Half werewolf (terminé)

Chapitre 62 : L'heure est proche

Je ne me souvenais de rien, j'avais l'impression d'avoir reçu un coup. Pourtant, je ne ressentais aucune douleur. Juste un vide. Tout était vide : mon esprit, mon corps, et tout autour de moi. Il n'y avait rien, juste un noir épais qui empêchait de tout voir. Je n'avais même pas l'impression d'avoir un corps, j'avais l'impression de flotter, loin, loin de tout, je n'étais qu'un témoin invisible, invisible et sans importance.

- Aileen ?

Je reconnus la voix de Mme Towell. Je me retournai, du moins mon esprit se retourna, et je la vis. Elle affichait un air triste.

- Je tenais à te dire que je ne t'en veux pas, pas une seule seconde. Tu as tenu ta promesse jusqu'au bout. Tu n'en as plus pour longtemps, et Sam non plus. Bientôt, nous serons réuni. Nous serons en paix. Tu as fait ce que tu as pu, alors profite de tes derniers instants.

- Attendez, je ne comprends pas... De quoi vous parlez ?

Mais elle disparut peu à peu, et le temps que je la rejoigne, il ne restait que ce vide noir. Pourquoi ? Je commençai à ressentir quelque chose... De la tristesse et de la peur ? Mais pourquoi ?

...

J'ouvris les yeux. Je me sentis lourde, et compris que j'avais récupéré mon corps. Celui-ci était endolori et je me demandai où j'étais. Une odeur d'humidité envahissait l'air, et le froid me pétrifiait. Où étais-je ?

Je reçus un flash et tout me revint en mémoire. Sam... Sam ! Où était-il ?

Je tournai la tête brusquement et la tête me tourna. Je me maudis quand je remarquai que j'étais enfermée dans une cage. Comme un animal. Qu'est-ce que... ?

- Eh oui, Mlle Weller. Je vous avais prévenu. J'ai des yeux partout.

La voix venait d'en face de moi. Je fis doucement, cette fois, pour tourner la tête. Je plissai les yeux, tentant d'apercevoir quelque chose, et je distinguai enfin la silhouette d'une femme. Carolyn.

- Vous avez voulu me tromper, mais je vous soupçonnais depuis un moment. Balir a fait du bon travail. 

Balir... Garrick avait raison. Il travaillait bien pour le Gouvernement ! Je fermai les yeux.

- Alors... Tout ça n'était qu'une mascarade...

Ma voix n'était qu'un souffle, pourtant Carolyn semblait m'avoir entendu.

- Oui et non. Nous recherchions bien Sam, mais je savais que vous irez le sauver. Vous êtes aussi têtue que votre père.

J'affichai un rictus. Evidemment que j'étais comme lui.

- Je lui avais demandé de constituer un dossier sur les Xerus, et il pensait pouvoir me tromper en "oubliant" de dire que vous étiez tous les deux issus de cette vieille famille. Quand je mettrai la main dessus, il sera pendu.

Quand... Elle ne l'avait pas eu. Au moins une bonne chose.

- Vous allez être exécuté avec Sam Towell, pour trahison envers votre gouvernement. 

Je m'y attendais, et pourtant ce fut une pointe dans mon coeur. J'avais encore tant de choses à faire, à dire, à découvrir. Et la meute, apprendre à maîtriser mon pouvoir de loup, aider mon père à agrandir son réseau de Résistance... Tout ça, je ne pourrai pas. 

Et Sam... S'ils l'avaient eu, c'était à cause de moi. J'avais servi d'appât. Ils m'avaient suivi. Je me souvins alors de ce que venait de dire Mme Towell, et son air triste. Mon heure est proche...

Alors j'allais mourir et Sam aussi... Après tout ce que j'avais fait, tout ce que nous avions sacrifié...

- Bien entendu, reprit Carolyn, vous ne pourrez voir personne. Profitez bien de votre journée car ce sera la dernière. Adieu, Aileen Weller.

- Attendez... 

Je me redressai du mieux que je pouvais.

- Vous mourrez, vous aussi. À vous aussi, votre heure est proche. Ou du moins, ton heure est proche. Pourquoi continuer à te vouvoyer ? Après tout, c'est la dernière fois qu'on se voit. Laisse-moi te dire une chose, ordure. Tu n'attraperas jamais mon père. Il est bien plus intelligent que toi. Tes ennemis sont plus nombreux et puissants que tu ne le penses. Tu mourras, et ton régime aussi. Bien plus vite que tu ne le penses. Adieu, Carolyn.

- Tu ne sais pas ce que tu dis. 

Ce fut la dernière phrase que j'entendis d'elle. Elle fit demi-tour et disparut. 

Oui, j'allais mourir. Mais je le ferai la tête haute. La mort frappe n'importe quand, et nous n'avons pas toujours le temps de tout découvrir. Mais si je ne le découvre pas, ce sera mon père qui trouvera, je le savais. 

Je savais aussi que mon père ne prendra pas le risque de nous sauver, c'était trop dangereux. Mais il réussira. Le Fondateur et la Résistance gagneront. Ils seront toujours là, pour lutter.

Ces pensées me firent un bien fou. Went, Amy, Mike, ils survivront. Garrick aussi. Ils survivront tous. Même si j'ignorai ce qu'était devenu David.

J'entendis soudain un mouvement de l'autre côté. Je me retournai lentement, et vis une autre silhouette. Je compris aussitôt qui c'était, et aussi qu'il avait tout entendu.

- Sam... Je suis tellement désolée.