Fini. Achevé. Clot. Terminé.
Il avait beau se le répéter, sa tête était encore sur le terrain, malgré que son corps se soit effondré sur la glacière sitôt le dernier coup de sifflet retentit. Il n’avait même pas joué ce dernier point, remplacé par Moritsuke sur cette rotation. Ça lui faisait bizarre.
Il n’était pas le seul, certains de ses coéquipiers étaient étendus de tout leur long sur le sol, ou assis avec un air un peu hagard comme Kenma qui avait entamé un monologue sur le volley ou les jeux vidéo, il n’en savait trop rien.
- Kuroo. Merci de m’avoir appris à jouer au volleyball.
Il s’était retrouvé comme un con pour le coup. Vifs et animés, le décoloré lui avait adressé ces quelques mots avec une franchise et une simplicité déconcertante. Seule une machinale onomatopée avait franchi ses lèvres pour toute réponse. Ou du moins jusqu’à ce que l’information lui monte au cerveau et qu’il ne se mette à protester sous les rires de son équipe.
Encore un peu lointaines, les minutes suivantes ne lui laissèrent même pas prendre conscience de la défaite. A peines les mains des arbitres serrées, il avait vu Daichi passer sous le filet pour venir le féliciter d’une accolade, suivit des autres joueurs, chacun allant aux affinités et aux rivalités. Sourire aux lèvres, aussi transpirant que les autres, retrouvant à peine son souffle, il avait adressé des mots sincèrement encourageants et des compliments à quiconque croisait sa route, de Asahi à Kei, finissant par revenir vers sa propre équipe pour passer ses bras autour des épaules voutées des plus jeunes. Ils devaient encore se mettre en rang pour saler leurs entraineurs, ce moment aussi était une étape de plus qui pourrait faire taguer son cœur.
Nekomata lui avait donné un souffle nouveau quand il était enfant, l’avait accompagné pendant ses trois années de lycée et il avait enfin puis lui offrir la bataille des bas-fond pour sa peut-être dernière année. Ces remerciements, avaient déjà un goût de séparation.
Délaissant les cours pour les couloirs, il allait enfin pouvoir se détendre. Penser à manger, se changer, s’asseoir, voir les autres. C’est en remarquant Alisa et Akane laisser leurs frères pour aller sécher leurs larmes autour d’un repas qu’il remarqua l’absence de son amie.
Hatori ne semblait pas être descendue avec elles, mais il ne la voyait pas non plus dans les rangs dans le groupe des corbeaux. Avant le début du match, elle ne savait pas où elle allait passer le troisième set s’il venait à avoir lieu, il n’avait aucune idée de sa décision. S’excusant auprès des autres, il prit son sac pour y chercher son téléphone, commençant déjà à parcourir le bâtiment en la grondant gentiment d’être si indécise.
A peine le combiné posé sur son oreille que son œil capta une silhouette assise sur un banc, regardant fixement l’écran devant elle. Son sac sur les genoux, la jeune fille était captivée, son attention engloutie par la lumière bleue.
Arrivant par derrière, il ne résista pas au plaisir de la décoiffer.
- Tu cherches à rentrer en communication avec les ondes TV ? nargua-t-il en prenant place à sa gauche.
Elle ne lui répondit pas ni le regarda, baissant simplement la tête et lui masquant son visage d’où fini par sortir une petite voix.
- C’était un beau match. C’était votre plus beau match…
- Oui…, acquiessa-t-il.
- …pardon de ne pas avoir eu le courage de choisir être vous deux, poursuivit-elle. J’ai regardé le dernier set ici.
- T’as pas à t’excuser pour ça.
- Je sais.
Elle instaura un nouveau silence.
- J’aurais bien aimé être là au moins pour votre sortie de l’espace central, mais j’aurais pas pu choisir non plus. J’arrive pas à être pleinement encourageante et désolée pour vous, tout comme j’arrive pas à être pleinement ravie pour Karasuno.
- Pas facile d’avoir le cul entre deux-chaises, hein ? ironisa-t-il brièvement pour reprendre un ton presque plus sérieux. Je crois qu’au fond de nous, on est tous un peu comme ça, à être autant déçu d’avoir perdu que content de voir les autres gagner. Sauf peut-être Kageyama, il est plus proche de la machine que de l’humain lui. A peine fini qu’il partait déjà manger, comme s’il était au pilote automatique.
Il pouffement lui parvint et le rassura. Il avait craint qu’elle ne l’ait fui pour le pas lui faire de peine et qui la dérangerait de sa présence. Maintenant, il était rassuré de voir que c’était surtout un coup de blues passager qu’il allait essayer de rendre temporaire. Si son parcours s’était bien arrêté là, il y avait d’autres personnes qui auraient besoin de l’entendre dans les tribunes.
- Tu sais, reprit-elle doucement, presque avec hésitation, tu n’as pas à jouer les capitaines avec moi.
Les commentaires des présentateurs provenant du poste lui parvinrent soudainement comme bien plus lointains. Hatori s’était tourné vers lui, les yeux brillants mais les joues sèches, il aurait pourtant cru qu’elle aurait pleuré. Alors pourquoi elle lui apparaissait brouillée ?
Le contact froid d’une petite main sur sa joue chaude l’électrisa.
- C’était vraiment un beau match. Et je suis contente d’avoir pu le voir, il m’a montré combien tu avais grandi aussi. Sauf peut-être ce côté-là de toi. Il restera toujours un peu de ce petit garçon timide et farouche.
Les traites larmes échappées de ses joues se mêlaient aux dernières gouttes de sueur que la jeune fille essuyait sans distinction. Un élan de nostalgie lui monta au cœur, laissant sa tête appuyer plus fort contre cette paume réconfortante, presque maternelle. Dans toute l’agitation des derniers jours, ça faisait si longtemps qu’ils n’avaient pas reconstruit la bulle de leur enfance.
- Grandir ce n’est pas tout changer, on reste toujours des bouts de nous-même, soupira-t-il.
- Oui, c’est pour ça qu’on s’est retrouvés, ajouta-t-elle.
Avec son timide sourire, elle se leva de pour venir passer ses bras autour de son cou, une étreinte innocente et spontanée.
- Dire qu’il a quelques années, j’avais pas besoin que tu sois assis pour faire ça.
Tetsuro ne pu retenir le rire qui s’échappa de sa gorge après la remarque faussement vexée de la brune, répondant à son câlin par un mouvement complémentaire.
Les quelques minutes passées près de l’autre lui permirent de se redresser plus léger, plus serein pour retrouver ses coéquipiers et les épauler. Sans qu’ils n’aient eu à se le dire, il savait que tous resteraient pour encourager Fukurodani et Karasuno dans leurs matchs cet après-midi. Mais pour ça il devait d’abord aller manger, redonner des forces à son organisme fatigué.
- Quel sens du timing, héla-t-il rieur en apercevant celui qui traversait le couloir pour retourner aux gradins.
Surpris, Koushi revint sur ses pas pour venir croiser son regard, ne s’attendant visiblement pas à les voir tout deux ici.
D’un signe de main tout en lui intimant silencieusement de ne pas bouger, l’ébène s’éloigna de la jeune fille pour se diriger vers le gris.
- Je retourne là-bas, si tu veux passer un peu de temps avec elle, vous serez tranquille tout les deux. Je préviendrais Daichi de ton retard
- Que…
Il ne lui laissa pas le loisir d’en dire plus, poursuivant sa route. Mais il ne partit pas immédiatement, s’addossant au premier mur le cachant pour respirer un peu, s’assurer que rien ne le trahirait ou ne serait une justification pour se faire charrier. Et d’un dernier coup d’œil, seulement cinq petites minutes après qu’il ait disparu de leur vue, il trouva le passeur assis sur le banc, à la place qu’il avait occupé un peu plus tôt. A sa droite se tenait donc Hatori, les deux regardant vaguement la TV devant eux, échangeant à voix basse. Et ce qui lui fit le plus plaisir – il ne l’aurait pas parié il y a quelques mois – était de la voir détendue, la tête posée contre l’épaule de celui qui était à présent son petit-ami, sa main surement dans la sienne qu’il ne pouvait voir.
« On dirait bien que petit oiseau a fini de déployer ses ailes. »***----------------------------------------------------***
Hello à vous petits aventuriers!
J'ai fait pleurer qui? Ça m'était sorti de la tête ce passage mais je l'aime bien aussi ^^ Le but n'était pas de faire verser des larmes a tout le monde, mais il y en a toujours au moins un peu :')
Difficile d'oublier ceux qui quittent l'aventure, alors j'espère que ces minutes d'enfance après la défaite vous ont plues ^^On se revoit dans quelques jours pour la suite! Bonne fin de semaine!!
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Déploiement |Haikyuu FF|
Fanfic« On dirait que le petit oiseau a déployé ses ailes » L'adolescence était la période des changements, des découvertes, des questionnements. C'était aussi celle où de simples rencontres bouleversent bien plus qu'une petite journée. Et ça, Hatori ne s...