Chapitre 41 : Comme une drogue

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- Mais ce n'est pas une raison ! Il aurait pu te tuer !

Et mon père jeta un coup d'œil par terre où Sam était assommé depuis une bonne vingtaine de minutes.

- Il serait mort sinon ! Je sais que c'est un vampire et tout, mais... Ca reste Sam. J'ai promis à sa mère de le garder en vie...

- Et tu en fais quoi de la tienne ? Elle est aussi importante. 

Je me contentai de soupirer en tournant la tête vers le fils de Lyn. Le sol ne devait pas être très confortable, et je n'imaginai pas le mal de dos qu'il aura quand il se réveillera.

- Pourquoi tu l'as ramené ici ? Il me met en danger, et tu le sais.

Oh, non. J'avais oublié.

- Je sais, je suis désolée... C'est le seul endroit que j'ai pensé. Il...

- ... Serait mort sinon, je sais, acheva mon père en soupirant.

Une vague de culpabilité m'assaillit. Je le mettais en danger, lui et toute la Résistance. Surtout que c'était lui le Fondateur.

Au même moment, Sam remua sur le sol en gémissant. Il s'assit, l'air vaguement perdu. Je remarquai que sa blessure sur le bras s'était résorbée. Mon père s'était mis en position de défense, prêt à l'immobiliser à la moindre occasion.

J'ignorai mon père et courus droit sur Sam.

- Aileen !

Mais je n'écoutai pas ses protestations. Sam vit le pansement sur mon cou, ses yeux s'écarquillèrent et il me repoussa.

- Ne t'approche pas de moi ! Je... J'aurai pu te tuer !

- Je confirme, gronda mon père.

- M. Weller ? Je... Je suis vraiment désolé... Je ne voulais pas... Je n'arrive pas à...

Ses yeux se remplirent de larmes. Mon père sembla se calmer et marmonna, l'air mal à l'aise :

- C'est bon, calme-toi, elle n'est pas morte. Même si elle le serait si je n'étais pas arrivée à temps. Je sais que tu es un grand ami à Aileen, alors rassure-toi, je ne vais pas te faire de mal. Cela dit, il faut que tu manges, continua t-il en se tournant vers moi. Tu as perdu beaucoup de sang et il faut que tu en récupères.

Il me prépara à manger tandis que je restai silencieuse. Puis, il me posa le tout sur la table.

Je mangeai, sentant la faim m'envahir. Vers la fin du repas, je vis que Sam jetait un drôle de regard à la nourriture.

- Tu en veux ? lui proposai-je. 

Mais il secoua la tête, sans un mot. Mon père s'éclaircit la gorge et demanda :

- Vous pouvez digérer la nourriture humaine ?

Sam sembla surpris d'être interrogé ainsi, mais il répondit :

- Oui, c'est un peu un complément, mais ça ne nous apporte pas grand chose énergiquement. C'est un peu comme vous avec le chocolat. Sauf qu'on n'a pas de goût. Beaucoup ont essayé de manger uniquement de la nourriture humaine, j'ai vu des études là dessus, mais ils ont vite dépéris, et au final, quand il ont voulu reboire du sang, il était trop tard. Ils sont morts.

- Et du sang animal ? demandai-je.

- Ca a le même goût que le sang que l'on goûte quand on est humain. Juste métallique mais sans grand intérêt. À titre d'exemple, si on boit du sang humain, on est rassasié pendant quatre voire cinq jours. Si on veut tenir ce temps là, il faut tuer au moins la moitié d'une forêt. 

- Alors, le sang humain a un goût différent quand on est vampire ?

Il parut mal à l'aise.

- C'est le cas. C'est... Bon. Impossible de vous décrire le goût, mais ça ne ressemble à rien de ce qu'on peut manger étant humain. C'est pourquoi... C'est aussi dur de se contrôler. C'est un peu comme une drogue quand on commence à goûter.

Il rougit, il paraissait vraiment mal maintenant.

- Et le sang du loup garou ? interrogea mon père.

Il semblait, malgré lui, captivé comme moi.

- Il paraît que c'est entre le sang humain et le sang animal. Il y a des cinglés qui ont essayé, je n'en ai jamais bu. Il y en a qui préfèrent ça...

Il eut un frisson.

- Et le mien ? demandai-je, mi-taquin, mi-sérieuse.

- Euh... 

Il hésita avant de répondre, mais devant l'air bienveillant de mon père, il répondit :

- Honnêtement ? Il est meilleur que le sang humain. Ca doit être le mélange loup-garou / humain, mais en tout cas... Et puis, énergiquement parlant, je n'ai jamais senti une énergie aussi grande en moi. C'est pire qu'une drogue. C'est impossible de s'arrêter...

Il se tut, baissa la tête. Il s'en voulait.

- Il doit vraiment être excellent. Mon sang, ironisai-je. À boire à la paille.

Mon père me dévisagea, interloqué, mais Sam, habitué à mon humour, ne put s'empêcher de rire. Je le suivis, et mon père finit par sourire.


Half werewolf (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant