Chapitre 57 : Morceaux de vie

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Davis m'avait rappelé plusieurs fois, et avait laissé plusieurs messages, dont un SMS pour me demander d'au moins écouter les messages parce que c'était urgent. Agacée, j'éteignis mon portable. J'étais énervée contre le monde entier.

J'essayai de me détendre sous la douche, mais quand je descendis et que je croisai Balir qui semblait m'attendre, ma mauvaise humeur revint.

- Je te préviens, je suis pas d'humeur.

- Je sais que tu manigances quelque chose, siffla t-il.

- Ravie de l'apprendre. Je peux aller manger, maintenant ?

Il m'attrapa par le bras, et ses doigts s'enfoncèrent dans ma chair, me faisant pousser un cri de douleur.

- Lâche-moi !

- Tu ne vas pas t'en tirer comme ça. Tu as entraîné ma meute dedans, et un jour je saurai la vérité.

- Quelle vérité ?

Mais mon coup de bluff ne sembla pas fonctionner puisque il plissa les yeux.

- Tu n'es pas nette, Mike avait raison. Quand je saurai ce que tu caches, je te garantis que tu ne t'en sortiras pas comme ça. Ce n'est qu'une question de temps.

- Une menace, vraiment ? Il me semble que ce n'est pas à toi de me menacer. Pas vrai, le membre du gouvernement ?

Je vis que je touchai juste quand je vis la confusion envahir ses traits, et une sorte de peur. Je sentis ses doigts se desserrer inconsciemment, et j'en profitai.

- Tu pensais que ça ne se saurait pas ? Après tout, tu sembles détester Carolyn autant que nous, mais ce n'est qu'une apparence, n'est-ce pas ? En réalité tu bosses depuis le début pour eux. Qu'est-ce que tu veux au juste ? Tu joues les lâches pour rester en sécurité ?

- Tu... Tu ne sais rien...

- Vraiment ? Tu tues tes semblables et tu me menaces ? J'en sais suffisamment pour te détruire ta réputation. Et toi ? Que sais-tu de moi ?

Devant son silence confus, j'en profitai pour me dégager.

- Je m'en doutais. Alors, la prochaine fois que tu oses ne serait-ce que me regarder mal, je crierai sur tous les toits pour qui tu bosses.

Sur ces derniers mots, je passai devant lui et pris mon plateau repas avant de rejoindre les autres membres de la meute. Balir nous rejoignit quelques minutes après, silencieux.

Mike recommença sa litanie habituelle où il me critiquait, mais je n'étais vraiment pas d'humeur. Je ne mangeai presque rien, et finis par rejoindre ma chambre. 

Je me roulai en boule dans mon lit et fermai les yeux. Je me revoyais de retour dans ma maison, en train d'aller à la librairie. Revoyant les clients. Mme Moxous, Mme Swako... Le voisin qui venait parfois nous aider, le saisonnier qui nous avait volé, la cliente qui venait nous apporter des glaces tous les matins. M. Recky qui emmenait toujours sa fille passionnée par les avions.

Tous ces clients qui avaient une histoire, une vie, qu'ils nous laissaient entrevoir, le temps de rentrer, puis de ressortir.

Des morceaux de vie que je ne verrai plus.

La porte s'ouvrit soudain sur Went.

- Viens, il faut que je te montre un truc.

- Je ne suis pas d'humeur. Tu me montreras plus tard.

Il s'assit au bord du lit en soupirant. 

- Aileen, c'est important. On en a pour une seconde. Viens au moins prendre l'air.

- Laisse-moi. Je veux qu'on me foute la paix.

- Dommage, parce que je compte rester ici jusqu'à que tu sortes.

Je me retournai pour ne plus le voir, mais je sentais sa présence.

- Ca t'arrive souvent de penser que tout est foutu du début à la fin ? Que tout ce que tu essayes de construire finit toujours par s'écrouler ? Que tu es pris jusqu'au cou ? Que tu perds tout, toujours et tout le temps, et que rien ne change ?

- Une ou deux fois...

Je sentis son hésitation dans sa voix. Je savais qu'il y a avait des micros dans la pièce, mais je m'en foutais. Je les emmerdai tous.

- Davis m'a rappelé plusieurs fois. Après m'avoir lâchement abandonné, il revient comme une fleur, comme si rien ne s'était passé.

- Tu devrais le rappeler.

- À quoi bon ? Je n'en vois pas l'intérêt. 

- Je sais que tu n'y penses pas un mot, mais on s'en sortira. On attrapera Towell, et on rentrera tous.

- Non, chuchotai-je. Ca va mal finir. Je le sens depuis le début. On était foutu d'avance, et dés le début. Le truc, c'est que c'est trop tard pour faire demi-tour.

Half werewolf (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant