Déploiement |Haikyuu FF|

Chapitre 19

Ils étaient effondrés. A la fois si proches du but et maintenant si loin à mesure que les secondes passaient. Ils prenaient doucement conscience des faits, leurs esprits embrumés ne percevant que de manière lointaine et diffuse les effusions de joie venant de l'autre côté du terrain. L'arbitre sonna le rassemblement et les remplaçants rejoignirent leurs camarades pour saluer l'équipe adverse. Les poignées de mains semblèrent durer une éternité pour les joueurs de Karasuno, chaque mot était un supplice, peut-être encore plus pour Tobio. Koushi voyait bien du coin de l'œil qu'il se tendait un peu plus à chaque personne, appréhendant le moment où la main rencontrant la sienne serait celle de Tooru. Surement qu'il anticipait une parole bien sentie. Mais il n'en fut rien. Les rivaux se saluèrent calmement, à son grand soulagement. Au moins leurs adversaires le respectaient même s'ils ne portaient pas le roi dans leur cœur.

Alors qu'ils rangeaient leurs affaires, il fut approché par Daichi. Son visage n'exprimait rien, et il ne dit rien non plus. Le gris l'en remercia. Ce n'était pas encore le moment et ils ne devaient pas craquer devant les plus jeunes. Shouyou ne cessait de s'excuser auprès du numéro neuf qui ne savait plus tellement où se mettre, embrouillé par tant de sentiments contradictoires.

« Ce ne sont que leurs premières qualifications, évidement qu'elles ont un impact, surtout avec une telle équipe en face. » pensa-t-il.

Il espérait seulement qu'ils sauraient faire la part des choses. Et c'était aussi son rôle de senpai de les accompagner dans le processus. Les deux première année avaient connus la défaite déjà l'année dernière mais à présent qu'ils étaient ensembles, ils avaient créé un duo formidable en si peu de temps. Le voir impuissant, contré au dernier point devait leur faire quelque chose qu'il n'imaginait que trop bien. Il avait ressenti des émotions similaires il y a un an lorsque leur champion avait été mis en échec face au mur de fer de Datekogyo.

Ruminant ses pensées, il hissa son sac par-dessus sa tête pour le placer en bandoulière. Il senti tout de même quelque chose vibrer au travers du tissus et en chercha la cause. Il en retira finalement son téléphone, ou s'affichait 2 appels en absence et 1 message. En temps normal il aurait laissé couler et s'y serait intéressé à tête reposée, préférant répondre alors qui serait plus calme. Mais ce n'était pas un membre de la famille ou un camarade de classe curieux, ce genre de personne qu'il ne risquait pas de croiser avant au moins une bonne heure. L'expéditrice était Hatori et elle savait qu'il savait qu'elle était là. Elle devait être bien consciente aussi que le moment n'était peut-être pas idéal, ayant assisté au match mais elle avait tout de même tenu à lui écrire. N'ouvrant pas le mail, il appuya directement sur le numéro associé pour le composer. Il fit un bref signe à son capitaine lui stipulant qu'il les retrouverait au bus d'ici quelques minutes et il s'engouffra dans un couloir. Une voix se fit rapidement entendre à l'autre bout du combiné.

*

- Suga-senpai ? Pardon, je sais que tu es pressé mais j'aurais besoin de te voir un instant s'il te plaît. C'est possible ?

- Oui, soupira-t-il, contenant ses émotions. Où est-ce que je te rejoins ?

- En haut des marches, près des distributeurs des baies vitrées ?

- J'arrive.

*

Il raccrocha et chercha l'escalier correspondant. Ça lui laissait au moins le temps de calmer ses ressentis et se parer d'un masque avant de la voir. Il n'avait pas eu le cœur de refuser. Elle avait peut-être été trainée ici mais elle était tout de même venue. Elle lui avait aussi dit de nombreuses fois qu'elle les soutenait et croyait en eux, il devait au moins s'excuser pour ça. Et aussi pour l'avoir blessé en parlant de ses amies. Il aurait dû le faire il y a longtemps.