur manière.

- Je suis content que l'on reste tous ensembles, confia-t-il à Daichi sur le retour.

- Moi aussi. C'est avec cette équipe que je souhaite voir jusqu'où on peut aller.

- Oui et pour ça on peut compter les uns sur les autres et sur notre entourage. Hinata parlait de sa sœur tout à l'heure. Il veut la rendre fière et sait qu'elle le soutiendra.

- Avoir des gens qui nous encourage ne peux que nous tirer vers le haut. Ils sont une motivation supplémentaire pour nous forcer à avancer.

Le soir même, un nouveau porte clef ornait son sac, lui rappelant qu'il avait de nombreuses raisons de viser plus haut.

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Bon week-end petits aventuriers! J'espère qu'il sera agréable, les températures se réchauffent.
J'avais une petite question: que pensez-vous des changements de narrateur/pdv entre 2 chapitres? Êtes-vous perdu dans les premières lignes ou cela coupe-t-il votre lecture? Je suis curieux de connaître vos ressenti là dessus ^^
Passez une bonne journée!

Déploiement |Haikyuu FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant