Chapitre 58

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L'instant émotion passée, il fallait revenir sur le sujet qui fâchait et Hatori sentait bien les regard perçants que lui lançaient ses ainés. Elle desserra son étreinte de Nyakusan en se redressant et inspira longuement avant de les fixer d'une expression neutre mais non moins décidée. Son cadet avait dit beaucoup de choses et elle n'allait pas le répéter. Si ses mots ne les percutaient pas, peut-être que ceux de quelqu'un d'autre auraient plus d'impact, d'autant plus qu'il avait eu une réflexion qu'elle n'aurait pas soupçonné dans son cas.
Le regard encore sévère, Isai se racla la gorge avant de reprendre :


- Bien que la partie avec ce Kageyama ne m'intéresse pas, j'ai cru tout de même saisir que visiblement ça faisait un moment que tu côtoyais l'équipe de volley puisque Nyaku a parlé d'échanges au téléphone. Depuis quand et qui exactement ? C'est ce garçon ce soir-là ? Tu as esquivé le sujet la dernière fois mais il serait temps que tu sois honnête avec nous. Nous sommes ta famille tout de même.

- Justement, il serait temps que vous vous comportiez comme telle.


Elle répliquait plus calmement que précédemment, hausser le ton avec des mots durs n'allait pas arranger son cas.


- Une famille ça se soutien, ça se fait confiance. Ça ne filtre pas les relations des autres, ça ne cherche pas à tout savoir, tout contrôler. Je ne suis pas H24 sur votre dos alors pourquoi est-ce qu'il y aurait légitimité à être sur le mien ?

- Parce que tu es notre petite sœur, c'est notre rôle de te protéger des personnes toxiques, faire en sorte que tu te concentres sur tes études, qu'il ne t'arrive rien de grave. Je te l'ai déjà dit mais qui sait ce dont les membres du club de volley sont capables. Ce sont des garçons après tout, ils peuvent très vite vouloir t'utiliser, te faire du mal.


S'ils continuaient sur cette voie, elle n'allait pas garder bien longtemps son calme durement retrouvé. C'était une partie de la personnalité de son père qu'elle n'avait hérité. Hitoka avait beau lui dire qu'elle paraissait toujours posée et détendue, elle changerait rapidement d'avis en la voyant maintenant.


- Et je sais parfaitement que ce ne sera jamais le cas. Tu parles sans les connaitre. A t'entendre je sais que tu me vois comme une enfant qui fait une confiance aveugle à tout le monde, incapable de se défendre si quelque chose lui arrive. Et je sais que c'est aussi comme ça que tu me vois Isai, Haru et papa aussi d'ailleurs. Mais je ne suis pas comme ça, je ne le suis plus si ça a un jour été le cas. J'ai seize ans, je suis au lycée. Je n'ai plus besoin de quelqu'un pour me tenir la main partout, je suis autonome et je sais réfléchir. Je sais ce dont j'ai envie et je trouve comment le faire, partager mon temps entre ce qui est important ou non. Ce n'est pas parce qu'on a des amis qu'on néglige ses cours, n'est-ce pas ? Ou alors je devrais remettre en question ta propre vie ?


La pique était un peu gratuite, elle le reconnaissait. Mais si elle savait ce qu'elle voulait dire du fond, elle enchainait les formes pour trouver la plus adéquate.


- Hatori, tu es insolente là, grogna l'autre. Ne compare pas nos deux cas, nous ne sommes pas pareils. Nous sommes des garçons, par définition nous sommes des cibles moins vulnérables. Tu es encore une jeune fille et le monde est cruel pour vous. Tu sais parfaitement ce qui est arrivé à maman...

- Je sais ! l'interrompit-elle. Je le sais parfaitement...


Elle avait craqué.

Elle haïssait quand ils employaient cet argument. Elle ne pouvait rien faire contre quand bien même il était utilisé à tort et à travers. La simple évocation de ce sujet dans ce contexte lui avait fait perdre son calme si durement retrouvé. Tenter de leurs faire comprendre par les cris ne lui servirait à rien, il ne ferait que camper sur leurs positions encore plus longtemps, la jugeant trop immature sur le moment pour prêter attention à ses dires. Et sa réaction venait de foutre en l'air tout ses efforts.

Elle ne serait plus crédible à présent, pourrait dire tout ce qu'elle voudra que cela n'y changerait rien. C'était fini.


- Hatori... soupira Haruno, C'est pour ton bien que l'on s'inquiète autant.

- Mais justement, tenta Nyakusan, c'est pour son bien aussi qu'on ne devrait pas être comme ça. Vous êtes moins souvent à la maison que nous alors vous ne pouvez pas le voir mais Nee-chan sourit tellement plus en ce moment, elle est plus joyeuse, comme lorsqu'on était chez Oba-san et Oji-san avec Tetsuro. Quand on était au collège elle ne disait pas grand-chose parce qu'elle n'avait rien à dire, je faisais fuir tout le monde comme on me le demandait mais quand elle m'a parlé du camp, c'était formidable. Elle a rencontré beaucoup de gens et même si j'étais inquiet et en colère et qu'elle n'a surement pas tout dit, je suis certain que ça lui a plu. C'est... je ne trouve pas les mots...


Elle posa une main tremblante sur l'épaule du plus jeune.


- C'est bon Nyaku, reprit-elle. Rien de plus ne pourra être dit ce soir. J'ai loupé ma chance. Mais si au moins toi tu as pu en tirer quelque chose alors peut-être que ce n'est pas trop mal, conclu-t-elle doucement.


C'était vraiment pour faire bonne figure. Elle voulait vraiment que ça se fasse en une seule discussion, que le débat soit constructif, aboutisse à une amélioration, au mieux une réflexion. Mais tout ne pouvait pas être aussi simple. Au moins son cadet lui avait-il promis et prouvé qu'il avait entendu sa vision des choses et qu'il allait faire de son mieux de son côté pour l'améliorer. Pour le moment elle pouvait au moins s'appuyer là-dessus. Et ça lui permettrait d'être un peu plus détendue la prochaine fois qu'elle voudrait sortir en douce de leur chambre.


- Je vais prendre l'air, c'est ce qu'il y a de mieux je pense. Mangez sans moi, je me ferais un truc en rentrant.

- Sortir à cette heure-ci ? Tu n'es pas sérieuse Tori ! reprit Haruno, qui n'avait visiblement pas capté le sous-entendu.

- Onii-san ! coupa fermement le collégien. Laisse-la être seule. Vous êtes étouffants et j'ai des trucs à vous dire.

- Nya...


Elle n'entendit pas la suite, la porte l'ayant séparé de leurs voix. Une veste, des chaussures enfilées à la vas-vite et elle inspirait déjà à pleins poumons la brise fraiche de la nuit. Les fortes chaleurs n'étaient plus et d'ici quelques semaines l'automne serait là, le temps passait vite. Ça faisait combien de temps déjà qu'elle cherchait l'occasion pour pouvoir leur dire ça ? Elle ne se souvenait plus, tant de fois elle avait cru voir des opportunités mais s'était dégonflée ou l'instant avait été trop bref pour le saisir. Son père était en déplacement la majorité du temps, Ichi ne vivait plus avec eux, Haruno et Isai avaient la faculté à Sendai et restaient parfois dormir chez des amis là-bas pour ne pas faire l'aller-retour. Il ne restait que Nyakusan et il n'était pas le plus étouffant, au contraire.

Depuis qu'elle lui avait offert le tableau il l'encourageait sans cesse. Ça lui faisait du bien. Et elle était sûre qu'il serait ravi de rencontrer les garçons du club de volley. Il allait surement jouer avec eux l'année prochaine, il pourrait déjà approcher ses futurs coéquipiers et voir quelles bonnes personnes ils étaient.

Et tout ce qu'il lui avait dit ce soir, elle ne l'aurait jamais imaginé. Cacher ses changements d'humeurs et d'habitude aurait tenu du miracle compte tenu du fait qu'ils partageaient leur chambre et se croisaient souvent dans la maison. Mais le sentiment qui l'habitait en ce moment était indescriptible. Elle n'était pas simplement soulagée, inquiète ou emplie de regrets. Elle se voulait confiante envers lui, l'avenir. Il était évident que tout ne serait pas parfait en une fois, il y aurait forcément des moments où un mot lui échapperait, où elle hésiterait à lui faire part de quelque chose mais puisqu'il voulait y croire alors elle en ferait de même. Et concernant leurs ainés, elle chasserait ces pensées pour ce soir. Se concentrer sur le positif, ravaler les larmes, souffler dans l'air frais de la nuit.

Puisque la discussion avait coupé court il n'y avait pas de raisons que les prochaines se passent aussi mal, n'est-ce pas ?


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Hellooooow mes petits aventuriers!

Il fait moche, la journée est triste, et j'en rajoute une couche (ne me remerciez pas :'))

J'ai pas calculé ce timing, c'était pas voulu. Et pour Hatori de même, son timing est assez pourri ce soir là. Mais à présent elle peut compter sur son petit frère pour l'encourager et lui lâcher la grappe aussi, au moins 1 sur 5 :') Et si j'ai résisté au fameux "appel à un ami" dans la nuit, Koushi revient au prochain chapitre, avec quelques touches d'humour ~

Je promet solennellement que mes intentions ne sont pas mauvaises à leur égard, un peu de positif revient mercredi prochain ^^ (D'ici là, je vous partage ma boite de mouchoir pour les fin successives de Heroine Tatsumono, Kaguya-sama - Love is War et SPYxFAMILY qui se finissent en série depuis jeudi)

Déploiement |Haikyuu FF|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant