Chapitre 16 : Culpabilité

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- Comment vas-tu ?

- Je vais bien, Davis, ne t'inquiète pas.

- Mais justement je m'inquiète ! Des hommes en costume qui se prennent pour les Men in black débarquent pour prendre mon employée. Et je n'ai presque pas de nouvelles.

Ca faisait trois mois que j'étais à Reftag, et un mois que je n'avais pas vu Sam, ni la petite Eléanor. Tant mieux, cela voulait dire que tout allait bien. J'avais l'impression que mon travail à la bibliothèque appartenait à une autre vie.

- C'est parce-que je suis occupée.

- Et quand je vais te demander en quoi, tu me diras encore que tu ne peux pas me répondre, c'est ça ?

- Davis...

- Aileen, répliqua le bibliothécaire sur le même ton. Et puis, ça devient épuisant de devoir nourrir ton chien.

C'était notre code pour parler de Sam et de Eléanor, ne faisant pas confiance au réseau. La première fois que j'y faisais allusion, Davis a faillit tout faire couler en disant que je n'avais pas de chien, je l'avais coupé en répliquant que "mon chien" était blessé et avait perdu du sang (la première chose qui me passait pas la tête). Au mot sang, Davis avait compris et était rentré dans le jeu.

- Je sais désolée, je soupirai. Mais tu es le seul à qui je fais vraiment confiance, j'ai vraiment peur qu'il lui arrive quoi que ce soit. C'est grâce à toi qu'il va mieux aujourd'hui. Il n'a pas été triste de ne pas me voir ?

Ca aussi, c'était un code pour demander si Sam devait me dire un truc urgent.

- Non.

- Tant mieux.

- Bon, je dois te laisser, Mme Moxous arrive avec pleins de nouvelles romances... À plus tard.

- À plus tard.

Je raccrochai, en poussant un soupir. Davis me manquait. La bibliothèque me manquait. Même Mme Duploy avec tous ses retards et sa naïveté me manquait.

Durant ce dernier mois, je n'avais fait que de chasser tous les jours, encore et encore. Chaque soir je retrouvais la meute qui se décourageait chaque jour de ne pas retrouver Sam. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir de la culpabilité de voir l'air triste de Amy se refléter jour après jour et les épaules basses de Went, l'espoir de revoir leur famille diminuer jour après jour.

- Il sait où on est, avait soupiré Amy. Ce n'est pas possible autrement.

- Je vais en parler à Carolyn, avait répondu Balir, avant que Mike me lance une pique sur le fait que j'aurai pu le prévenir.

Allongée sur mon lit je réfléchissais à tout ça quand quelqu'un frappa à la porte. Went ouvrit la porte, hésitant.

- Entre, je répondis.

Il obéit.

- Je voulais pas, mais j'ai entendu ta conversation avec... Ton ancien patron de boulot, c'est ça ?

- Oui.

- Tu travaillais où avant ?

- Dans une bibliothèque.

- J'imagine que tu as envie d'y retourner.

- Comme vous, je soupirai. On a tous envie de retourner dans notre vie d'avant, et le pire c'est que je ne sais même pas si on pourra y retourner un jour.

- Chris était toujours positif, lui.

Cette allusion à mon père m'énerva. À chaque fois que je disais ou faisais quelque chose, il rapportait tout à lui.

- Sauf qu'aujourd'hui, il est mort, je marmonnai sèchement.

- Désolé. Je ne voulais pas...

- Je sais.

De nouveau, une vague culpabilité m'envahit. C'était mon ami, le seul à être là, en chair et en os.

- Il a disparu, pour moi ça sous-entend qu'il est mort.

- Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Ça se trouve, un jour, il reviendra.



Half werewolf (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant