Chapitre 19 : Un pincement au cœur

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Je poussai un cri étouffé. Nous roulions dans la poussière quand mon assaillant s'immobilisa. Je sentis mon instinct prendre le dessus. Cette chose avait peut-être fait du mal à Sam et Eléanor.

Profitant de son moment d'hésitation, je le repoussai et le temps de me retrouver dessus, je m'étais transformé en loup-garou. J'allais planter mes crocs pour lui arracher la tête, mais j'entendis alors la voix d'Eléanor.

- C'est quoi ce bazar ? Ça va Sam ?

Je compris mon erreur quand elle alluma la lumière. Elle hurla, terrifiée, ne me reconnaissant pas. Quant à Sam, ses grands yeux étaient à la fois énervés et effrayés.

- Putain Aileen ! Je croyais que c'était un cambrioleur ! Et tu as failli me tuer !

Je m'écartai de lui, me sentant honteuse alors que je me transformai en humaine.

- Désolée j'ai cru... J'ai cru que tu étais... 

Je ne parvins pas à finir ma phrase.

- Qu'est-ce que tu fous là ?

Je notai qu'il s'était écarté. J'ignorai pourquoi, mais je ressentis de la peine face à sa réaction. Mais je m'attendais à quoi ?  À ce qu'il me saute dans les bras ? Il avait du mal à se contrôler.

Puis je me souvins de la question qu'il venait de poser et je lui racontai tout. Pendant ce temps, il me prépara un repas. Je leur demandai également à mon tour ce qui s'était passé depuis qu'on s'est quitté.

Eléanor me raconta que Sam l'avait porté sur son dos pendant tout le trajet et qu'ils ont mit deux heures, à vitesse de vampire, à atteindre la maison. Que comme ils n'étaient pas au courant que j'avais appelé Davis pour s'occuper d'eux, ils avaient failli le tuer ; heureusement, il n'a même pas été blessé. Qu'il apporte une ration de nourriture, - normal pour Eléanor et du sang qu'on pouvait acheter dans un supermarché spécial vampire, - toutes les semaines pour pas qu'ils sortent.

Ils faisaient également attention à toujours avoir les rideaux tirés pour que personne ne les surprenne, et ne sortaient jamais de la maison. Sam m'assura qu'ils nettoyaient même la maison une fois par semaine et qu'ils ouvraient les fenêtres que la nuit, après avoir bien vérifiés que personne ne pouvait les voir.

Après avoir fini mon repas, je pris une douche et allai me coucher sur un matelas par terre, ignorant les protestations de Sam qui voulait à tout prix que je dorme sur mon lit, occupé par Eléanor "qui pouvait dormir sur le canapé et lui sur le matelas, après tout c'est mon lit", pour reprendre ses mots.


Le lendemain matin, je partis rendre visite à Davis. Je fus surprise quand je vis un homme d'une quarantaine d'années à la caisse.

- Bonjour, excusez-moi, où est Davis Hemplez ?

- Il est dans la réserve, répondit-il en me dévisageant. Vous êtes une amie ? Il ne va pas tarder à sortir.

- Oui, répondis-je. Vous travaillez ici ?

- Oui, je suis là depuis deux mois environ.

Soit peu de temps après que je sois partie. Je sentis un pincement au cœur. Il m'a rapidement remplacée. Mais encore une fois, je pensais à quoi ? Il devait faire marcher la bibliothèque. Alors pourquoi je ressentais l'impression que j'étais de trop ?

- Bon bah merci. Au revoir.

Je commençai à faire demi-tour.

- Attendez ! Vous n'allez pas le voir ? Vous voulez que je lui dise que vous êtes passé ?

- Non merci, ce n'était rien d'important. Au revoir, et bon courage pour le travail.

Mais au même moment, la porte de la réserve s'ouvrit.

- Pat', tu n'aurais pas vu L'Écume des jours... Aileen ?

Je me retournai. Davis était là, et semblait en pleine forme. Il passa une main dans ses cheveux ébouriffés.

- Je vais chercher, lança le caissier en disparaissant dans la réserve.

- Tu es revenu ? Comment ça va ? Je peux m'arranger avec Patrick pour ton travail si tu...

- Non, je ne reste que quelques jours. Une petite pause.

- Oh. Et tu as vu... Hum... Tu sais qui ?

- Oui, je les ai vu. Je voulais juste te dire bonjour. Ah, et tu n'as pas besoin de leur apporter leur ration de nourriture cette semaine, je m'en occupe.

- Ah... Oui, d'accord. Très bien.

L'impression d'être de trop se fit de nouveau ressentir. D'habitude, on se parlait normalement, sans aucune gène. Alors pourquoi était-ce si difficile aujourd'hui ?

- Bon, bah salut, je lançai.

- Salut. Ah, et c'est bon de te revoir.

- Merci.

Je quittai la bibliothèque avec un trou au fond de la poitrine, là où aurait dû se trouver le cœur.


Half werewolf (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant