Chapitre 90

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Il avait hésité toute la soirée, la nuit et avait finalement craqué ce matin. Passé l’effervescence de la victoire, ses pensées l’avaient rattrapé. Plus d’une fois il les avait senties dériver loin du présent, en avait occulté Daichi qui rigolait à côté de lui, les pleurs de Takeda, les félicitations de son frère. Et lorsqu’était venu à être seul dans sa chambre, il n’y avait plus rien pour l’empêcher de de s’y plonger.

C’était d’abord un message. Puis un second. Le troisième fut plus tardif, suivit instantanément d’un appel à mesure qu’il se noyait dans ses questions et ses craintes. Il avait l’impression que les murs l’oppressaient autant que son cerveau ne cherchait qu’à le ramener à cette idée : puissamment, intensément, écrasant tout le reste. Il était mu de tant de contradictions. Aussi heureux d’avoir achevé son objectif qu’en proie à une angoisse qu’il n’aurait pas soupçonné.

Koushi s’était tournée et retourné jusqu’à l’aube, dormant d’épuisement par petites phases, serrant contre son cœur son premier cadeaux, le doigt passé dans l’anneau d’accroche. Et si Hatori avait l’air crevée la veille, lui ressemblait à un revenant. Avoir la peau claire ne faisait que ressortir encore plus ces cernes. Mais rester rivé sur son téléphone dans une attente désespérée, il n’en pouvait plus. Il était allé jusqu’à demander à Tetsuro s’il avait eu des messages de la jeune fille, les siens restants définitivement sans réponse. Il s’était rapidement mit en tête qu’il l’avait blessé au point qu’elle l’ignore et même si le tokyoïte lui avait plutôt assuré qu’elle devait être bien au fond de son lit, il voulait s’assurer au moins que l’hypothèse de l’enlèvement sur le chemin du retour n’avait pas lieu d’être. Et si effectivement elle refusait de le voir, il comprendrait, ou du moins il essayerait.

C’était la raison de sa présence sous le porche des Seikuu ce matin. Il était onze heure passées et avait prétexté un rendez-vous avec l’équipe pour reparler du match pour se dégager assez de temps. Sa mère lui en voudrait peut-être un peu de ne pas manger avec eux ce midi mais il sentait honnêtement qu’il ne pourrait rien avaler tant son estomac était tordu dans l’attente que la porte en face de lui s’ouvre. Et là encore, il ne savait pas s’il préférait la voir close où qu’elle révèle un membre de la famille qui n’était pas la dessinatrice.

Il ne savait pas comment étaient leurs relations en ce moment. Il se doutait bien qu’elle avait dû faire bouger les choses, son état des deux derniers jours n’était définitivement pas du à ses inspirations nocturnes. Pour l’avoir déjà vu aux lendemains de ces pulsions, il n’avait pas repéré une seule trace de feutre ou de carbone sur les doigts en comparaisons des autres fois. Elle avait donc expressément menti et n’avait pas non plus saisi la perche qu’il lui avait tendu après le match contre Aoba. Ces éléments et une grande part d’intuition le poussaient donc à être quasiment certain que quelque chose s’était passé. Quelque chose qu’il ignorait profondément et rendait très incertain le fondement de son choix d’être venu jusqu’ici…

- Bonjour, je peux faire quelque chose pour vous ?

Il fut tiré de sa rêverie par la question de la personne se tenant dans l’encadrement, négligemment appuyé sur le mur intérieur. Il avait quasiment dix centimètres de plus que lui et une carrure assez prononcée. Un sourire cordial sur un visage carré que quelques mèches éparses encadraient. Et s’il n’avait pas eu le même regard et le même bronzage que Hatori, il aurait pu se demander s’il ne s’était pas trompé de maison.

- Oui, j’aimerais savoir si Sei… Seikuu est là, demanda-t-il avec l’expression la plus polie et sereine qu’il pouvait faire.

- On est tous là pour une fois oui, répondit le brun avec un sourire en coin. Ou presque.

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