Chapitre 107

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Dans les collines environnantes, les flancs brillaient des premiers éclats du soleil dans les ruisseaux. Une eau claire, glacée récupérait encore les dernières feuilles qui avaient tardées à se détacher de leur branche. Celles-ci se posaient délicatement sur la surface et dérivaient en suivant le courant pour rejoindre vers l'aval.

Sauf si en chemin elles se retrouvaient prises dans un seau, isolées du chenal. Un seau où elles ne restaient pas bien longtemps, aussitôt jetées dans une plus grande cuve où s'abreuvaient les quelques vaches laitières de l'exploitation.

- Tori ! Une fois que tu auras fini avec les poules, vient donc m'aider avec elles, cria la femme depuis l'autre côté de la grange en désignant les bovidés.

La jeune fille soupira en répandant les dernières graines. Elle adorait sa grand-mère mais parfois elle se demandait si la surdité sélective n'existait pas réellement. Ce petit bout de femme avait le chic pour demander tout au dernier moment, quand bien même on l'avait prévenu d'une indisponibilité un peu plus tôt. Et qu'on ne lui parle pas de pertes de mémoire, elle ne connaissait pas meilleure personne pour lui refaire l'actualité de la région sur les quatre-vingts dernières années, presque jour par jour.

D'une santé et poigne de fer, Chiharu était le genre de personne qu'on prendrait facilement pour une petite mamie gâteau. Pas bien grande, des cheveux blancs noués et un teint pétillant, beaucoup la pensait adorable au premier abord. Et elle l'était. Mais son franc parler décontenançait dès les premières minutes. Et ce que l'on pouvait prendre comme un peu d'embonpoint n'était rien d'autre que ses multiples couches de vêtement. Elle avait froid si facilement, Hatori ne l'avait jamais vu sans un pull sur les épaules, même en plein soleil au plus fort de l'été. Pour une native d'Okinawa aussi, le centre de Honshuu lui parraissait frisquet.

- Obaa..., commença la brune en rejoignant la plus âgée. Tu te souviens que nous sommes le premier janvier ?

- Justement, la première traite est primordiale pour commencer l'année.

- Et le passage au temple aussi, tu le dis toi-même. Comme Tetsu est venu, on comptait y aller ensemble avec les garçons. Il doit arriver dans trente minutes et je ne pense pas que l'odeur de la ferme ne soit une preuve de respect envers les dieux.

Sa grand-mère releva un regard scrutateur vers elle, et un poil accusateur et suspicieux, délaissant son études des pis de l'animal.

- Premièrement : l'odeur de la terre est la notre et les dieux se fiche de connaitre ta marque de parfum. Deuxièmement : parce que tu mets trente minutes à te préparer toi ? T'es plus rapide que tes frères. Et pour le peu qu'on te voit, tu peux bien m'aider un peu. Tu le verras toute la journée d'ici une semaine ce garçon.

La jeune fille abdiqua, elle n'avait jamais pu avoir raison face à elle et parlementer n'allait que la retarder encore plus.

Se dirigeant vers la remise, elle en ramena deux nouveaux seaux ainsi que des tabourets et du savon. La matriarche avait déjà installé les deux premières laitières à une barre, fourrage au bout du nez. Elle se saisi rapidement du petit siège que lui tendait sa petite-fille et après un décrassage méticuleux des doigts, se mit à l'œuvre avec la douceur et l'efficacité que Hatori lui avait toujours connu.

Sa grand-mère était bien têtue, avec une diction brute et pas subtile pour un sous, mais elle était aussi la personne la plus douce qu'elle connaisse. A l'attention de tout et de tous, l'adolescente ne l'avait jamais vu rembarrer quelqu'un ayant besoin d'aide. Si certains pestaient contre ce qu'ils appelaient des « mauvaises manières », personne n'avait jamais été en capacités de lui reprocher son attitude. Et si les formes n'y étaient pas, la fond ne laissait pas de doute.

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