Chapitre 53 : Trafic de sang

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Personne ne me suivait, ça ne m'empêchait pas de regarder derrière moi plusieurs fois. Je fonçai le plus vite possible, prenant plusieurs détours, ignorant les odeurs qui me chatouillaient les narines. 

J'étais partie plus tard que d'habitude ce matin, j'avais besoin de plus de sommeil apparemment. Et encore, j'avais forcé mon cerveau embrumé à se réveiller, sinon j'aurais pu rester la journée entière au lit.

Quand j'étais rentrée hier soir, plusieurs minutes après le départ de Went, Amy tentait de calmer Mike, en proie à la colère, puisqu'il n'avait pas pu assister au rendez-vous. 

Je tentai de courir le plus vite possible, comme quand Sam était en danger. Je tentai de me rappeler l'adrénaline que j'avais ressenti, mais rien à faire, je ne parvenais pas à accélérer, ni à sentir cette drôle de sensation.

Quand j'arrivais enfin à la cabane de mon père, je refis le tour et me changeai pour grimper à l'arbre afin de vérifier si j'étais suivie ; ce n'était pas le cas. J'attendis quelques minutes tout de même avant de redescendre, prudente, et de frapper à la porte de la cabane.

Aucune réponse. Nerveuse, je jetai des coups d'œil autours de moi, n'aimant pas être ainsi exposée.

J'allais alors aux fenêtres et toquai, mais toujours rien.

Peut-être qu'ils étaient partis chasser ? Mais non, Sam était sûrement à l'intérieur, mais n'osait pas regarder qui avait frappé.

Soupirant, je reculai et refis le tour de la maison, en espérant que la porte s'ouvre.

À bout de patience, j'allais faire demi-tour, pour revenir plus tard, mais j'entendis un chuchotement :

- Viens vite.

La porte était ouverte. Je me faufilai dans la cabane et refermai la porte derrière moi.

Une faible lanterne éclairait la pièce, qui sans la lumière, serait plongée dans l'obscurité. La pièce n'avait pas changée depuis, et je vis Sam au milieu.

Il semblait légèrement plus pâle qu'avant, sans doute à cause du manque de soleil. Mais sinon il restait le même, avec ses cheveux roux, qui avaient encore poussés depuis la dernière fois que je l'avais vu. J'allais me réfugier dans ses bras, mais j'avais fait à peine quelques pas qu'il recula.

- Non, Aileen. Je te l'ai déjà dit, je ne veux pas prendre le risque...

- Je sais que tu sauras te contrôler.

- Comme la dernière fois ? siffla t-il. 

- Tu étais affamé.

- Qui te dit que je ne le suis pas en ce moment ?

Je soupirai, et décidai de lui donner la raison de ma venue. L'une d'entres elles, du moins.

- Tu sais où est mon père ? Je dois lui parler.

- Il est parti faire des courses, et chercher à manger. Il doit revenir d'ici une heure ou deux, avant de rejoindre sa famille jusqu'à demain.

- Il te laisse seul ?

- Il commence à me faire confiance. Tu veux quelque chose à boire en attendant ?

- Non merci.

J'hésitais à rester ou partir traquer des vampires en attendant. Mais ça faisait longtemps que je n'avais pas vu Sam, et je me rattraperai plus tard.

Sam s'installa sur l'une des chaises et fit signe de m'installer à mon tour.

Je pris la chaise la plu proche, et je le vis se tendre, prêt à reculer au moindre problème.

- Quoi de neuf ? lui demandai-je. Tu peux sortir quand même de temps en temps d'ici ?

- Seulement quelques minutes la nuit. Il y a quelques loups-garous qui sortent la nuit, alors je fais gaffe. 

- Et mon père est pas trop dur ?

- Ca va. Il est déjà sympa de vouloir me garder ici. Mais il m'a bien fait comprendre que si je sors plus longtemps que je le devrais ou que je tuai quelqu'un je serais obligé de sortir.

- Dis, je te peux te poser une question un peu... Indiscrète ?

- Hm ?

- Comment tu fais pour boire ? Je veux dire... Tu m'avais dit l'autre jour que le sang animal te rassasiait à peine ?

- Il existe du trafic de sang. C'est illégal, bien sûr, mais ton père a des contacts, et parvient à en obtenir. C'est un mélange entre du sang humain et du sang animal. Moins bon que le sang humain, mais je m'en contente pour le moment.

- Je ne savais même pas que ça existait...

- C'est fréquent en Angleterre, il faut plus creuser en Amérique.

Soudainement, je sentis ma gorge se serrer. Revoir Sam me faisait du bien, mais la réalité me frappait de plein fouet. Il y avait peu de chances pour qu'il s'en sorte. De nouveau, je ressentis cette drôle de sensation, comme si un lien s'était établi entre nous.

Je pris subitement les mains de Sam. Elles étaient froides. Il tenta de les retirer, mais je les serrai trop fort.

- Sam, je t'en prie. Ne fais pas l'idiot. J'ai besoin de toi. J'ai promis à ta mère de te protéger. Et je... Je ne veux pas que tu meures. Ne m'abandonne pas. Je t'en prie.

- Pourquoi ? Pourquoi risquer ta vie pour moi ?

- J'ai besoin de toi. Je... Je veux qu'on vive ensemble une fois que toute cette histoire sera terminée. On aura une maison, loin d'ici, peut-être en France. Avec un chien et une forêt autours. Je ferai construire ma propre librairie, et je serai la patronne, et toi... Toi, tu serais dessinateur. Un grand dessinateur célèbre.

Il gloussa. 

- Tu me vois vraiment dessinateur ?

- Pourquoi pas ?

- Parce que je dessine comme un pied.

- Tu dessinais avant, non ?

- Ca fait bien longtemps que je n'ai plus rien dessiné.

Plus nous parlions, plus nos voix diminuaient, et plus nous nous rapprochâmes inconsciemment l'un de l'autre. 

- Tu devrais peut-être t'y remettre.

- Peut-être...

Une pensée tout à fait saugrenu me traversa l'esprit. En effet, mon coeur battant à cent à l'heure, j'eus envie de l'embrasser.

Half werewolf (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant