Déploiement |Haikyuu FF|

Chapitre 52

Une nouvelle journée se terminait, réduisant encore un peu plus les heures les séparant de l'instant fatidique. D'ici deux jours, Karasuno aurait entamé sa course vers le sommet, avide de victoires et avec les nationaux en seul et unique objectif. Et elle ferait tout pour assister à ça.

Elle était passée les voir quelques soirs depuis la fin des vacances et ne cessait de s'étonner de leurs progrès. L'équipe avait été ravie de la revoir, plus qu'elle ne l'imaginait et quand bien même Shouyou et Tobio avaient tout les deux oublié son nom, elle fut ravie de les revoir au complet. Elle avait passé un peu de temps avec Koushi le midi de sa première incrustation, histoire de connaitre un peu plus les détails d'un entrainement et passer du temps ensemble. Les séances qu'ils avaient après les cours étaient bien différentes de ce qu'elle avait pu voir au camp. Pas de matchs, plus de gestes techniques que de l'endurance, un travail beaucoup plus collectif, c'était nouveau pour elle et elle en avait eu plein les yeux, excepté quelques petits ratés qui arrivaient encore de temps en temps.

Elle avait pris pour habitude de s'asseoir sur l'estrade, évitant ainsi une partie des balles perdues qui pouvaient rouler et se surélevant un peu pour élargir son champ de vision. Son carnet, quand il n'était pas dans ses mains pour quatre-vingt-dix pourcents du temps, était à ses côté, les pages noircies de traits, courbes et cercles schématisant les maigres instants où elle pouvait suivre le jeu des yeux. Ce qu'il y avait de bon avec cette forme d'entrainement c'est que les joueurs pouvaient répéter jusqu'à plus d'une vingtaine de fois le même mouvement à la suite avant de prendre cinq minutes de pause, et cela lui laissait amplement assez de temps pour imprimer chaque détail sur sa rétine. Le placement d'un pied, le mouvement que faisait le short avec l'élan, le développement des dorsaux alors qu'ils s'étiraient et l'expression concentrée, motivée, amusée et parfois épuisée qu'elle lisait sur leurs visages. Elle avait même dû investir dans une nouvelle gomme, ayant fini la sienne beaucoup plus rapidement que prévu.

Des soirs où les lycéens trainaient un peu trop, elle avait inventé des excuses pour rester avec eux et les aider au rangement. Un club qui l'avait sollicité, un travail en retard, un train qui s'était arrêté au passage à niveau, elle variait. Pour le moment elle assurait ses positions et ses arguments en vu du jour où elle annoncerait à sa famille qu'elle passait régulièrement son temps entourée de garçons, sportifs qui plus est et plus vieux pour certains. Et elle voulait aussi éviter que son cadet ne cherche lui aussi à s'incruster pour voir et apprendre du numéro neuf. Il aurait tout le loisir de le voir en matchs.

Mais surtout c'était pour fuir certaines remarques quant à sa trop bonne entente avec un certain troisième année. Elle et le gris n'avaient pas reparlé de ce qu'elle avait dit le soir où il l'avait raccompagné chez elle et elle avait fini par lui rendre son tee-shirt, propre et plié. Une aubaine que se fut son tour de s'occuper du linge cette semaine-là, elle avait pu le glisser discrètement parmi la pile. Une pointe de regret l'avait traversé à la sortie de la machine lorsqu'elle se rendit compte qu'elle lui avait ôté toute l'odeur nocturne qui lui plaisait tant. Elle avait songé sur le moment à comment elle pourrait en récupérer un autre mais avait chassé ça aussitôt. Elle n'était pas fétichiste et c'était clairement bizarre comme pensées.

Pensées qui lui arrivaient d'ailleurs de plus en plus et qu'elle refoulait sans cesse. Peut-être cela venait-il du poids dont elle s'était libérée en lui parlant à cœur ouvert de ses craintes envers l'équipe et de l'importance qu'elle accordait à leur relation ? Mais depuis quelques temps elle sentait que quelque chose clochait chez elle dans certaines situation. Elle l'avait toujours trouvé plutôt attirant et beau au sens esthétique mais elle ne percevait plus son point de vue comme objectif vis-à-vis d'un corps bien proportionné. Son sourire lui semblait plus lumineux qu'avant, les gouttes de sueur semblables à des perles d'étoiles qui faisaient ressortir le nacre de sa peau et la fluidité de ses mouvements comme une dance sans faux pas.