Chapitre 98

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Koushi cherchait désespérément à se calmer. Il se sentait déjà mieux de s'être isolé mais sa frustration était encore bien ancrée dans son corps, ses gestes étant précipités et secs, ses yeux plissés et les lèvres pincées. Ses pensées continuaient de l'envahir, de grandes vagues de doutes, de questions, de colère envers tout, envers Tooru, envers Hatori dont il entendait les pas irréguliers lorsqu'il la distançait. Il ne savait même pas pourquoi il lui en voulait, elle n'avait rien fait contre lui. Elle avait simplement omit de dire qu'elle avait les coordonnées du capitaine de Seijo, qu'elle lui parlait souvent, qu'elle allait lui faire un dessin, qu'elle s'entendait très bien avec lui au point de le laisser choisir ses vêtements, de plaisanter sur une histoire de surnom. Voilà, ce n'était en soit rien. Mais il était acide à ces propos quand bien-même ça ne justifiait rien. Et envers le châtain non plus. Ou du moins pas à ce point.

Il avait bien senti que ses gestes avaient pour but précis de jouer avec ses nerfs, il lui avait lancé trop de regards appuyés pour cela, mais il ne s'était pas montré irrespectueux. Tous les gestes qu'il avait eût, le gris aussi avait les même envers la brune. Plaisanter sur son nom, lui aussi l'avait fait. Vouloir un surnom faisait partie de la liste, il n'avait même pas hésité à lui proposer son diminutif dès leur deuxième rencontre. C'était de petites attitudes qui seyaient parfaitement à la personnalité de Tooru, où celle qu'il se donnait. Mais il lui avait semblé qu'il n'agissait pas pareil avec la jeune fille que celles qui s'agglutinaient autour de lui ou hurlaient son nom. Cependant, il n'avait pas eu l'esprit de s'attarder sur une impression ne reposant sur rien, ladite posture familière suscitant une irritation qui surplantait tout environnement.

Irritation qui se muait lentement en rancœur, pleinement dirigée vers lui. Et c'était bien la seule émotion pour laquelle la justification était valide.

Il pouvait bien reprocher tout ce qu'il voulait à Hatori, c'était de la pure mauvaise foi. Elle avait tout à fait le droit de ne pas tout lui dire, en dépit de leurs promesses. Elle avait le droit d'être amie avec Oikawa Tooru, de plaisanter avec lui et de répondre avec malice à ses taquineries. Elle avait le droit de côtoyer qui elle voulait, elle n'avait pas de comptes à lui rendre.

Sa colère superficielle ne cachait finalement qu'une jalousie profonde, doublée d'un égoïsme et d'une possessivité dont il avait honte. Ce n'était absolument pas adapté, pas justifié, peu importait la situation. S'il se mettait à devenir ce genre de personne qui contrôle les moindres faits et gestes de l'autre, alors mieux valait qu'il ne l'approche plus. Elle avait déjà subi ça, il ne supporterait pas qu'elle soit effleurée de nouveau par cela. Et il n'avait pas su se contrôler. Il n'avait pas su faire autrement que de sauter à pied-joints dans les provocations du capitaine, que de se laisser envahir par ces sensations écœurantes, que de plonger dans les tourments de dégout pour s'y noyer toujours un peu plus à mesure qu'il prenait conscience de son effroi de lui-même.

La dureté sol fut la première sensation extérieure qui l'atteignit. Suivit rapidement d'un éclair foudroyant son crane lors qu'il rencontra le mur derrière lui. La douleur, aussi vive soit-elle, le traversa en un coup de vent, se dissipant avec une simple effluve. Une effluve nouvelle, un peu sucrée et printanière, mêlée à une plus connue, très légèrement boisée. Une odeur de feuille de papier et de crayons. Si douce, il ferma les yeux pour l'apprécier un peu plus.

- Suga ? Oh non, ça a tapé trop fort !? Ne t'évanouit pas s'il te plaît, je... je suis désolée, s'affola Hatori en tentant de s'écarter.

Même sonné, il eut le réflexe de l'agripper, de bouger ses mains pour les placer derrière elle et d'agripper pleinement ses vêtements. Il se rendit compte aussi qu'il lui tenait précédemment le poignet, et peut-être un peu fort, il sentait ses doigts gauches le picoter un peu. Mais il n'ouvrit pas les yeux. Il ne le pouvait pas. Il avait peur de ce qu'il allait voir, de ne réaliser qu'un peu plus l'abjection qu'il était. Rester niché dans cette senteur, la douce illusion de sérénité et d'apaisement, il ne voulait rien d'autre que ce déni.

- Suga ? S'il te plaît, répond. Est-ce que je t'ai fait mal ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce qui se passe... Suga... Koushi...

Son prénom coulait sur sa langue, sa voix le rendait bien plus agréable qu'il n'aurait pu l'imaginer. Il ne l'avait pas resongé depuis longtemps, l'impression qu'hier encore elle le prononçait pour la première fois. Il allait s'accrocher à ce souvenir, ce fragment de réalité aux allures de rêves. Si ces syllabes pouvaient empêcher ses réflexions, alors il les ferait entrer en résonnance avec chaque fibre de son corps et propager leur douce lueur. Tout le reste lui apparaissait si loin, il lui semblait que ses sensations ne se résumaient plus qu'à de fugaces perceptions irréelles. Ils ne les méritaient pas, il se fourvoyait de leur présence, consolait ses agissements troublés dans leur douceur.

Il lui fallut de longues minutes pour enfin reprendre le fil de ses pensées. Sentir de nouveau son cœur battre dans sa poitrine et plus à ses tempes. En percevoir un autre contre sa joue tandis que sa tête suivait les inspirations et expirations d'une poitrine qui n'est pas la sienne. La chaleur d'un corps, qui avait détendu les nœuds et les troubles qui avaient envahi le sien. Il ne voulait toujours pas bouger, pas même un cil. Juste se fondre dans cette étreinte, en canaliser les moindre parcelles, se laisser bercer par le bruit d'une main passant sur un tissus, parmi des cheveux, et les quelques mots à peine soufflés qu'il ne percevait pas.

Mais Hatori du le sentir se relâcher puisqu'elle bougea contre lui, le soutenant de ses bras en répétant de nouveau :

- Je suis désolée. Je ne voulais pas te faire mal, vraiment pas mais tu ne répondais pas, je me posais des questions, j'ai eu peur, je n'ai pas contrôlé mon geste, je voulais juste tirer un peu. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Un soupir franchit ses lèvres, expulsant autant d'air que les restes des émotions qui le comprimaient, avant que les premiers mots ne puissent se rependre dans le cou de la jeune fille.

- Pardon de t'avoir inquiété. Ça va, tu ne m'as pas fait mal, j'étais juste fatigué.

- Suga... non... Qu'est-ce qui t'arrives ?

- Je ne sais pas, je ne veux pas savoir... J'aurais voulu ne pas savoir, avoua-t-il. J'aurais voulu ne pas faire ça, ne pas penser ça, ne pas dire ça. Je suis désolé Sei, j'ai honte.

- Pourquoi ? Qu'as-tu pensé pour être comme ça ? Ai-je...

- Non, tu n'y es pour rien. Ce n'est que moi, que ma faute, mais c'est si... c'est difficile.

Réenfouissant un peu plus son nez dans son cou, il souffla doucement sur une mèche égarée qui venait le chatouiller.

- Pourquoi ? Tu sais pourtant que je ne te jugerais pas ? Que je te soutiendrais ? Suga... ne garde pas ça pour toi si ça te fait si mal. Même si ce n'est pas moi, parles-en à quelqu'un. Veux-tu que j'appelle Daichi ?

- Non, ça ira. Je sais déjà ce qu'il dira.

- Mais tu as peur de ma réaction ?

Son mutisme fut sa réponse et il pu apprécier la réduction de la distance entre eux tandis qu'elle logeait encore plus sa tête dans ses cheveux courts.

- Je suis désolée de t'avoir menti la dernière fois, je ne voulais pas te perturber. Je comprends que tu m'en veuille. Je ferais en sorte de redevenir digne de confiance pour toi. Je... je veux être digne de toi.

- C'est moi qui ne le suis pas. Sei... j'étais jaloux...

Il ne l'avait finalement pas retenu longtemps sa honte.

Mais dans ses bras, il était faible.

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Bonjour ~ J'espère que vous allez bien mes aventuriers!

Vous la sentez cette odeur? Oui oui oui ~ Le drama est bien là ~ On dit merci qui? Merci Tooru! *eh! C'est pas moi l'auteur ici!!* Chut toi*
Bref ~ Notre adorable Koushi n'a pas passé de merveilleux moment et cela risque de ne pas s'arranger tout de suite s'il continue comme tel ^^" Mais Hatori est là, alors tout ira bien, non?

On se revoit dans quelques jours pour la suite! Bon week-end à vous ~ 

Déploiement |Haikyuu FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant